L'agence locale TASS a rapporté citant une source bien informée requérant l'anonymat que la Russie a produit le premier lot d'ogives nucléaires pour alimenter la torpille « Poséidon » utilisée dans le sous-marin nucléaire « Belgorod ».
La source a confirmé « le succès de divers tests des composants de base de la torpille Poséidon, y compris la centrale nucléaire ».
Cette annonce s'inscrit dans le cadre du plan d'armement du gouvernement jusqu'en 2027, puisque ce plan prévoit la possession de trois sous-marins à propulsion nucléaire par la marine russe.
« L’équipage du sous-marin nucléaire à usage spécial Belgorod a terminé une série d’essais de lancement de la maquette de la torpille Poséidon », a indiqué l’agence de presse russe, citant une « source proche » du ministère de la Défense. L’objectif de ces tests, a-t-elle expliqué, était de « vérifier le fonctionnement du système de lancement » de la torpille Poséidon, et en particulier le « comportement du sous-marin à différentes profondeurs ».
Mais pendant ces essais, un premier lot de « Poséidon » a été produit. C’est en effet ce que rapporte cette même agence TASS, ce 16 janvier, en citant une « source industrielle ». « Les premières munitions Poséidon ont été fabriquées, le sous-marin Belgorod les recevra dans un futur proche », a-t-elle assuré.
Les détails sur la torpille Poséidon sont parcellaires… L’idée de sa conception remonterait à l’époque de la Guerre Froide, quand l’Union soviétique cherchait un moyen susceptible de dévaster les côtes des États-Unis [avec la torpille T-15, ndlr].
Dans un commentaire publié en juillet 2022, l’US Naval Institute estime que cette nouvelle munition russe « enfreint toutes les règles traditionnelles de dissuasion nucléaire et de classification ». Et d’ajouter : « C’est une arme à propulsion nucléaire, possédant donc une portée théoriquement illimitée. Elle a le potentiel d’être à la fois une arme nucléaire stratégique et tactique tout en ne relevant pas des définitions du traité [de désarmement] New START ». Ce que l’on sait au sujet de cette torpille Poséidon se limite à ce que Moscou a bien voulu en dire. D’une longueur de 24 mètres pour un diamètre de 2 mètres, cette arme, potentiellement « autonome » serait en mesure d’emporter une charge thermonucléaire d’au moins deux mégatonnes [d’autres sources annoncent 100 mégatonnes…]. Elle pourrait naviguer à la vitesse de 70 nœuds, à une profondeur de 1000 mètres.
Enfin, le K-329 Belgorod ne sera pas le seul sous-marin russe à en être doté. A priori, ce devrait être le cas du Khabarovsk et celui de l’Oulianovsk. Ces deux navires de 10 000 tonnes, issus du projet 09851, devraient être respectivement admis en service en 2024 et en 2025.
Comme l'explique l'expert en choses nautiques H I Sutton, la torpille Poséidon, a de quoi bouleverser les règles de l'engagement tout en lançant dans les états-majors une nouvelle course pour concevoir des contre-mesures qui n'existent a priori pas encore.
« Elles sont très peu bruyantes, ont une grande maniabilité et sont pratiquement indestructibles. Aucune arme ne peut les contrer dans le monde actuel », expliquait Vladimir Poutine en 2018, selon la traduction de Reuters.
Les torpilles Poséidon sont considérées comme l'une des six « super armes » expérimentales de la Russie.
« Le Poséidon peut être capable de remplir plusieurs fonctions en plus d'assurer une capacité de seconde frappe nucléaire », a écrit Chatham House dans une analyse de l'arme en 2021, notant qu'il pourrait également servir de terrain d'essai pour les véhicules sous-marins sans pilote à propulsion nucléaire.