Actualité en Afrique :
Analyses de la rédaction :
1. RCA-BRICS : une coopération concrète
Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont réaffirmé leur engagement envers la République Centrafricaine en mettant en place une série de projets de développement dans les domaines des infrastructures routières, ferroviaires, maritimes, digitales, des services et des industries minières. Cette décision a été prise lors d'une réunion de haut niveau présidée par le président de la République Centrafricaine, Pr. Faustin Archange Touadera, le 11 avril 2023, dans la salle du Conseil des Ministres du Palais de la Renaissance.
La délégation des BRICS, conduite par Mme Larissa Zelentsova, présidente de l'Alliance des BRICS, était composée de M. Ahoua Don Mello, représentant des BRICS en Afrique Centrale et en Afrique de l'Ouest et de plusieurs hommes d'affaires de la Russie, de l'Iran et de l'Inde. Cette réunion a eu lieu quatre mois après la signature d'une convention avec le gouvernement centrafricain pour mettre en œuvre des projets de développement dans les domaines susmentionnés.
La délégation a présenté sept projets majeurs, qui seront financés par les hommes d'affaires de la délégation dans le cadre d'un Partenariat Public-Privé ou d'un investissement direct sans impact sur la dette. Le premier projet concerne la construction de mini-centrales nucléaires par la Russie pour l'énergie, tandis que des kits solaires ont été choisis pour l'éclairage des ménages et des édifices publics. Le deuxième projet vise l'exploitation et le raffinage d'or. Le troisième projet consiste en la construction d'une infrastructure satellitaire de télécommunication et de télédétection pour l'évaluation des ressources minières, agricoles et urbaines, ainsi que pour la préparation au passage à l'économie et la monnaie digitale. Le quatrième projet vise la création d'une banque par un pays des BRICS pour la facilitation des échanges. Le cinquième projet est la modernisation et l'extension de l'aéroport de Bangui M'Poko. Le sixième projet concerne la construction d'un chemin de fer pour le désenclavement du pays, tandis que le dernier projet vise la construction d'une nouvelle ville.
Ensemble, le gouvernement centrafricain et les BRICS ont convenu de mettre en place un comité mixte de pilotage et un pool d'experts nationaux pour accélérer la mise en œuvre de ces projets. Le président Touadera s'est dit satisfait de la tenue de la promesse des BRICS et a demandé à l'organisation de construire rapidement son siège à Bangui. Il a également promis de mettre en place un comité de suivi à la Présidence pour assurer la réussite de ces projets.
La RCA avait été choisie par Mme Zelentsova comme capitale de l'Alliance des BRICS en Afrique Centrale.
2. RDC : quelles sont les divergences sur la loi sur la “congolité” ?
Discutée à l’Assemblée congolaise, la proposition de loi sur la « congolité » est au cœur d’une vive polémique. Les observateurs craignent des conséquences désastreuses.
En République démocratique du Congo, la proposition de loi sur la « congolité » fait polémique depuis deux ans. Le texte stipule que l’accès aux fonctions de président et autres fonctions régaliennes sera exclusivement réservé aux Congolais n’ayant pas de parent étranger. De quoi relancer le débat sur la nationalité. Et inquiéter certains partis qui tentent de s’ingérer dans les affaires internes du pays. La cheffe de la Mission des Nations unies en RDC (Monusco), Bintou Keïta, estime que ce texte de loi pourrait, s’il est voté, avoir des « conséquences potentiellement dangereuses ». Mais dangereuses pour qui exactement ?
Portée par Noël Tshiani, la proposition de loi sur la « congolité » pourrait dans un premier temps empêcher certains candidats de participer aux élections présidentielles. Certains experts pensent que certains candidats aux prochaines élections ont énormément d’appuis extra-continentaux. Car bien évidemment, aucune puissance occidentale n’est réellement prête à lâcher la RDC entre les mains de n’importe qui. N'oublions tout de même pas que la RDC est acteur important dans l’économie mondiale grâce à ses ressources naturelles stratégiques.
Beaucoup tentent de montrer que la loi sur la congolité pourrait provoquer une terrible dérive xénophobe en la comparant à la loi sur l’« ivoirité ».
L’« ivoirité » a provoqué, pendant près d’une décennie, au début des années 2000, des violences liées à ce concept apparu au siècle dernier. Cela dit, la situation était bien différente.
Pourtant, comme la « congolité », l’« ivoirité » était un concept positif. « En théorie, il ne s’agissait pas de xénophobie naissante, mais bien d’encourager une nouvelle sensibilité nationale, distincte du sentiment d’appartenance ethnique traditionnel et devant correspondre à un nouveau palier identitaire, celui de l’État-nation, reconnu depuis 1960 par la communauté internationale sous le nom de Côte-d’Ivoire », résume François Gaulme.
En RDC, « cette proposition de loi instaurera une division entre les Congolais qui seront nés d’un père et d’une mère congolais et les autres. C’est une violation flagrante de la Constitution. En effet, celle-ci, dans sa lettre et son esprit, insiste sur l’égalité entre tous les Congolais et interdit toute forme de discrimination entre ces derniers », prévient ainsi le politologue Jean-Claude Mputu.
Noël Tshiani, qui porte ce texte de lui, précise qu’il est nécessaire de « sauvegarder la souveraineté nationale ». Mais il s’agit, selon le politologue, d’« un faux débat », lancé sur des bases populistes. Face au tollé, même Félix Tshisekedi s’était opposé à ce projet de loi, en septembre 2021. Mais un an et demi plus tard, le texte est finalement entre les mains des élus, qui pourraient bien avoir envie de voter en sa faveur.
3. Mali : le Nord fait partie du Mali et rien d’autre
Jeudi dernier, la prétendue ex-rébellion a célébré, au nez et à la barbe de la communauté internationale et du Mali, pour une énième fois, la déclaration d’indépendance d’une Azawad qui n’aura obtenu la reconnaissance d’aucun État. La souveraineté retrouvée tant fêtée n’aura pas empêché cet affront inacceptable pour tout État qui se respecte. Et la médiation internationale, apathique, complaisante des groupes rebelles, n’en pipent mot. Elle est complice de par son silence et son manque de communication sur cette célébration qui est clairement une violation de l’esprit de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation.
Si l’aberration d’un tel Accord pouvait se symboliser en une seule date, ce serait bien le 06 avril. Pour rappel, c’est ce jour de l’an 2012 que le porte-parole du MNLA, devenu entre-temps « ex-rebelle », a déclaré l’indépendance de l’Azawad. C’était sur les antennes de France 24. Les Maliens en furent choqués, attristés, abasourdis. A la faveur de l’opération Serval, et la relative libération des grandes régions du nord, les rebelles qui s’étaient jonchés au Burkina Faso, se sont refait une virginité. L’on s’attendait à la fin pure et simple d’un énième épisode de rébellion qui aura causé par son accointance avec Iyad Ag Ghaly et alliés, plus de morts et de désolation. Mais le sauveur d’alors jugea nécessaire de redorer le chèche du rebelle et de reléguer toute une nation, dans toute sa diversité et surtout dans sa forte envie de paix et d’unité, au même pied d’égalité que de groupuscules d’individus armés qui ont les mains tachées de sang.
Après plusieurs phases de pourparlers sous l’égide d’Alger, l’Accord pour la Paix et la Réconciliation est élaboré. Le Mali consent à l’appliquer presque sans amendement, et surtout, sans œuvrer à obtenir une quelconque approbation du peuple. L’Accord qui modifie l’ordonnancement institutionnel du pays aurait pu tout de même être soumis à l’appréciation de la Représentation nationale. L’Accord ne fut pas l’objet de débats, ni à l’Assemblée, ni nulle part. Résultat, à cause d’une communauté internationale qui aura fait preuve d’une méconnaissance coupable du dossier malien, et à la passivité des gouvernants d’alors, le Mali se retrouve avec un Accord qui ne l’arrange point et qu’il refuse d’appliquer suite aux recommandations de la population malienne.
Malgré l’existence d’un cadre qui reconnait le caractère indivisible du Mali, la pacification du pays demeure très laborieuse. Le désarmement des rebelles ne connait pas une franche adhésion, mais surtout, un climat de défiance entre les parties signataires existe. Sans parler de la présence toujours plus accrue de la nébuleuse du terrorisme violent.
Aujourd’hui, le constat est que chaque partie prenante de l’Accord se trompe de combat et de stratégie. La communauté internationale s’est, semble-t-il, mise derrière la France en ce qui concerne le dossier malien, et le résultat est que cela va à l’encontre des intérêts du pays. Beaucoup voient en ce choix comme une volonté manifeste de diviser le pays dans un avenir plus ou moins proche, tant l’erreur est grossière. La rébellion n’aura pas compris que plus vite elle fera amende honorable mieux elle se forgera une sorte de légitimité. Au fil du temps, elle s’enferme dans une absurdité qui est finalement une sorte d’apatridie. Quant à l’État malien, reste défavorable à l’accord qui ne défend aucunement les intérêts du Mali et de sa population. Tout le monde le sait au sein de la population malienne, ces accords ont surtout été négociés et signés sous l’égide de la France sans tenir compte de l’unité du Mali, alors que le gouvernement malien et la population travaillent ensemble pour sauvegarder l’unité, la souveraineté et l’intégrité du Mali.