Le président somalien a effectué une visite officielle en Érythrée pour s’entretenir avec son homologue, dans un contexte de tensions dans la Corne de l’Afrique concernant des plans de l’Éthiopie d’accéder à la mer Rouge via un accord controversé avec la région séparatiste du Somaliland, a rapporté le site d'information russe Russia Today.
Le président de l’Érythrée, Isaias Afwerki, et le président de la Somalie, Hassan Sheikh Mohamud, ont eu des discussions approfondies mercredi, se concentrant sur la consolidation des liens bilatéraux et abordant des questions régionales et internationales d’intérêt mutuel.
Les deux dirigeants ont souligné l’importance de la stabilité de la Somalie pour l’ensemble de la région de la Corne de l’Afrique, selon un communiqué du ministère érythréen des Affaires étrangères.
« Assurer et [garantir] la stabilité de la Somalie est essentiel pour une paix et une stabilité régionales durables. À cet égard, les deux dirigeants ont discuté, de manière plus approfondie, des principaux points à l’ordre du jour qui favorisent la réalisation de l’objectif souhaité », indique le communiqué.
Cette visite de deux jours de M. Mohamud qui était la huitième depuis sa réélection en mai 2022 et la quatrième cette année dans le pays voisin d’Afrique de l’Est, intervient à un moment où l’Érythrée a exprimé ses inquiétudes au sujet d’un accord préliminaire que l’Éthiopie et la Somalie ont récemment signé en Turquie pour apaiser les tensions.
Les relations entre l’Éthiopie et la Somalie se sont détériorées depuis qu’Addis-Abeba a conclu un accord avec le Somaliland pour louer son littoral à des fins commerciales et construire une base navale, en échange, semble-t-il, de la reconnaissance de l’indépendance du territoire séparatiste. Selon RT, la Somalie, qui considère le Somaliland comme faisant partie intégrante de son propre territoire malgré sa déclaration d’indépendance il y a plus de 30 ans, a qualifié le pacte du 1er janvier illégal, un acte d’agression et une menace pour sa souveraineté.
Mogadiscio a depuis expulsé les diplomates éthiopiens, dont l’ambassadeur, et ordonné la fermeture de deux consulats.
Cependant, à la suite de discussions menées sous la médiation du président turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara le 11 décembre, les dirigeants des pays en conflit ont convenu de trouver des accords commerciaux pour permettre à l’Éthiopie, pays enclavé, de « bénéficier d’un accès fiable, sûr et durable à la mer et depuis celle-ci, sous l’autorité souveraine de la République fédérale de Somalie ».
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Dans un communiqué conjoint, la Somalie et l’Éthiopie ont convenu d’entamer des négociations techniques d’ici la fin février de l’année prochaine et de les conclure dans un délai de quatre mois.
L’Érythrée, qui s’est séparée de l’Éthiopie en 1993, laissant le deuxième État le plus peuplé d’Afrique sans littoral, aurait critiqué l’accord d’Ankara comme étant « ambigu » et manquant de transparence.
Selon BBC Somali, Abdulkadir Idris, conseiller du ministère érythréen des Affaires étrangères, a prévenu que son pays reconsidérerait ses relations avec la Somalie si elle confirmait que Mogadiscio avait autorisé l’utilisation militaire de ses eaux par le biais de l’accord « précipité ».
« La Somalie est un État indépendant et libre de conclure des accords avec n’importe quel pays. Cependant, nous sommes conscients que les intérêts de l’Éthiopie ne sont pas entièrement transparents », a déclaré Abdulqadir à la chaîne de télévision BBC Somali.
En octobre, la Somalie, l’Érythrée et l’Égypte ont signé un accord de coopération visant à renforcer la sécurité régionale et maritime dans un contexte de méfiance mutuelle à l’égard de l’Éthiopie.