Des centaines de personnalités arabes de premier plan ont demandé au ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, de s’excuser pour avoir « minimisé » et « dissimulé » la guerre d’Israël contre Gaza, affirmant qu’il ne s’agissait pas d’un génocide, car « des millions de personnes n’ont pas été tuées ».
Dans une lettre ouverte, plus de 300 personnalités arabes ont exprimé leur « profonde condamnation » des propos tenus par Lammy au Parlement lundi.
« Les déclarations de M. Lammy minimisent non seulement la gravité de la situation, mais encore, ne respectent pas non plus les normes du droit international, qui classent le ciblage et la destruction systématiques de civils et l’obstruction de l’aide humanitaire comme des indicateurs clairs d’une intention de génocide », peut-on lire dans la lettre, initiée par l’Assemblée arabe en Grande-Bretagne.
Interrogé lundi par le député conservateur Nick Timothy pour clarifier qu’« il n’y a pas de génocide au Moyen-Orient », Lammy a déclaré : « Ce sont, à juste titre, des termes juridiques qui doivent être déterminés par les tribunaux internationaux. »
« Je suis d’accord avec l’honorable gentleman. Ces termes ont été largement utilisés lorsque des millions de personnes ont perdu la vie dans des crises comme le Rwanda, la Seconde Guerre mondiale, l’Holocauste, et la manière dont ils sont utilisés aujourd’hui sape la gravité de ce terme », a-t-il ajouté.
Ses remarques sur l’utilisation du terme « génocide » seulement lorsque des millions de personnes ont été tuées contredisent la politique officielle britannique qui reconnaît que des génocides ont été commis à Srebrenica et contre le peuple Izadi (Yazidi) en Irak.
Les commentaires de Lammy « contribuent à dissimuler l’ampleur des atrocités en cours et, intentionnellement ou non, justifient les violations des normes internationales des droits de l’homme », indique la lettre.
Elle a également appelé le ministre britannique des Affaires étrangères à « retirer immédiatement ses déclarations, à reconnaître la véritable tragédie à laquelle est confronté le peuple palestinien et à soutenir les efforts internationaux visant à tenir Israël responsable ».
« Nous exhortons également le gouvernement britannique et les dirigeants mondiaux à adopter une position décisive en faveur du droit international, de la justice et de la protection du peuple palestinien pendant cette période critique ».
Parmi les signataires de la lettre ouverte figurent Sabah al-Mukhtar, président de l’Association des avocats arabes de Grande-Bretagne, Adnan Hmidan, directeur d’Al-Arab au Royaume-Uni et Mohammed Kazbar, vice-président du Conseil musulman de Grande-Bretagne.
Parmi eux figurent également le président de la Fondation Cordoba, Anas Al-Tikriti, et Firas Abu Hilal, rédacteur en chef du média Arabi 21.
« Un mépris flagrant »
Cela intervient après que Chris Law, un député du Parti national écossais, a critiqué Lammy mardi pour avoir adopté une position qui « diminue et minimise outrageusement la gravité du crime de génocide ».
La déclaration de Lammy « révèle un mépris flagrant pour les droits fondamentaux et la vie même des Palestiniens », a-t-il ajouté.
« Pourquoi semblez-vous avoir un problème avec l’utilisation de tels termes uniquement lorsqu’il s’agit de ce qui est perpétré contre le peuple palestinien et pas contre les autres ? »
Israël a lancé la guerre contre Gaza le 7 octobre 2023, après que le mouvement de résistance palestinien Hamas a mené l’opération surprise Tempête d’Al-Aqsa contre l’entité occupante en réponse à la campagne de sang et de dévastation du régime israélien contre les Palestiniens depuis des décennies.
La guerre génocidaire du régime israélien contre Gaza a jusqu’à présent tué au moins 43 259 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, et en a blessé 101 827 autres. Des milliers d’autres sont également portés disparus et présumés morts sous les décombres.