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Zoom Afrique du 25 juin 2024

Zoom Afrique du 25 juin 2024

Les titres de la rédaction :

  • Côte d’Ivoire : hausse de 10 % de la production de cultures vivrières en 2023
  • Niger : la société publique du pétrole se lance dans le segment amont
  • Le premier producteur africain d’uranium attire un nouvel investisseur
  • Ethiopian Airlines envisage d’entrer au capital de Fly Gabon

Les analyses de la rédaction :

1. Le Niger reprend ses droits sur ses ressources naturelles 

Les pays membres de l’Alliance des États du Sahel renforcent l’orientation stratégique qui concerne non pas seulement le cadre militaro-sécuritaire et géopolitique, mais également celui de la géoéconomie à l’heure de la nécessité d’un contrôle souverain des ressources nationales et d’un choix de partenaires basé sur les intérêts des pays à qui appartiennent lesdites ressources stratégiques. La toute récente décision du Niger de reprendre le contrôle d’une grande mine d’uranium à un groupe français conforte ces orientations. 

Les autorités du Niger ont retiré le permis d’exploitation d’une grande mine d’uranium, celle d’Imouraren, à la compagnie hexagonale Orano (ex-Areva). Comme le note l’Agence nigérienne de presse (ANP), le ministre des Mines, le colonel Abarchi Ousmane, a notifié au Directeur général d’Imouraren SA, que le terrain couvert par le « Permis Imouraren » fait retour au domaine public et se trouve libéré de tout droit en résultant, en application des dispositions des articles 59 et 61 de l’ordonnance n° 93-16 du 02 mars 1993 portant sur la loi minière. 

Le ministre des Mines a appuyé cette décision du gouvernement nigérien par le fait que le plan d’exploitation proposé dans la lettre du Directeur général d’Imouraren du 26 avril 2024 « ne répondait pas à nos attentes ». Par lettre citée en référence, « vous avez été mis en demeure pour la deuxième fois, de reprendre les travaux d’exploitation dans un délai de trois (3) mois, conformément aux dispositions de la loi minière et à l’étude de faisabilité transmise à l’Administration des Mines et validée par l’État du Niger ». Cette mise en demeure expirait le 19 juin 2024. 

Cette décision du Niger a créé un véritable choc supplémentaire parmi les instruments propagandistes français, qui continuent d’ailleurs à nommer les autorités nigériennes comme celle des deux autres pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) – de « junte », n’arrivant surtout pas à digérer le positionnement pris par les trois nations de la région sahélienne. Le tout après avoir mis à la porte les troupes des régimes de Paris et de Washington. 

Pour revenir aux questions géoéconomiques, le retrait du permis d’exploitation de la mine d’Imouraren à l’hexagonal Orano – conforte également la thèse que les leaderships des trois pays membres de l’AES visent strictement l’indépendance y compris économique. D’autant plus que jusqu’à présent les partenariats économiques avec les intérêts occidentaux étaient tout sauf honnêtes et certainement pas à l’avantage des pays possesseurs des ressources naturelles stratégiques, y compris dans le cas de l’uranium dont le Niger fait partie des plus importants producteurs mondiaux. 

Sinon comment expliquer que le Niger qui était longtemps le principal fournisseur d’uranium à la France et à l’UE, représentant quasiment un quart des livraisons à l’espace européiste, n’ait jamais pu réellement profiter de sa qualité d’un des plus importants exportateurs d’une ressource réellement stratégique, ne serait-ce que sur la base du taux d’électrification du pays ? 

La raison est pourtant simple. Il n’a jamais été dans l’intérêt ni de la France ni de l’Occident dans son ensemble, à proposer un partenariat véritablement gagnant-gagnant. Et du moment que le pays se trouvait sous contrôle occidental, les centrales nucléaires françaises comme autres pouvaient se fournir à très moindre coût en uranium, pendant que le Niger ne pouvait même pas profiter d’une électrification nationale à large échelle. 

Certains pseudo-experts dans le petit espace occidental répondront que les prix de l’uranium avaient connu une baisse significative suite à l’accident nucléaire de Fukushima, au Japon. Et c’est précisément là qu’il faudrait certainement revenir à la question primordiale de la détermination des prix internationaux sur les ressources stratégiques. Des ressources en très large partie se trouvant dans les pays appartenant à la majorité mondiale non occidentale, mais dont les prix continuent à être si souvent fixés dans le petit monde occidental – qui tout en ayant extrêmement besoin de nombre des dites ressources stratégiques, cherche à fixer unilatéralement la formation des prix et les règles de commercialisation. 

C’est justement en ce sens que les BRICS et les pays du Sud devront fort probablement ensemble créer le cadre nécessaire à la défense des intérêts de la majorité mondiale, à l’instar d’autres actions nécessaires sur le plan géoéconomique – déjà en cours ou à venir. Et pour revenir au Niger et à sa récente décision concernant la mine d’uranium d’Imouraren – il faudrait noter plusieurs points importants supplémentaires. 

Coïncidence ou pas, la décision des autorités nigériennes arrive au moment où le régime de Paris en coordination avec d’autres régimes occidentaux mène une guerre informationnelle et psychologique à l’encontre des pays membres de l’AES. Au cours des derniers jours – c’était d’ailleurs le Burkina Faso qui était particulièrement visé. Dans tous les cas, le coup du Niger fait mal et les réactions dans le monde propagandiste français le confirment amplement. 

Et de deux – comme déjà noté précédemment dans l’analyse d’Observateur Continental, les intérêts économico-commerciaux représentant l’Occident portent bien souvent le même niveau de responsabilité que les régimes politiques auxquels ils sont affiliés. Et aujourd’hui – le plein retour des flammes les touche et les touchera encore. Bien longtemps, lesdits groupes économiques du petit monde occidental pensaient connaître, à l’instar des régimes politiques auxquels ils sont affiliés, le même degré d’impunité et du pratiquement tout permis. Mais chaque chose a une fin. Surtout à l’heure de l’ordre multipolaire international. 

Quant au fait et comme l’affirment les propagandistes français et autres occidentaux – à savoir que l’uranium pourra être livré en quantités plus importantes en France et dans l’espace européiste à partir du Kazakhstan – premier producteur mondial – en remplacement des pertes subies au Niger – évidemment. Sauf qu’il faudra y payer le prix net du marché, tout en tenant compte que la liste des clients est loin de se limiter à ceux en provenance du petit monde occidental – la Russie et la Chine étant des partenaires clés du Kazakhstan dans le secteur de l’uranium. En ce qui concerne le Niger – le pays possède légitimement le droit à pouvoir mettre en place les conditions de partenariat dans ce domaine avec les acteurs qui seront prêts à s’y adapter et travailler dans un cadre digne et honnête. 

2. Afrique : Paris prévoit de réduire à quelques centaines d’hommes sa présence militaire 

Deux ans après le départ des troupes françaises des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) qui regroupent le Mali, le Burkina Faso et le Niger, l’Élysée annonce une possible réduction de ses effectifs en Afrique de l’Ouest et centrale à quelques centaines d’hommes, dans le cadre d’un nouveau partenariat annoncé par le président français, Emmanuel Macron. 

Cette annonce fait état d’une réduction de contingents jusqu’à une centaine de militaires restant au Gabon (contre 350 aujourd’hui), une centaine au Sénégal (contre 350), une centaine en Côte d’Ivoire (600 aujourd’hui) et environ 300 au Tchad (1 000 actuellement), d’après deux sources proches de l’exécutif et une source militaire. 

Il sied de noter que, la volonté de Paris n’est pas de libérer le continent africain du joug colonial, cette décision est arrivée à une période à laquelle la France traverse une crise sociopolitique à l’échelle nationale, à cela s’ajoute le refus du peuple d’Afrique de voir les forces armées françaises occupées leurs pays. 

Il y a de cela deux ans, que quelque 1 600 forces françaises ont été installées en Afrique de l’Ouest et au Gabon, ainsi que plus de 5 000 militaires au Sahel, dans le cadre de l’opération dénommée « Barkhane ». Cependant dans le pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), ces troupes françaises ont été poussées vers la porte. Les militaires français ont été jugés non productifs par les autorités de ces États. 

Au début du premier trimestre de cette année, le président français Emmanuel Macron a missionné l’ancien ministre Jean-Marie Bockel pour échanger avec les dirigeants africains sur les nouvelles modalités de la présence militaire française sur leur sol, un camouflet diplomatique, les pays africains sous la menace du terrorisme désirent obtenir du matériel pour faire face à la situation eux-mêmes. 

Selon Karen Barri, professeur et chercheur malien en sciences politiques, le plan Marshall de l’architecture française en Afrique est un signe d’affaiblissement et de déclin de l’ancienne puissance coloniale. Selon lui, l’Afrique, c’est le poumon de la France, sans ce continent, la France est de très loin un géant mondial. « Pourquoi la France réduit-elle son effectif au lieu de partir définitivement ?  

Bien que certains pays d’Afrique ont un passé historique avec la France, la politique française en Afrique n’a point changé, la présence des troupes françaises est un appui de l’influence de la métropole sur le Continent. 

Les empreintes françaises en Afrique et leur visibilité laissent à désirer, la France est sous les critiques constantes des Africains et des opinions de certaines autorités locales. Plusieurs ex-présidents ont ainsi estimé que la France devrait changer son approche vis-à-vis de l’Afrique. Il sied de rappeler que les forces armées françaises sont sur le continent africain pour préserver les intérêts de l’Élysée. 

Les autorités françaises devraient revoir la stratégie de coopération avec les pays d’Afrique. Plus précisément, la politique du paternalisme devrait cesser contre les États qui désirent obtenir leur souveraineté. 

3. Mali : Goïta appelle à accélérer le processus de fin du FCFA 

Le président de la Transition du Mali, le colonel Assimi Goïta, lors d’un discours public le 22 juin, a accusé la France d’imprimer de faux billets de francs CFA, dans le but de déstabiliser l’économie malienne, et a appelé les experts à accélérer le processus d’abandon du franc CFA en tant que monnaie coloniale. 

L’utilisation du franc CFA est désapprouvée par la plupart des Africains de l’Ouest. Créée en 1945, cette monnaie est devenue le symbole de l’influence économique et monétaire de la France sur ses anciennes colonies en Afrique. Pour les habitants du continent, la tendance récente à la pleine souveraineté des pays du Sahel est incompatible avec l’idée d’utiliser une monnaie postcoloniale. 

Lors d’une visite dans la région de Sikasso, le Président de la Transition du Mali a dénoncé l’utilisation de faux billets de francs CFA pour déstabiliser l’économie malienne. Assimi Goïta a appelé à l’abandon de la monnaie coloniale au profit d’une monnaie propre pour le Mali et ses voisins. Il a exhorté les dirigeants de l’Alliance des États du Sahel et leurs experts à accélérer le processus afin de renforcer la souveraineté économique et d’empêcher tout nouveau sabotage et toute manipulation étrangère. 

Selon les experts économiques, les pays africains pourraient envisager de quitter le franc CFA, car il s’agit d’un piège économique qui ne permettra jamais d’atteindre la souveraineté financière. La France a imposé un système monétaire et financier dépendant aux pays africains par le biais du franc CFA, qui constitue un élément de “néocolonialisme monétaire”. 

Plus tôt, en février 2024, le Président de la Transition nigérien, le général Abdourahamane Tchiani, a déclaré que les pays de l’Alliance des États du Sahel étaient prêts à abandonner le franc CFA pour leur souveraineté totale. “La monnaie c’est un signe de souveraineté, nous sommes engagés dans un processus de recouvrement de notre souveraineté totale. Il n’est plus question que nos États soient la vache à lait de la France”, a-t-il affirmé. 

Le rejet du franc CFA était également au cœur de la campagne électorale d’Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye au Sénégal. “Il y a un problème avec cette monnaie et il faut qu’on assume nos responsabilités pour aller vers autre chose”, déclarait mi-mars le nouveau Premier ministre sénégalais. 

Dans un contexte historique, l’utilisation du franc CFA est considérée comme une servitude monétaire que la France a introduite pour maintenir son contrôle sur les économies africaines. Cette situation est favorable à Paris, mais limite le développement économique dans les pays où il est utilisé. Une vision générale du problème dans les pays de l’AES et au Sénégal suggère que la situation doit être revue. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV