Par le rédacteur de Press TV
L'armée yéménite, dans un autre communiqué publié vendredi, a déclaré avoir ciblé deux autres porte-conteneurs – le MSC Alanya et le MSC Palatium III – dans la mer Rouge, qui se dirigeaient vers les territoires palestiniens occupés.
Un missile a bombardé le MSC Palatium III, un porte-conteneurs battant pavillon libérien, près du détroit stratégique de Bab el-Mandeb, à la suite d'une attaque similaire visant Al Jasrah, propriété de la compagnie maritime Hapag-Lloyd.
Un missile a en effet frappé le MSC Palatium III, car « les forces armées yéménites confirment qu'elles continueront d'empêcher tous les navires se dirigeant vers les ports occupés par Israël, de naviguer dans la mer Rouge jusqu'à ce que les organisations internationales apportent la nourriture et les médicaments dont ont besoin nos fidèles frères dans la bande de Gaza», a déclaré le porte-parole de l'armée yéménite, le général de brigade, Yahya Saree, dans un communiqué.
La vague d'attaques de l'armée yéménite contre des navires dans la mer de Rouge se dirigeant vers les territoires occupés ces dernières semaines a déjà contraint de nombreuses compagnies maritimes à suspendre leurs navigations.
Maersk, la plus grande compagnie maritime mondiale, a annoncé vendredi avoir informé tous ses navires qui prévoyaient de passer par le détroit de Bab el-Mandeb de « suspendre leur voyage jusqu'à nouvel ordre ».
La compagnie maritime allemande Hapag-Lloyd a également annoncé sa décision d'arrêter le trafic de tous ses porte-conteneurs via la mer Rouge jusqu'à lundi.
Alors que le Yémen intensifie ses opérations dans la partie stratégique de la mer Rouge, le régime sioniste ressent douleur et anxiété quant à la menace qui plane sur son économie déjà en crise.
Jeudi, l'armée yéménite avait tiré un missile balistique sur un porte-conteneurs traversant le détroit stratégique qui n’avait pas tenu compte des avertissements émis.
Mardi, l’armée yéménite a frappé avec un missile, un pétrolier commercial battant pavillon norvégien alors que le navire se dirigeait dans la mer Rouge vers un port occupé par Israël pour décharger sa cargaison.
L'opération yéménite sur le pétrolier Strinda s'est déroulée à environ 100 kilomètres au nord du détroit de Bab el-Mandeb reliant la mer Rouge et le golfe d'Aden.
Le 4 décembre, l'armée yéménite a pris pour cible deux navires en mer Rouge alors qu'ils tentaient de traverser le détroit de Bab el-Mandeb et de se diriger vers les territoires occupés.
Le détroit de Bab el-Mandeb qui ne mesure que 29 kilomètres de large à son point le plus étroit, est essentiel pour le pétrole et le commerce, car près de 10 % de tout le pétrole échangé en mer y transite ainsi que 1 000 milliards de dollars de marchandises, selon des rapports.
De sévères avertissements yéménites
Dans une série de messages sur X, anciennement Twitter, vendredi, le général de brigade Saree a déclaré que les forces navales de l'armée yéménite avaient mené une opération militaire contre deux porte-conteneurs « MSC Alanya » et « MSC PALATIUM III » alors qu'ils étaient en route vers les territoires occupés.
« Les deux navires ont été pris pour cible après que leurs équipages ont refusé de répondre aux appels des forces navales yéménites ainsi qu'aux signaux d'avertissement », a-t-il déclaré, ajoutant que les forces armées yéménites assurent la sécurité de tous les navires se dirigeant vers tous les ports du monde, à l'exception de ceux-ci qui se dirigent vers les ports occupés par Israël.
« Les forces armées yéménites n'hésiteront pas à cibler tout navire qui violerait les dispositions contenues et les directives posées dans leurs déclarations précédentes », a-t-il écrit dans un avertissement clair.
Il ajoute que l'armée yéménite « s'est engagée à continuer d'empêcher la navigation des navires » se dirigeant vers les territoires occupés « jusqu'à ce qu'assez de nourriture et de médicaments » soient mis à la disposition de la population de Gaza.
Dans un article publié vendredi, le général de brigade Saree a déclaré que les forces navales de l’armée yéménite « avaient mené une opération militaire contre le porte-conteneurs « Maersk Gibraltar » avec un drone.
« L'opération a été lancée lorsque l'équipage du navire a refusé de répondre aux appels des forces navales yéménites », a-t-il noté, ajoutant qu'au cours des dernières 48 heures, les forces armées yéménites avaient réussi à empêcher le passage de plusieurs navires se dirigeant vers les territoires palestiniens occupés.
Mardi, le porte-parole militaire yéménite a tenu une conférence de presse après que l'armée yéménite a officiellement revendiqué la responsabilité d'une opération en mer Rouge, émettant de nouveaux avertissements.
« Les forces navales de l'armée yéménite ont mené une opération militaire qualitative contre le navire norvégien Strinda qui était chargé de pétrole et se dirigeait vers l'entité israélienne. Il a été visé par un missile naval approprié », a déclaré le général Saree.
Il a expliqué que ces derniers jours, l'armée yéménite avait émis plusieurs avertissements aux navires voyageant à destination ou en provenance des territoires palestiniens occupés et que tous avaient tenu compte de ces avertissements et qu’ils avaient rebroussé chemin.
Ce n’a cependant pas été le cas du navire norvégien dont l’équipage, malgré les communications, a ignoré les avertissements répétés, ce qui en a fait une cible légitime.
Saree a décrit la frappe comme une victoire pour les Palestiniens opprimés qui sont actuellement soumis au massacre, à la destruction et au siège dans la bande de Gaza et en réponse aux demandes des Yéménites et d’autres musulmans du monde entier épris de liberté pour tous les peuples.
Il a en outre averti que les forces armées yéménites n'hésiteraient pas à cibler tout navire qui « violerait les termes de nos précédentes déclarations ».
L’économie israélienne touchée
Les opérations navales de l’armée yéménite ont déjà affecté l’économie de l’entité sioniste, dont le commerce international est presque entièrement dépourvu de transports terrestres et dépend des routes maritimes.
Le détroit de Bab al-Mandeb revêt une grande importance stratégique car le commerce maritime s'effectue par ce détroit entre les ports de l'Inde et l'océan Atlantique, c'est-à-dire entre l'Asie et le monde occidental.
Le détroit a la même capacité de transport que le canal de Suez, soit environ 20 000 navires par an, soit plus de 50 par jour, et les deux représentent environ 12 % du commerce mondial et 30 % du commerce de conteneurs, d'une valeur de plus de 1 000 milliards de dollars.
Pour ces raisons, les pays africains de la côte ouest du détroit abritent un grand nombre de bases militaires étrangères, appartenant à la Chine, à la Russie, au Japon, aux États-Unis, au Royaume-Uni, à l'Allemagne, à la France, à l'Italie, à l'Espagne, aux Émirats arabes unis et à la Turquie, sans oublier l'Arabie saoudite.
Pour l'économie du régime israélien, cela revêt une importance encore plus grande, car l'Asie (hors Turquie) représente un quart de ses exportations et un tiers de ses importations, et la majeure partie de ces échanges s'effectue précisément en passant par Bab-el-Mandeb et via le port d'Eilat.
Les minéraux, les phosphates, la potasse et les minerais sont exportés depuis le port d'Eilat vers le monde entier, sans omettre, les importations de bois, de matériaux de construction, de produits alimentaires et d'automobiles.
Environ 2 110 000 tonnes de marchandises sèches, plus de 50 000 EVP (équivalent vingt pieds) et 75 000 véhicules sont traités chaque année dans cette installation, bien que les records atteignent plus de 100 000 véhicules, soit environ 45 % du total des importations de voitures.
Pendant des décennies, le régime israélien a proposé au monde le port d'Eilat comme un canal mer-rail-mer, un pipeline ou même un nouveau canal vers la mer Méditerranée, une alternative au canal égyptien de Suez, et il a eu ces dernières années de grandes ambitions pour son développement.
En 2013, le port a été privatisé, les infrastructures de transport côtières ont été développées et l'enthousiasme pour le projet était perceptible même chez le président américain de l'époque, Donald Trump.
Aujourd’hui, tenter de s’approprier une part des mille milliards du commerce international semble être une chimère, car selon le PDG du port d’Eilat, Gideon Golber, les opérations yéménites à Bab-el-Mandeb ont réduit le trafic portuaire de 80 à 85%.
Le chef du Bureau israélien des transports maritimes, Yoram Ziba, a souligné que cela entraînerait une pénurie de produits et une augmentation significative des prix de plusieurs dizaines de pourcent pour de nombreux produits, dans le monde de l'automobile, de la mode, de l'électricité, des meubles, de l'alimentation, etc.
L’itinéraire alternatif autour de l’Afrique ajouterait trois semaines au temps d’échange commercial au port d’Eilat et augmenterait considérablement le coût du transport, ce qui rendrait les importations plus chères et les exportations israéliennes non compétitives.
Si la situation actuelle perdure à long terme, on estime que l’économie du régime israélien qui représente 50 milliards de dollars par an, dont 20 milliards d’exportations et 30 milliards d’importations, sera menacée.
Capacités maritimes yéménites
Les récentes opérations, menées en signe de solidarité avec le peuple palestinien et la Résistance, ont démontré une fois de plus la prouesse militaire de classe mondiale des forces armées yéménites.
Cette force militaire croissante a été pleinement mise en évidence lors d'un défilé militaire spectaculaire organisé en septembre sur la place Al-Sabeen, dans la capitale Sanaa.
Lors du défilé militaire de l'année dernière, divers missiles navals ont été dévoilés, notamment Hatem, Falaq, Haider, Al-Bahr al-Ahmar, Meraj et Qods 3.
Cette année, cependant, de nouveaux modèles de l'arsenal yéménite ont été dévoilés, comme les missiles navals Rubij, Faleh, Mandab 1, Mandab 2, Asef, Sayyad et Sejjil. Un missile de croisière à longue portée New Qods Z-0 a également été représenté.
Le missile de croisière de haute précision Sejjil fonctionne au combustible solide, transporte une ogive pesant 100 kg et a une portée de 180 km, il est donc capable de toucher n'importe quelle cible dans la mer Rouge.
Un bateau Nazir construit à l’intérieur du Yémen, doté de capacités de manœuvre et équipé d'armes moyennes et de systèmes de défense aérienne, a également été dévoilé.
Plusieurs modèles de drones de combat et de reconnaissance ont aussi été présentés, notamment Rajum, Rased, Qasef K2, Shehab, Mersad-2, Khatif-2, Raqib, Waeed-1, Waeed-2, Sammad-1, Sammad-2 et Sammad-3.
La munition rôdeuse Waeed-2 est particulièrement remarquable car elle a une portée de 2 000 km et une ogive hautement explosive et fragmentée.
Les possibilités de ces drones ainsi que des missiles balistiques, ont été démontrées ces dernières semaines lorsque les forces yéménites ont ciblé le port d'Eilat occupé par Israël et ses environs.
Menace de la coalition anti-Yémen
Après les dernières opérations yéménites contre les navires affiliés à Israël à Bab-el-Mandeb et la mise en œuvre réussie du blocus naval, le régime israélien et les États-Unis se sentent de plus en plus anxieux.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré au président américain Joe Biden que son régime réagirait si les États-Unis ne prenaient pas les mesures appropriées pour arrêter l’armée yéménite.
Les responsables yéménites n’ont pas été impressionnés par ses menaces, le ministre de l’Information du pays, Dhaifullah al-Shami, ayant déclaré que Sanaa était pleinement préparée à tout scénario militaire.
Selon les derniers rapports publiés mercredi, la corvette Sa'ar de classe 6 du régime israélien a été envoyée dans la mer Rouge pour contrer les forces navales yéménites. Mais, l'on peut se demander quel effet elle peut avoir contre l'arsenal yéménite susmentionné.
La réponse américaine aux exigences de Netanyahu ne s'est pas faite attendre, puisque les responsables américains ont annoncé qu'ils négociaient avec plusieurs pays pour créer la plus large coalition navale visant à protéger la liberté de navigation, c'est-à-dire les navires israéliens.
Abdul Malik al-Ajri, membre du bureau politique du mouvement de résistance Ansarallah au Yémen, a vivement réagi à l’annonce américaine.
« Si toutes les flottes navales du monde naviguent vers la mer Rouge et s’y rassemblent, elles n’assureront pas la sécurité d’Israël pas plus celle de ses navires ou encore de ceux qui se dirigent vers ce territoire », a-t-il déclaré.
Al-Ajri a ajouté : « Le seul moyen pour que la paix prévale sur la route maritime stratégique de la mer Rouge est un cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza et la fin de l'agression du régime israélien ».
Le ministre iranien de la Défense, le général de brigade Mohammad Reza Ashtiani, a également qualifié d’insensé le projet américain visant à établir une force opérationnelle maritime en mer Rouge.
Dans un sévère avertissement adressé vendredi aux États-Unis, il a déclaré qu'il n'y avait aucune marge de manœuvre dans la région pour que des étrangers puissent y déployer leurs flottes et leurs forces navales..
« S'ils (les Américains) ont l'intention de commettre un acte aussi stupide, ils seront confrontés à de nombreux problèmes », a prévenu le responsable iranien.