La proposition controversée du président américain, Donald Trump, de prendre le contrôle de Gaza après avoir délocalisé toute sa population a été rejetée dans la foulée à la fois par les alliés et les adversaires de Washington.
Lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, mardi 4 février, Trump a annoncé que Washington prendrait le contrôle de la bande de Gaza - peut-être avec l’aide de troupes américaines - pour créer une « Riviera du Moyen-Orient ». Il avait suggéré plus tôt que les Palestiniens déplacés pourraient être réinstallés ailleurs.
Ses propos ont suscité dans la foulée une condamnation mondiale ; les alliés européens, l’Arabie saoudite, la Jordanie et l’Égypte ont rejeté le déplacement des Palestiniens et réitéré leurs appels à une solution à deux États.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a appelé à une reconstruction rapide du territoire « sans que les Palestiniens ne partent ».
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a qualifié la proposition de Trump d’« inacceptable », affirmant que le déplacement forcé des Palestiniens de Gaza était quelque chose que « ni nous ni la région ne pouvons accepter ».
« C’est une erreur d’en même discuter. »
Les ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays européens se sont également prononcés contre Trump, notant que le déplacement forcé des Palestiniens est contraire au droit international.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a indiqué : « Je veux être très clair sur ce point : “Gaza est la terre des Palestiniens de Gaza et ils doivent rester à Gaza”.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a exprimé des réserves concernant le plan de Trump en soulignant : “Un déplacement de la population civile palestinienne de Gaza ne serait pas seulement inadmissible et contraire au droit international. Cela conduirait également à de nouvelles souffrances et à de nouvelles haines”.
Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine, a réitéré l’“opposition de Paris à tout déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza, qui constituerait une grave violation du droit international” et un “obstacle majeur à la solution à deux États”.
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a quant à lui, déclaré que la population de Gaza “doit être autorisée à rentrer chez elle, elle doit être autorisée à reconstruire, et nous devons être à ses côtés dans cette reconstruction sur la voie d’une solution à deux États”.
La Russie et la Chine ont également rejeté la délocalisation de la population de Gaza, estimant qu’“un règlement en Asie de l’Ouest n’est possible que sur la base d’une solution à deux États”.
En référence à la proposition de Trump selon laquelle les États-Unis prendraient le contrôle de Gaza, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a souligné : “Les droits légitimes des Palestiniens ne sont pas négociables”.
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) a averti Washington que tout déplacement forcé ou déportation de personnes depuis un territoire occupé viole le droit international.
“Il est crucial que nous avancions vers la prochaine phase du cessez-le-feu, mettre fin à la guerre et reconstruire Gaza, dans le plein respect du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme”, a déclaré le HCDH dans un communiqué.
“Tout transfert forcé ou déportation de personnes depuis un territoire occupé est strictement interdit.”
Lorsque Trump a dit à Netanyahu que Gaza pourrait devenir ‘la Riviera du Moyen-Orient’ où ‘les peuples du monde’ pourraient y vivre, il faisait en effet écho aux commentaires précédents de son gendre Jared Kushner, qui avait déclaré l’année dernière que Gaza avait des ‘propriétés riveraines’ de grande valeur.
Selon Kushner, Israël doit raser au bulldozer une zone du désert du Néguev dans le sud des territoires occupés et y déplacer les Palestiniens pendant qu’il ‘nettoie’ la bande de Gaza.
De même, lors d’un appel téléphonique l’année dernière, Trump aurait demandé à Netanyahu de construire de nouveaux hôtels à partir des décombres de Gaza.