TV
Infos   /   Afrique   /   Zoom Afrique   /   L’INFO EN CONTINU

Zoom Afrique du 6 mai 2024

Zoom Afrique du 6 mai 2024

Les titres de la rédaction :

  • Le gouvernement sénégalais augmente la subvention aux intrants agricoles à 197 millions $ en 2024/2025
  • Tanzanie : la récolte d’anacarde a atteint 305 000 tonnes en 2023/2024, son plus haut niveau en 5 ans
  • Ghana : les revenus du propriétaire des mines d’or Bibiani et Chirano ont augmenté de 109 % en un an
  • Angola : le gouvernement dévoile un projet d'interconnexion des 3 corridors ferroviaires nationaux

Les analyses de la rédaction :

1. France-Afrique: la promesse trahie du retour des trésors d'Afrique 

Dans une tribune publiée dans Le Monde le 30 avril 2024, des responsables de musées et de la restitution du patrimoine du Bénin, du Nigeria et du Sénégal ont exprimé leur profonde déception face au report de la loi promise par Emmanuel Macron en 2017 pour faciliter les restitutions d'œuvres d'art africaines. 

"Le report de la loi promise est pour nous un choc", ont écrit Babatunde E. Adebiyi, Fatima Fall Niang et Alain Godonou, déplorant que seuls 27 biens aient été rendus depuis les engagements du président français il y a sept ans. 

En 2017 à Ouagadougou, M. Macron avait affirmé : "Je veux que, d'ici cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique." Cette déclaration, suivie du rapport Sarr-Savoy en 2018, avait soulevé une immense attente chez les pays francophones dont certains trésors majeurs se trouvent encore en France depuis la colonisation.   

Cependant, les critiques du Conseil d'État français sur le projet de loi, révélées par Le Monde, soulignent de nombreux vices juridiques. Le Conseil estime notamment que le projet "contrevient à un principe fondamental" en ne justifiant pas les restitutions par "un intérêt public supérieur". 

"L'intérêt culturel des peuples n'est-il pas un motif impérieux, un intérêt général supérieur ?", s'interrogent les auteurs, citant le Pacte international de 1966 sur les droits civils et politiques ratifié par la France. Ils appellent à "fonder une éthique relationnelle repensée" avec des "commissions scientifiques paritaires" étudiant l'histoire de ces appropriations. 

Le Conseil d'État a également critiqué la "conditionnalité" prévue par le texte, avec une "obligation de présentation au public" des œuvres restituées, perçue comme un contrôle néocolonialiste de la politique culturelle africaine. 

"Depuis 2017, la France n'a restitué que 27 biens, alors que d'autres pays européens se sont engagés dans des restitutions bien plus ambitieuses", regrettent les responsables, évoquant le cas du Nigeria qui a recouvré la propriété de milliers d'œuvres via des accords. 

"La restitution est d'un intérêt supérieur : transmettre notre histoire, éduquer, inspirer nos artistes, développer notre économie, refonder nos coopérations, asseoir notre identité", plaident-ils. "Nous sommes prêts à bâtir avec nos homologues français une éthique relationnelle repensée." 

2. Niger: Washington doit accélérer son retrait  

Alors que les troupes du régime washingtonien doivent se préparer à quitter très prochainement le Niger, la détermination des forces panafricanistes et des alliés dans le cadre de l’ordre multipolaire international – sont en train de donner un coup d’accélérateur au processus concerné. Afin de rappeler qui impose les règles et en vue de donner un message clair à ceux qui pourraient être tentés à vouloir faire une action revancharde. 

Les militaires russes sont entrés dans une base abritant l’armée US au Niger, selon un responsable étasunien – indique Reuters. Ledit représentant washingtonien de la défense, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a déclaré que les forces russes n’étaient pas en contact direct avec les troupes étasuniennes, et utilisaient un hangar séparé sur la base aérienne 101, située à côté de l’aéroport international Diori Hamani – à Niamey, la capitale nigérienne. 

Reuters note également que ce face-à-face entre militaires russes et étasuniens au Niger – arrive à un moment où la rivalité militaire et diplomatique des deux pays est de plus en plus acrimonieuse, notamment dans le cadre du conflit en Ukraine. Et que cela soulève également des questions sur le sort des installations américaines dans le pays après le retrait US. Tout en rappelant que les USA et leurs alliés ont été contraints à retirer leurs troupes de nombre de pays africains – suite à la décision des autorités des pays respectifs à se distancier des gouvernements occidentaux. Outre le départ imminent du Niger, les troupes étasuniennes ont également quitté le Tchad au cours des derniers jours, tandis que les forces françaises ont été expulsées du Mali et du Burkina Faso. 

L’instrument médiatique occidental oublie juste une petite précision importante : les troupes du régime hexagonal – ont été expulsés du Niger aussi, et ce avant la décision d’expulser également les troupes du régime washingtonien. Quant aux raisons de l’arrivée des militaires russes sur la base où se trouve encore des troupes du régime US, il faudrait certainement y voir plusieurs raisons. 

Premièrement, il s’agit d’une réponse des autorités du Niger aux gesticulations précédentes émanant de Washington – à savoir que toute coexistence avec des militaires russes serait impossible. Ainsi le leadership nigérien émet un rappel explicite quant au fait – qu’en terre nigérienne – c’est les Nigériens qui prennent les décisions. Et certainement pas le régime US. Deuxièmement – il s’agirait justement d’un coup d’accélérateur au retrait étasunien – à l’heure où le régime de Washington a indiqué qu’il quittera le pays au cours des prochains mois. Ainsi, il est toujours important à rappeler aux prétendus «exceptionnels» que le calendrier et un deadline de retrait devront être respectés. 

Troisièmement – le positionnement du Corps africain du ministère russe de la Défense face aux forces représentant le chef du camp des nostalgiques de l’unipolarité – sonne comme un avertissement au cas où le régime washingtonien serait tenté à faire des actions irréfléchies. Après tout, il est aujourd’hui admis qu’à l’instar de son vassal hexagonal – le rejet vis-à-vis de Washington à l’échelle du continent africain comme à l’échelle internationale – passe mal pour les concernés et est perçue comme une véritable humiliation pour la minorité planétaire occidentale. 

Confirmant une fois de plus l’analyse récente d’Observateur Continental – à savoir que tôt ou tard l’extrême minorité occidentale – devra apprendre à vivre autrement – face à des peuples représentant la majorité globale et s’affirmant haut et fort comme des partisans résolus de l’ordre multipolaire international contemporain. 

Enfin, et au moment où Washington, à l’instar de Paris, cherche désespérément des endroits pour pouvoir maintenir sa posture néocoloniale en Afrique – il devra sans le moindre doute garder en mémoire – que le rejet subi actuellement au Niger, membre à part entière de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) – alliance qui assume aujourd’hui pleinement son rôle historique dans le cadre non seulement du Sahel, mais aussi de tout le continent africain, en qualité de force largement inspirante pour les panafricanistes et les partisans de la multipolarité – que des situations similaires ne tarderont certainement pas à arriver prochainement à d’autres endroits de sa présence. Et ce – en Afrique comme à d’autres endroits du monde. Y compris là, où Washington pense encore être le «bienvenu». 

3. Burkina: “marre des colons US et français !” 

En réponse à la déclaration conjointe des États-Unis et du Royaume-Uni en lien avec des accusations de « massacres de civils » dans un rapport publié par l’ONG Human Rights Watch (HRW) contre les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), la coordination nationale des associations de veille citoyenne a organisé une manifestation devant l’ambassade des USA au Burkina Faso. C’était ce vendredi 3 mai 2024. 

Devant l’ambassade, le porte-parole de la coordination nationale des associations de veille citoyenne, Soumaïla Nana, a lu une déclaration. 

S’adressant à l’ambassadeur des USA au Burkina Faso, il a affirmé : « C’est avec étonnement et mécontentement que la coordination nationale des associations de veille citoyenne patriotique vous adresse cette lettre ouverte portant sur la publication de la déclaration conjointe de votre pays avec le Royaume Uni exprimant les accusations mensongères d’un prétendu massacre de civils formulé par Human Rights Watch (HRW) contre l’armée burkinabè », a-t-il martelé. 

Soumaïla Nana a renchéri en disant ceci : « mais c’est avec consternation et étonnement que le peuple souverain du Burkina Faso a vu une déclaration des USA et du Royaume Uni accusant notre armée républicaine d’exactions et de massacres sur la base d’une simple déclaration incongrue aux normes judiciaires nationale et internationale de HRW. Le peuple Burkinabè demande aux plus hautes autorités des USA de se fier désormais aux rapports du gouvernement et de la transition à qui, le peuple a placé toute sa confiance. Nous, peuple souverain, exhortons aux USA à se départir des manipulations occidentales menées par la France en qui, le peuple Burkinabè a perdu confiance et a décidé de rompre plusieurs accords bilatéraux avec elle », a-t-il déclaré. 

Il a insisté sur le fait que les populations se tiendront « toujours debout contre toute puissance, qui qu’elle soit, prête à heurter ou à dénigrer nos autorités engagées à fond pour la souveraineté du Burkina Faso », a-t-il averti. 

La coordination nationale des associations de veille citoyenne a conclu en demandant une clarification de la position des autorités américaines suite à la déclaration conjointe et également « l’orientation souveraine » de la Transition. En rappel, le chargé d’affaires de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique au Burkina Faso, Eric P. Whitaker, a été convoqué dans la soirée du jeudi 2 mai 2024 par le ministère des Affaires étrangères. Cette convocation fait suite à la publication d’une déclaration conjointe des USA et du Royaume-Uni reprenant les accusations de massacres de civils, formulées par HRW contre les Forces combattantes burkinabè.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV