Le fondateur de Telegram, Pavel Durov, a affirmé avoir refusé la demande d’un gouvernement occidental de « faire taire » les voix conservatrices et anti-occidentales en Roumanie avant les élections.
Pavel Durov a déclaré hier dimanche avoir été contacté par un « gouvernement d’Europe de l’Ouest » pour que ce dernier intervienne dans l’élection présidentielle roumaine.
« Un gouvernement d’Europe de l’Ouest a contacté Telegram pour nous demander de faire taire les voix conservatrices en Roumanie à l’approche des élections présidentielles. J’ai catégoriquement refusé », a écrit Durov sur Telegram.
Dans ce message publié dimanche sur Telegram, il désignait anonymement « un gouvernement d’Europe de l’Ouest », accompagné d’un emoji en forme de baguette de pain. Ceci a laissé entendre que ce gouvernement anonyme était la France, qui voulait utiliser Telegram à des fins politiques pro-occidentales.
« Telegram ne restreindra pas les libertés des utilisateurs roumains ni ne bloquera leurs chaînes politiques. On ne peut pas “défendre la démocratie” en la détruisant. On ne peut pas “lutter contre l’ingérence électorale” en s’ingérant dans les élections. Soit vous avez la liberté d’expression et des élections équitables, soit vous ne les avez pas. Et le peuple roumain mérite les deux », a ajouté Durov.
Y réagissant, le ministère français des Affaires étrangères a rejeté les déclarations de Durov sur X, en indiquant : « Des allégations totalement infondées circulent sur Telegram et X concernant une prétendue ingérence française dans l’élection présidentielle roumaine. »
« La France rejette catégoriquement ces allégations et appelle chacun à la responsabilité et au respect de la démocratie roumaine », a-t-il ajouté.
En Russie, ces explications ne convainquent pas. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a dénoncé une « ingérence directe de la France dans un processus électoral étranger ».
« Ce n’est pas une simple atteinte à la liberté d’expression, c’est une tentative de contrôle politique dans un pays souverain », a-t-elle ajouté.
En outre, l’ambassadeur de Russie à Vienne, Mikhaïl Oulianov, a salué l’attitude de Pavel Durov, qu’il qualifie de « réaction adulte et responsable ».
Ce n’est finalement qu’aujourd’hui, lundi 19 mai, que M. Durov a révélé que le chef de la direction générale de la Sécurité extérieure française (DGSE), Nicolas Lerner, lui avait personnellement demandé de censurer les conservateurs sur sa plateforme avant la reprise controversée de l’élection présidentielle roumaine.
M. Durov, né en Russie et basé à Dubaï, a été arrêté l’année dernière en France dans le cadre d’une enquête sur des délits présumés liés au trafic de drogue et à des transactions frauduleuses associées à l’application. En mars, le fondateur de Telegram, qui a nié tout acte répréhensible, est retourné à Dubaï. Il assure que Telegram restera une plateforme libre, même face aux pressions venues d’Occident.
À noter que les Roumains ont voté dimanche lors d’une élection qui opposait un eurosceptique d’extrême droite, George Simion, à un indépendant centriste et pro-Union européenne, Nicusor Dan.
Finalement, le candidat roumain à la présidence, pro-Union européenne, a remporté les élections et a battu son rival conservateur.
Le résultat du scrutin aura des répercussions importantes sur l’économie roumaine en difficulté et sur l’unité de l’Union européenne.
Ce scrutin a eu lieu près de six mois après l’annulation du premier tour en raison d’une prétendue ingérence russe en faveur du candidat d’extrême droite Călin Georgescu, qui s’est vu interdire de se représenter. Moscou a nié ces allégations.