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Zoom Afrique du 6 septembre 2024

Les titres de la rédaction :

  • La Chine promet plus de 50 milliards $ pour stimuler l'économie africaine
  • Nigeria : un protocole d’accord avec la Chine pour la première université des énergies renouvelables
  • A Madagascar, le gouvernement accélère la mise en œuvre du nouveau code minier
  • RDC : reprise des liaisons ferroviaire et fluviale sur Matadi-Kinshasa-Kisangani

Les analyses de la rédaction :

1. Terrorisme au Mali : Goïta accuse les « forces néocoloniales » 

Le chef de l’État malien a fustigé le néocolonialisme et le terrorisme lors du Forum sino-africain à Pékin, soulignant l’importance pour les pays africains de renforcer leur souveraineté. 

Le Colonel Assimi Goïta, président de la Transition au Mali, a vivement dénoncé le néocolonialisme et la menace terroriste dans la région du Sahel lors du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), qui se tient à Pékin du 4 au 6 septembre 2024. 
Dans son discours, il a rendu hommage à Xi Jinping, le président chinois, réaffirmant les relations solides entre le Mali et la Chine, basées sur des principes de respect mutuel et de bénéfices réciproques. « Les liens entre le Mali et la Chine se renforcent continuellement, dans un contexte mondial où les défis sont nombreux », a déclaré le Colonel Goïta, ajoutant que les relations entre les deux pays reposent sur le respect de la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures. 

Le président malien a également profité de cette tribune internationale pour dénoncer le néocolonialisme sous ses nouvelles formes. « Sous le prétexte de promouvoir la bonne gouvernance, nos États ont été soumis à des diktats qui ont facilité l’exploitation sans retenue de nos ressources. Ces pratiques ont exacerbé les inégalités et freiné notre développement », a-t-il martelé. Il a rappelé l’importance pour les nations africaines de se libérer de ces dynamiques néocoloniales et de consolider leurs propres leviers de souveraineté. 

Citant des exemples, le Colonel Goïta a évoqué la récente attaque à Tinzaouatene, dans le nord du Mali, pour illustrer « comment le terrorisme international est manipulé par des forces extérieure ». « Les récents événements à Tinzaouatene montrent clairement que le terrorisme est cyniquement entretenu, voire encouragé, par des forces néocoloniales qui cherchent à perpétuer leur domination sur notre région sous de nouvelles formes », a-t-il affirmé, soulignant que cette situation démontre la nécessité pour les pays africains de prendre en main leur propre sécurité, notamment à travers des alliances régionales comme la Confédération des États du Sahel (AES), constituée en juillet 2024 avec le Burkina Faso et le Niger. 

Le Colonel Goïta a salué le soutien constant de la Chine pour son « aide précieuse dans la lutte contre le terrorisme et le développement économique ». « Nous exprimons notre profonde gratitude envers nos partenaires sincères, dont la Chine, pour leur soutien crucial dans notre combat pour la stabilité et contre les forces destructrices qui menacent notre région », a-t-il déclaré. 

Le dirigeant malien a également évoqué les réformes récentes entreprises dans son pays, visant à renforcer la gouvernance politique et économique, ainsi que la modernisation des processus électoraux. « La souveraineté nationale, le respect des choix du peuple et la défense de ses intérêts sont désormais au cœur de notre Constitution. C’est dans cet esprit que nous avons adopté des réformes audacieuses pour garantir un développement durable et inclusif », a-t-il ajouté. 

2. Le Burkina Faso refuse des visas à certains diplomates français 

Les décisions de refus de délivrance de visas par le Burkina Faso à des diplomates et responsables français exacerbent le climat de tensions entre ce pays africain et la France, ex-puissance coloniale. 

Dans un contexte de forte détérioration des relations bilatérales, les autorités du Burkina Faso ont refusé des visas à plusieurs diplomates et responsables français, a rapporté le 2 septembre Jeune Afrique, citant une source anonyme. 

Selon le média mainstream Jeune Afrique, le nouveau directeur de l’école française de Ouagadougou et certains gendarmes censés assurer la sécurité du chargé d’affaires français au Burkina Faso se seraient également vu refuser l’entrée dans le pays. 

Par ailleurs, l’ambassade de France au Burkina Faso est également confrontée à une pénurie de personnel : deux conseillers politiques ont été déclarés persona non grata pour «activités subversives» et expulsés du pays en avril 2024, rappelle le média, soulignant qu’ils n’ont jamais été remplacés. 

Dans ce climat de tensions, le Burkina Faso aurait lancé un ultimatum à la France pour déplacer l’ambassade vers un autre lieu, car elle est située à proximité de la résidence du leader du pays et « constitue une menace » pour les autorités de la transition, relate encore Jeune Afrique. 

Selon la source citée par le magazine, si la situation des visas ne changeait pas, « en raison du manque d’employés qui assurent la sécurité de l’ambassade », les Français seraient alors « contraints de quitter » le pays. 

Les relations entre Paris et Ouagadougou se sont fortement dégradées depuis l’arrivée au pouvoir en septembre 2022 du capitaine Ibrahim Traoré, qui a fait de la souveraineté du pays le principe de sa gouvernance, remettant en cause la présence de l’ancienne puissance coloniale. Ainsi a-t-il notamment dénoncé un accord militaire de 1961 avec la France et obtenu le retrait des troupes françaises. 

En décembre 2022, le Burkina Faso avait expulsé l’ambassadeur de France Luc Allade. Son premier conseiller, Philippe Duporge, est depuis à la tête de la mission diplomatique française au pays. Les autorités burkinabè ont expulsé plusieurs diplomates français du pays en 2023 et 2024, et ont également annoncé un changement du statut du français de langue d’État à langue de travail en décembre 2023. 

Plus récemment, fin août dernier, les forces de sécurité burkinabè ont annoncé l’arrestation pour espionnage d’un ancien légionnaire français reconverti en conseiller en sécurité pour une société minière australienne. Quatre agents français avaient été arrêtés en décembre 2023 pour les mêmes raisons. 

Le capitaine Ibrahim Traoré accuse régulièrement la France de «manigancer» avec notamment des pays de la Cédéao contre son pays et également contre le Mali et le Niger. Le 6 juillet dernier, il avait annoncé la création de l’Alliance des États du Sahel (AES), avec le Mali et le Niger, fondée pour contrer l’influence de l’impérialisme dans la région et contrer aussi la Cédéao, une organisation que ces trois pays jugent instrumentalisée par la France, ex-puissance coloniale et son allié les États-Unis. 

3. Le Nigeria, futur nouveau membre de l’AES ? 

Le général Christopher Musa, chef d'état-major des armées du Nigeria, a effectué ce mercredi 28 août 2024 une visite de travail significative au Niger, visant à insuffler un nouveau souffle à la coopération sécuritaire entre les deux pays. Au cours de cette rencontre de plusieurs heures sanctionnée par un communiqué final, les deux nations ont réaffirmé leur engagement à renforcer leur coopération sécuritaire, convenant de reprendre les opérations militaires conjointes, d'intensifier la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre, et de créer un groupe consultatif pour maintenir un dialogue permanent entre leurs armées. Cette réactivation des relations marque une étape déterminante pour consolider la stabilité régionale malgré les tensions passées. 

Dans un communiqué commun, les deux pays ont insisté sur la nécessité de maintenir et d’étendre la coopération existante, notamment en ce qui concerne les opérations militaires conjointes, l’échange de renseignement, et la coordination tactique. L'une des priorités est la sécurisation des frontières pour limiter la prolifération des armes légères, un problème majeur dans la région. Cet accord permet également de renforcer la participation des deux pays dans des initiatives telles que la Force Multinationale Mixte (FMM), une coalition régionale qui lutte contre Boko Haram et d'autres groupes armés terroristes. 

La région du Sahel est gravement affectée par l’activité de groupes armés tels que Boko Haram et Daech. Cette coopération militaire entre le Niger et le Nigéria est cruciale pour contrer ces menaces. Les deux pays, grâce à des opérations conjointes et une meilleure coordination, espèrent contenir la propagation des attaques terroristes qui déstabilisent le Sahel et les zones frontalières. 

En dépit des tensions régionales, cet accord militaire contribue à une stabilisation politique au Niger, récemment confronté à des bouleversements. Le Nigéria a clairement affirmé son engagement à respecter les principes de bon voisinage, réitérant qu'il ne participerait à aucune tentative de déstabilisation de ses voisins. Cette position conforte le Niger, qui peut désormais compter sur un allié solide pour la sécurisation de ses frontières et la lutte contre les insurrections. 

La sécurité étant essentielle pour le développement économique, cette coopération permettra de restaurer la stabilité dans les zones affectées par les conflits armés. Les infrastructures pourront être renforcées, et les échanges économiques entre les deux pays reprendront de manière plus fluide. Cela aura un impact positif non seulement sur le Niger et le Nigéria, mais aussi sur l'ensemble de la région sahélienne. 

Le Nigéria, en tant que grande puissance militaire et économique d’Afrique de l’Ouest, pourrait jouer un rôle clé dans l’Alliance des États du Sahel (AES). Bien que des questions subsistent quant à l'alignement des objectifs du Nigéria avec ceux du Niger, du Mali et du Burkina Faso, l’accord actuel pourrait représenter une opportunité de rapprochement entre la CEDEAO et l’AES. Selon certains analystes, les deux alliances ne sont pas en contradiction, mais pourraient plutôt se renforcer mutuellement à condition bien sûr que la CEDEAO préserve sa souveraineté. 

L’AES, qui se concentre principalement sur la lutte contre l’impérialisme et la sécurité régionale, a ouvert la porte à des coopérations avec d'autres États africains. Le Nigéria, avec sa puissance militaire, serait un partenaire stratégique essentiel pour renforcer cette alliance. Comme le souligne l'analyste nigérien Issoufou Boubacar Kado, le Nigéria a compris qu'il est dans son intérêt de renforcer ses relations avec le Niger, aussi bien sur le plan militaire que diplomatique et économique. 

La relance de la coopération entre le Niger et le Nigéria est une bonne nouvelle pour la région, en proie à des attaques terroristes répétées. Les deux pays concentrent désormais leurs efforts sur une réponse conjointe aux menaces communes. Cet accord pourrait également renforcer la coopération dans d'autres domaines, notamment socio-économiques et judiciaires. 

Cependant, cette collaboration ne se fait pas sans défi. L’avenir de la coopération dépendra de la capacité des deux pays à surmonter les obstacles liés à la diversité des intérêts stratégiques au sein de la CEDEAO et de l’AES. Néanmoins, les dirigeants de ces États semblent avoir pris conscience de l'importance de cette relation stratégique, avec la perspective d'une nouvelle ère de coopération régionale. 

Le nouvel accord militaire entre le Niger et le Nigéria en 2024 représente un pas important vers la stabilisation du Sahel et le renforcement de la sécurité régionale. En s'unissant face à des menaces communes, les deux pays espèrent réussir là où des efforts isolés ont échoué. Cette coopération pourrait également ouvrir la voie à une meilleure entente entre la CEDEAO et l'AES, créant ainsi un cadre plus large de stabilité et de développement pour toute la région. Si ces efforts sont poursuivis de manière sincère et coordonnée, les fruits de cette collaboration pourront être récoltés tant au niveau de la sécurité que du développement économique. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV