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Zoom Afrique du 26 août 2024

Zoom Afrique du 26 août 2024

Les titres de la rédaction :

  • Nigéria : le gouvernement prévoit un mécanisme d’assurance pour les agriculteurs
  • Afrique du Sud : TotalEnergies au cœur d’un précédent sur l’écoblanchiment
  • RDC : la capacité de production de la mine Kamoa-Kakula augmente à 600 000 tonnes/an
  • Burkina Faso : une formation ciblant les entrepreneurs

 

Les analyses de la rédaction :

1. Les Occidentaux complices dans le drame congolais 

En République démocratique du Congo (RDC), le 21 août dernier, les armes ont à nouveau retenti dans le territoire de Masisi. Les rebelles du M23 ont affronté les groupes armés alliés de l’armée congolaise dans des combats d’une violence inouïe. Ces affrontements surviennent alors même que des pourparlers de paix sont en cours à Luanda, en Angola, sous la médiation de Joao Lourenço, président angolais et médiateur de l’Union africaine (UA). Un cessez-le-feu avait été convenu début août, donnant l’espoir d’une paix enfin retrouvée dans l’Est de la RDC, où les hostilités ont repris depuis la fin de 2021, avec l’appui direct du Rwanda, accusé par Kinshasa et épinglé par des rapports des Nations unies de soutenir les groupes armés. 

Cependant, cette énième violation de la trêve ne surprend guère. Comment pourrait-il en être autrement lorsque le M23, acteur central du conflit, ignore délibérément les négociations de Luanda ? Certes, Tshisékédi doit changer de stratégie, mais il est essentiel de reconnaître que le problème dépasse les seules frontières congolaises. 

En effet, ce conflit, qui plonge la RDC dans un cycle infernal de violence, est entretenu par une indifférence coupable des puissances occidentales. Loin de jouer un rôle constructif, ces dernières, par leur silence et leur inaction, semblent cautionner les agissements du Rwanda, pourtant pointé du doigt comme soutien majeur du M23. Ce soutien, à peine voilé, est une preuve de l’hypocrisie de certaines nations qui prônent la paix tout en fermant les yeux sur les souffrances des Congolais. Pendant que la population congolaise endure le pire, les Occidentaux, eux, préfèrent protéger leurs intérêts stratégiques dans la région, sacrifiant la RDC sur l’autel de la realpolitik. 

Tshisékédi se bat sur plusieurs fronts. Outre le conflit armé, il doit faire face à des dissensions internes au sein de son propre parti, affaiblissant ainsi sa position au moment où il a le plus besoin de soutien. Les querelles intestines, alimentées par des ambitions personnelles, ne font qu’aggraver la situation, alors que le pays a besoin d’une unité politique pour affronter les défis auxquels il est confronté. 

Mais au-delà des querelles politiques, il est crucial que la communauté internationale prenne ses responsabilités. Il est temps de dénoncer l’implication du Rwanda dans ce conflit et d’exiger des comptes des puissances occidentales complices. La paix en RDC ne peut être obtenue par des demi-mesures. Elle nécessite une action résolue, une véritable solidarité internationale, et non des mots vides de sens prononcés dans des conférences lointaines. 

La réalité sur le terrain est implacable : des millions de Congolais souffrent chaque jour des exactions commises par les groupes armés, pendant que le monde détourne le regard. Il est urgent que la communauté internationale cesse d’alimenter, par son silence et son inaction, la spirale de violence en RDC. Le peuple congolais mérite mieux que cela. Il mérite la paix, la vraie, et non celle dictée par des intérêts géopolitiques étrangers. Il est temps de mettre fin à cette complicité honteuse et d’agir pour le bien du Congo et de ses citoyens. 

2. L’OTAN: un acteur déstabilisateur en Afrique de l’Ouest 

Les récents événements en Afrique de l’Ouest, marqués par la plainte déposée par les gouvernements du Burkina Faso, du Mali, et du Niger contre l’Ukraine, ont jeté une lumière crue sur les dynamiques géopolitiques complexes qui secouent la région. Unis sous la bannière de la Confédération des États du Sahel, ces pays accusent l’Ukraine de soutenir activement le terrorisme international, aggravant ainsi une situation déjà désastreuse dans une région déchirée par les conflits. 

Dans une lettre conjointe adressée au Conseil de Sécurité des Nations Unies, les ministres des Affaires étrangères de ces trois nations sahéliennes ont dénoncé avec force les déclarations de responsables ukrainiens. Ils voient dans les propos d’Andry Yusov, porte-parole de l’Agence ukrainienne de renseignement militaire, une admission claire de l’implication de l’Ukraine dans les violences survenues en juillet 2024 à Tinzawatène, au Mali. Ces actions, selon eux, constituent non seulement une violation flagrante de la souveraineté des États sahéliens, mais aussi une menace directe pour la paix et la sécurité internationales. 

Cette situation met en lumière une question épineuse : quel est le rôle de l’OTAN dans ces développements inquiétants? L’Ukraine, bien que n’étant pas membre officiel de l’OTAN, bénéficie du soutien politique, militaire et logistique de cette alliance, dans le cadre de son conflit avec la Russie. L’implication présumée de l’Ukraine dans des activités déstabilisatrices en Afrique de l’Ouest ne peut être dissociée de la stratégie globale de l’OTAN, qui vise à étendre son influence géopolitique, y compris sur le continent africain. 

L’OTAN, par son soutien à l’Ukraine, porte une part de responsabilité dans les actions de Kiev. Si les accusations portées par les États sahéliens sont avérées, cela révélerait un usage cynique de l’Afrique comme théâtre secondaire d’une guerre par procuration entre l’Occident et la Russie. Cela rappellerait tristement les méthodes néocoloniales où les puissances étrangères manipulent des conflits locaux pour servir leurs propres intérêts stratégiques, au mépris des vies et des souverainetés locales. 

Les rumeurs d’une enquête en Côte d’Ivoire sur les activités de l’ambassade d’Ukraine à Abidjan renforcent cette inquiétude. L’idée que des éléments terroristes pourraient être formés sur le sol africain avec l’aide ukrainienne, sous l’œil bienveillant de l’OTAN, ajoute une nouvelle dimension à ce que certains perçoivent déjà comme une ingérence étrangère flagrante. L’utilisation présumée de la valise diplomatique pour transporter des pièces destinées à des drones évoque des tactiques de guerre non conventionnelle qui sont loin d’être anodines. 

Ces développements s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à contrer l’influence russe en Afrique, une région où Moscou a gagné du terrain ces dernières années. Les révélations d’un expert ukrainien sur les « projets ambitieux » de Kiev pour diminuer l’influence russe dans six pays africains montrent que l’Afrique est devenue un champ de bataille géopolitique dans lequel l’OTAN, via l’Ukraine, pourrait être impliquée bien plus qu’on ne le pense. 

Si l’Ukraine, soutenue par l’OTAN, est effectivement impliquée dans des activités de déstabilisation en Afrique de l’Ouest, les conséquences pourraient être désastreuses. Les tensions dans le Sahel pourraient s’aggraver, entraînant une spirale de violence qui ne se limiterait pas à cette région, mais qui pourrait s’étendre à d’autres parties du continent, voire au-delà. Cela pourrait également compromettre les relations entre l’Afrique et l’Europe, et alimenter un ressentiment croissant contre ce que beaucoup perçoivent déjà comme un néocolonialisme masqué sous le voile de la coopération internationale. 

Le silence de l’OTAN sur ces accusations ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. L’Alliance, en tant qu’acteur global, a la responsabilité de clarifier son rôle et celui de ses alliés dans cette affaire. Le manque de transparence et la manipulation de la scène internationale ne font qu’accroître la méfiance envers les intentions réelles de l’Occident en Afrique. 

L’Afrique de l’Ouest est-elle en train de devenir un nouveau terrain de manœuvre pour l’OTAN et ses alliés? La question mérite d’être posée alors que les preuves s’accumulent sur une possible ingérence de l’Ukraine dans les affaires sahéliennes. Les gouvernements africains, en dénonçant cette situation, ne font pas que défendre leur souveraineté : ils exposent également les dangers d’une Afrique transformée en champ de bataille pour des intérêts extérieurs. 

Il est urgent que la communauté internationale, y compris l’OTAN, prenne conscience des risques de cette escalade et agisse pour prévenir une nouvelle déstabilisation de la région. Le peuple africain mérite de choisir son propre destin, sans être pris en otage par des conflits géopolitiques qui ne sont pas les siens. 

3. Macron-Néocolonialisme: quand la France ignore l’autodétermination des États sahéliens

Il y a un an, le président français Emmanuel Macron, dans une série de déclarations, avait tenté de justifier les interventions militaires de la France en Afrique, notamment au Sahel. C’était le 23 août 2023, dans un entretien diffusé à grande échelle, il affirmait que sans l’engagement de la France, des pays comme le Burkina Faso, le Mali, et le Niger, qui forment aujourd’hui l’Alliance des États du Sahel, auraient probablement cessé d’exister. Selon lui, l’action française a empêché l’essor du terrorisme à quelques milliers de kilomètres des frontières européennes. 

Ces propos, loin d’être une simple défense des actions françaises, révèlent un mépris profond et une vision paternaliste des États africains. En affirmant que ces nations ne peuvent survivre sans l’intervention française, Macron non seulement minimise les capacités souveraines de ces pays, mais il inscrit ses actions dans une logique néocolonialiste flagrante. Cette position ignore les aspirations des peuples du Sahel à l’autodétermination et leur droit à se libérer de toute ingérence étrangère. 

Macron a qualifié les interventions françaises, telles que les opérations Serval et Barkhane, de succès, soulignant qu’elles ont empêché la création de fief terroriste. Pourtant, les résultats sur le terrain contredisent cette vision. L’insécurité au Sahel n’a fait que croître malgré la présence militaire française. Au lieu de stabiliser la région, ces interventions ont exacerbé les tensions, nourri le ressentiment anti-français et contribué à l’instabilité politique, avec une série de coups d’État militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger, mais des coups d’État souverainiste. 

Ces échecs illustrent les limites de la stratégie militaire adoptée par la France, qui semble plus motivée par la préservation de ses intérêts géopolitiques et économiques que par une réelle volonté de contribuer à la paix et à la stabilité. En réalité, les actions françaises ont contribué à la déstabilisation des États sahéliens, alimentant la montée des groupes armés et renforçant la perception d’une France néocolonialiste, désireuse de maintenir son influence à tout prix. 

Macron reconnaît l’existence d’une crise politique en Afrique de l’Ouest, mais il omet de mentionner la responsabilité des politiques françaises et occidentales dans cette situation. En s’imposant comme le « sauveur » des États africains, la France a, en réalité, sapé leur souveraineté, imposé ses propres priorités stratégiques et économiques, et ignoré les besoins réels des populations locales. Les coups de force et les crises sécuritaires actuelles sont, en grande partie, une réaction aux décennies d’ingérence occidentale qui ont empêché ces pays de tracer leur propre voie. 

Les nouveaux régimes sahéliens, souvent issus de coups d’État, sont désormais en rupture avec Paris, ce qui reflète un rejet de cette tutelle étrangère. Le retrait des troupes françaises est perçu par Macron comme un drame pour ces pays, mais c’est surtout la reconnaissance d’un échec flagrant de la politique française en Afrique. En réalité, la véritable tragédie pour ces nations a été la dépendance créée par des décennies d’ingérence française, qui a entravé leur développement autonome et leur stabilité. 

La rhétorique de Macron masque une réalité plus sombre : la politique française en Afrique reste ancrée dans une mentalité néocolonialiste. Sous couvert de lutte contre le terrorisme, la France a cherché à maintenir son influence sur ses anciennes colonies, exploitant leurs ressources naturelles et dictant leur politique intérieure. Les interventions militaires, loin d’être des actes altruistes, s’inscrivent dans une stratégie visant à protéger les intérêts économiques et géostratégiques de la France. 

L’échec de cette politique est désormais manifeste. Les populations africaines rejettent de plus en plus cette domination et réclament la fin de l’ingérence étrangère. Les nouvelles alliances qui se forment au Sahel, en marge de l’influence occidentale, témoignent d’une volonté de se libérer de cette tutelle historique. Le défi pour ces États est désormais de construire des relations internationales basées sur le respect mutuel et la coopération équitable, loin de l’héritage toxique du colonialisme. 

Emmanuel Macron et ses alliés occidentaux doivent comprendre que l’époque du néocolonialisme est révolue. Les peuples du Sahel, comme ceux d’autres régions d’Afrique, aspirent à une indépendance réelle, loin des ingérences étrangères. Les discours paternalistes et les interventions militaires ne feront qu’approfondir le fossé entre la France et ses anciens partenaires africains. 

L’Afrique doit désormais être maîtresse de son destin, libérée de l’ombre pesante des puissances coloniales. Il est temps que les États africains définissent leur propre voie, sans le poids des intérêts étrangers qui n’ont fait que perpétuer leur instabilité. Macron et ses alliés doivent se retirer et permettre à l’Afrique de s’épanouir selon ses propres termes. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV