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Zoom Afrique du 9 octobre 2024

Les titres de la rédaction :

  • Le Burkina Faso veut exploiter directement son or (président Traoré)
  • Le marché africain des jeux vidéo devrait croître de 11,62% par an d’ici 2029 (rapport)
  • Ghana : l’accord du Parlement attendu pour la première mine de lithium
  • Coupe du monde 2030 : le Maroc accélère les projets d’infrastructures de mobilité

 

Les analyses de la rédaction :

1. La Confédération de l’AES boutera le terrorisme hors du Sahel 

Le Centre international de conférences de Bamako (CICB) a abrité, le lundi 7 octobre 2024, la cérémonie solennelle d’ouverture de la Session ordinaire d’octobre 2024 consacrée à l’examen de la Loi de Finances 2025. En plus de ce projet de loi de finances 2025, plus de 30 projets et propositions de loi seront examinés par les membres du Conseil national de transition (CNT). Au cours de cette cérémonie, le Président du CNT, Malick Diaw a fait savoir que la Confédération des États du Sahel atteindra, ses objectifs, qui sont : « le respect de notre souveraineté et bouter le terrorisme hors du Sahel ». 

La cérémonie était présidée par le président du CNT, Malick Diaw, en présence des autres membres du CNT, du Premier ministre, Dr Choguel K Maiga, du Président de l’Assemblée législative de Transition du Burkina Faso, Dr Ousmane Bougounoua, du Représentant du Président de la Grande Assemblée nationale de Turquie ; Orhan Ates, du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens de l’Extérieur, Bakary Yaou Sangaré, et d’autres personnalités. 

Dans son discours, le président du CNT, Malick Diaw a condamné les attaques lâches, et barbares contre les forces de Défense et de Sécurité du Mali. Il a déploré le silence de certaines chancelleries face aux attaques de Tinzawaten, de Barsalogho et de Tillabéry dans l’espace sahel. « La force de frappe et le professionnalisme de nos forces armées sont aujourd’hui des atouts précieux qui nous conduiront au succès escompté. Que les Officiers, sous-officiers, militaires du rang et la haute hiérarchie militaire sachent que le soutien et l’accompagnement des populations que nous représentons au sein des organes législatifs de Transition ne leur feront jamais défaut, dans l’accomplissement de leur exaltante et noble mission de sécurisation des personnes et de leurs biens », a-t-il dit. 

« Notre force, c’est notre peuple ! Nous sommes plus de 70 millions vivant sur une superficie de plus de 2.780 000 km2. Il est le socle sur lequel se bâtiront nos Institutions républicaines. Il est la source dans laquelle nos autorités s’abreuvent. Il est au début, et à la fin de tout processus politique, économique, social, culturel. C’est le corps et l’âme de nos Autorités de Transition », a-t-il dit. Face à ces crises multiples et multiformes qui secouent le monde, le CNT lance un appel à la raison et à la retenue. « Je veux à présent m’adresser à toutes les forces vives de la Confédération des États du Sahel : J’exhorte toutes et tous à continuer à adhérer et à soutenir vigoureusement les efforts multiples déployés au quotidien par les autorités de Transition en cours dans nos pays. Les moments que nous traversons sont certes difficiles, nous le savons, mais nous demeurons convaincus que c’est le prix à payer pour vaincre le terrorisme, dépasser la conjoncture actuelle qui est mondiale et faire du Sahel un espace sécurisé où il fera bon vivre. J’en appelle au patriotisme et au sens de responsabilité individuelle et collective de chacune et de chacun », a conclu le président du CNT, Malick Diaw. 

2. Tshisekedi, la RDC et l’ombre du Rwanda : l’échec diplomatique de Macron au sommet de la Francophonie 

Le 5 octobre dernier s’est clôturé le 19e conclave de la communauté francophone en France, un sommet qui visait à promouvoir la diversité et la sécurité dans l’espace francophone. Pourtant, les véritables enjeux de ce sommet, en particulier ceux liés à la paix et à la stabilité dans certaines régions africaines, ont été cruellement éclipsés. En toile de fond, une crise majeure : celle de l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), un conflit dévastateur auquel la France, sous la présidence d’Emmanuel Macron, semble avoir tourné le dos, au grand dam du président congolais Félix Tshisekedi. 

La guerre dans l’est de la RDC, qui fait rage depuis plusieurs décennies, a été à peine évoquée durant le huis clos des chefs d’État. Pourtant, cette région est ravagée par la violence, avec l’implication directe de groupes rebelles comme le M23, soutenus, selon plusieurs rapports de l’ONU, par le Rwanda voisin. Le soutien du Rwanda à ces milices a plongé la région dans un chaos insoutenable, causant des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés. 

Félix Tshisekedi, président de la RDC, espérait que la communauté internationale, et particulièrement la France, viendrait enfin à la rescousse de son pays. Mais il n’a pas caché son exaspération lorsque Emmanuel Macron, dans son discours au sommet, a soigneusement évité de mentionner cette crise qui affecte pourtant le plus grand pays francophone au monde après la France. En guise de protestation, Tshisekedi a boycotté la deuxième journée du sommet, signalant ainsi son mécontentement face à ce qu’il considère comme une indifférence complice. 

Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il choisi de ne pas aborder directement cette crise congolaise, pourtant brûlante? Certains observateurs estiment que le président français préfère jouer la carte de la prudence, ne voulant pas envenimer une situation diplomatiquement explosive. Mais d’autres voient dans ce silence une forme d’allégeance envers Paul Kagame, président du Rwanda, avec qui Macron entretient une relation ambiguë, oscillant entre admiration mutuelle et pragmatisme politique. 

Macron, au lieu de jouer les médiateurs comme il l’avait promis avant le sommet, a soigneusement évité de se mouiller dans ce dossier, ce qui a profondément déçu les autorités congolaises. Il n’a pas su saisir cette occasion unique de rapprocher les deux ennemis jurés, Tshisekedi et Kagame, pour tenter de désamorcer la crise de l’Est congolais. Ce choix a laissé planer l’idée que la France, plutôt que de soutenir son allié naturel qu’est la RDC, choisit de protéger ses intérêts stratégiques et diplomatiques avec le Rwanda, un petit pays qui, malgré ses violations flagrantes des droits internationaux, bénéficie d’une impunité troublante. 

La réaction de Félix Tshisekedi était plus que compréhensible. Depuis des années, la RDC accuse le Rwanda de soutenir activement les rebelles du M23 dans l’est de son territoire, causant des souffrances indicibles à sa population. Malgré les preuves accablantes et les multiples appels à l’aide, la communauté internationale semble rester sourde à ces appels. 

Le coup de sang de Tshisekedi n’est pas seulement une colère envers Macron, mais une dénonciation globale d’un système international qui privilégie les alliances géopolitiques au détriment de la justice et de la paix. En snobant le reste du sommet, le président congolais a envoyé un message fort : la RDC ne tolérera plus que son sort soit décidé en coulisses, par des puissances étrangères qui ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre la gravité de la situation. 

Le mépris apparent de Macron envers la crise congolaise est d’autant plus troublant que la RDC est un pilier de la francophonie. Avec une population majoritairement francophone, la RDC incarne le futur de cette organisation internationale. Pourtant, son rôle central n’a pas été respecté, et les autorités congolaises se sont retrouvées marginalisées dans les discussions les plus cruciales. 

Il est clair que, si la communauté francophone souhaite réellement s’attaquer aux discours de haine et à l’instabilité dans ses rangs, elle ne peut pas ignorer la tragédie congolaise. Le prochain sommet de la francophonie, prévu au Cambodge en 2026, devra faire face à ces réalités douloureuses. D’ici là, les autorités congolaises continueront à espérer que la crise de l’est du pays ne tombera pas dans l’oubli, et que la France, avec son influence internationale, jouera enfin un rôle constructif dans la résolution de cette guerre interminable. 

L’épisode du sommet de la francophonie démontre la nécessité pour la RDC, sous la présidence de Félix Tshisekedi, de repenser ses alliances stratégiques. Le temps où la France pouvait se poser en protecteur naturel de ses anciens territoires coloniaux semble révolu. Aujourd’hui, la RDC doit chercher de nouveaux partenaires, prêts à réellement l’aider à affronter les défis qu’elle traverse, et non à la reléguer à une simple variable d’ajustement dans des calculs géopolitiques complexes. 

Le président Tshisekedi a montré qu’il était prêt à défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de son pays, même face aux pressions internationales. La question est désormais de savoir si la France, sous Emmanuel Macron, est encore un allié fiable, ou si la RDC devra trouver d’autres partenaires plus soucieux de sa cause dans le concert des nations. 

3. Burkina : vers une souveraineté minière et la fin de l’exploitation des multinationales 

Le Burkina Faso, sous la direction du président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, prend une position de plus en plus ferme face aux multinationales opérant dans le secteur minier. Lors d’une déclaration remarquée, il a exprimé une volonté claire de réaffirmer la souveraineté du pays sur ses ressources naturelles, en particulier sur l’exploitation de l’or, l’une de ses principales richesses. « Je ne comprends pas pourquoi on sait exploiter l’or et on laisse des multinationales venir exploiter notre or. On va le faire nous-mêmes », a-t-il déclaré, manifestant une ambition de restructurer la gestion des ressources minières au profit du Burkina Faso. 

Cette initiative s’inscrit dans une dynamique de rejet du modèle extractiviste traditionnel où des entreprises étrangères, souvent des multinationales, bénéficient des ressources locales au détriment des populations et de l’économie du pays. Ce schéma de dépendance économique, hérité de l’ère coloniale et du néocolonialisme, est aujourd’hui remis en question par des dirigeants africains désireux de reprendre le contrôle de leurs ressources stratégiques. 

Le président Traoré a précisé que toutes les mines d’or du pays sont incluses dans son agenda de réforme. Il a également fait savoir que certains permis d’exploitation attribués à des multinationales seront révoqués au profit d’une exploitation par des structures burkinabè. Parmi ces structures, l’Agence pour la promotion de l’entrepreneuriat communautaire, qui a déjà commencé l’exploitation minière dans la région du Sud-Ouest, est en phase d’expansion et pourrait se voir attribuer de nouveaux permis à mesure qu’elle renforce ses capacités. 

Parallèlement, la Société de participation minière du Burkina (SOPAMIB), une entité nationale récemment mise en place, est déjà opérationnelle et devrait recevoir plusieurs mines pour exploitation. Cette démarche vise à renforcer le contrôle du Burkina Faso sur son propre secteur minier, à générer plus de revenus pour l’État, et à redistribuer les richesses au profit des communautés locales. 

Cette réorientation stratégique s’inscrit dans un contexte plus large de volonté d’autonomie économique et de réduction de la dépendance vis-à-vis des puissances étrangères. Pour le Burkina Faso, comme pour d’autres pays africains qui suivent une trajectoire similaire, il s’agit de réaffirmer leur droit à bénéficier pleinement des ressources présentes sur leur territoire, plutôt que de laisser des acteurs extérieurs en tirer la majorité des profits. 

Ce changement de paradigme, bien qu’audacieux, soulève aussi des défis considérables. La question du savoir-faire technique, des investissements initiaux nécessaires pour développer l’infrastructure minière, et la capacité à sécuriser les sites face aux menaces terroristes restent des obstacles à surmonter. Néanmoins, en décidant de reprendre la main sur ses ressources, le Burkina Faso envoie un message fort : celui de la reconquête de sa souveraineté économique et de la fin de l’exploitation étrangère non régulée. 

Cette approche reflète un vent nouveau qui souffle sur plusieurs pays africains, où les dirigeants cherchent à maximiser les bénéfices pour leur population tout en évitant les pièges du néocolonialisme minier. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV