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L'illustre héritage d'Ismaïl Haniyeh, qu'Israël n'a pas tué, inspire les épris de la liberté

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Wesam Bahrani

L'assassinat lâche du leader du Hamas Ismaïl Haniyeh, après la cérémonie d'investiture du président iranien à Téhéran, ne représente pas une victoire stratégique pour le régime de Tel-Aviv.

Haniyeh avait déjà gagné sa bataille vieille de plusieurs décennies contre l’entité illégitime sioniste. Un voyage qui remonte au jour de sa naissance en exil dans le camp de réfugiés d'al-Shati, dans la bande de Gaza.

Ses parents ont été chassés de leur maison dans ce qui est aujourd'hui connu sous le nom d'« Ashkelon » pour laisser la place aux colons étrangers qui ont saisi et occupé la maison ancestrale de Haniyeh, comme ils l'ont fait pour le reste du territoire.

Néanmoins, le chef du bureau politique du Hamas, assassiné, a travaillé dur pendant ses études universitaires et a gagné le respect de ses pairs grâce à des discours puissants et à des manifestations contre le régime colonial, le droit à un État palestinien et à une identité nationale palestinienne.

Les Israéliens ont réprimé et écrasé toutes ces activités de résistance d’une main de fer. Pourtant, Haniyeh se tenait comme un lion, intrépide et inébranlable, bien qu’il ait été arrêté et emprisonné à plusieurs reprises en tant que jeune étudiant militant pro-libération.

Les colons illégaux ont tenté de faire taire Haniyeh, et l’ont arrêté alors qu'il avait 26 ans. Il a été condamné à trois ans de prison dans les années 1980, alors que les abus dans les cachots israéliens étaient plus répandus qu'aujourd'hui.

Haniyeh a ensuite été exilé au Liban, pour ensuite réapparaître dans la bande de Gaza, où il a contribué à la création d'un Parti politique qui allait plus tard se rebaptiser et gagner en popularité sous le nom de Hamas.

Le Mouvement de résistance palestinien, à l’origine de l’opération sans précédent Tempête d’al-Aqsa du 7 octobre 2023, a émergé lors de la première Intifada, alors que les Palestiniens n’avaient que des pierres pour se défendre contre le régime d’apartheid soutenu par l’Occident.

Haniyeh était un homme jouissant de nombreuses qualités rares. Il était résolu et se consacrait uniquement à la lutte pour la libération de la Palestine et de Qods en faveur des musulmans, chrétiens et juifs à prier paisiblement ensemble.

Sa loyauté lui a permis de gravir les échelons du Hamas, commençant comme secrétaire du chef spirituel et fondateur du Mouvement de résistance, Cheikh Ahmed Yassine.

Durant la deuxième Intifada, les Israéliens ont assassiné Cheikh Yassine s’imaginant que leur mission était accomplie.

Son successeur fut rapidement nommé Abdel Aziz al-Rantisi, qui a prédit qu'il ne resterait pas très longtemps dans cette vie (au milieu de la vague d'assassinats israéliens contre les dirigeants du Hamas à l'époque) mais préférerait la mort par un « hélicoptère Apache israélien ».

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Le 23 mars 2004, Rantisi est nommé chef du Hamas dans la bande de Gaza. Un jour plus tard, Rantisi était assassiné par un hélicoptère Apache dans le territoire palestinien assiégé.

C’était une période dangereuse pour le Hamas. Des moments très difficiles. Les dirigeants ont eu du mal à survivre plus de 24 heures au pouvoir. Beaucoup ont été contraints de rompre leurs liens avec le mouvement. Et certains l’ont fait.

Beaucoup d’autres, comme Haniyeh, ont tenu bon et ont ouvert la voie. Il était à Gaza lorsque les bombes pleuvaient sur le territoire. À un moment donné, il sortait d’un immeuble résidentiel bombardé, portant dans ses bras le corps d’un enfant mort dans les rues à la recherche d’une ambulance. 

Il a passé de nombreuses années après 2004 à travailler avec d’autres personnalités de la Résistance sur la voie politique permettant aux Palestiniens de conquérir leur droit à l’autodéfense et à l’autodétermination.

Vingt ans de lutte et de résilience ont suivi. Haniyeh faisait partie de ceux qui ont veillé à ce que la Résistance palestinienne à Gaza devienne beaucoup plus forte qu’en 2004. Et c’est le cas, comme on peut le constater.

Qui aurait pu s’attendre à ce que les Palestiniens franchissent le plus grand « camp de concentration à ciel ouvert du monde » comme ils l’ont fait le 7 octobre 2023 ? Cela a littéralement ébranlé l’édifice vacillant du régime.

Bien qu’il ait passé les dernières années de sa vie en exil, principalement à Doha, Haniyeh est resté un héros pour les Palestiniens et tous les peuples en quête de liberté à travers le monde. 

Alors qu'il rendait visite aux blessés de Gaza dans un hôpital à Doha, il a appris la nouvelle de l’assassinant de ses trois fils et de quatre de ses petits-enfants dans une frappe israélienne. Il a hoché la tête en signe d'approbation et dit : « Allons voir les autres ». Au moins 60 de ses proches ont été tués depuis le 7 octobre 2023.

« Tout notre peuple et toutes les familles de Gaza ont payé un lourd tribut en sang, et je suis l'un d'entre eux », a-t-il réaffirmé  en avril après que ses fils et petits-enfants ont été tués par l'occupation israélienne à Gaza.

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C’est la vie dans laquelle il est né et elle s’est terminée de la même manière : un homme libre qui n’a pas accepté une vie d’humiliation sous un régime illégitime infanticide.

Jusqu’à ses dernières heures, Haniyeh a défendu la cause palestinienne. Il a laissé derrière lui un héritage illustre dont les générations futures pourront s’inspirer. Il n’a pas laissé de vide.

Les Israéliens ont également assassiné le haut dirigeant du Hamas, Saleh al-Arouri, en janvier de cette année.

Cela n’a pas affecté la Résistance palestinienne à Gaza, qui lutte contre la guerre génocidaire israélienne contre les femmes et les enfants, soutenue par les États-Unis.

300 jours se sont écoulés depuis qu’Israël a déclenché la guerre génocidaire et Tel-Aviv est à court d’idées pour vaincre la Résistance palestinienne alors que la moitié de ses chars Merkava ont été détruits par des roquettes palestiniennes.

Il s’agit d’une résistance palestinienne assiégée par terre, par air et par mer, qui lutte contre ce qui est décrit comme l’armée la plus puissante du monde, soutenue par presque tous les États occidentaux.

Des armes sophistiquées et avancées sont envoyées chaque semaine depuis les États-Unis et pourtant les forces d’occupation israéliennes ne parviennent pas à vaincre la résistance à Jabalia ou à Gaza-city, sans parler de toute la bande de Gaza.

Beaucoup sont de Palestiniens qui chercheront à venger la mort en martyr de Haniyeh en suivant sa voie, tout comme Haniyeh qui a suivi la voie de Cheikh Yassine et d’al-Rantisi il y a deux décennies.

Le mouvement ne peut que se renforcer, quel que soit le nombre de ses dirigeants assassinés par les Israéliens.

En fin de compte, les hyènes peuvent danser sur la tombe du lion, mais elles ne peuvent jamais être des lions.

Wesam Bahrani est un journaliste et commentateur irakien.

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)

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SOURCE: FRENCH PRESS TV