La Russie appelle le Conseil de sécurité de l'ONU à créer une commission chargée d'enquêter sur les violations de la convention interdisant la production ou l'utilisation d'armes biologiques par l'Ukraine et les États-Unis.
« Nous avons demandé une réunion dans deux jours conformément à l'article VI de la Convention sur les armes biologiques », a déclaré mardi 25 octobre la mission russe auprès des Nations unies.
L'ambassadeur de Moscou, Vassily Nebenzia, a fait circuler un projet de résolution avant une réunion prévue jeudi, ainsi qu'« une variété de documents et de preuves qui font la lumière sur la véritable nature des activités biologiques militaires des États-Unis et de l'Ukraine sur le territoire ukrainien ».
La Russie a été forcée d'invoquer l'article VI de la convention pour soulever les questions avec le Conseil de sécurité après que ses enquêtes répétées aient été largement ignorées par Washington et Kiev, qui « n'ont pas fourni les explications nécessaires, ni pris de mesures immédiates pour remédier à la situation », a expliqué Nebenzia.
Peu de temps après l’opération militaire russe en Ukraine le 24 février, son ambassadeur à l'ONU Vassily Nebenzia a affirmé que des laboratoires secrets américains en Ukraine étaient engagés dans une guerre biologique.
Le projet de résolution russe autoriserait le Conseil de sécurité à mettre en place une commission composée de ses 15 membres pour enquêter sur les revendications russes et présenter un rapport au conseil d'ici le 30 novembre et aux parties à la convention lors d'une conférence d'examen à Genève du 28 novembre au 16 décembre.
Moscou a affirmé que les deux parties (Kiev et Washington) avaient mené des recherches biologiques secrètes et conjointes sur le sol ukrainien, déclarant avoir obtenu des preuves incriminantes de ces activités au cours de l'opération militaire en cours. Le ministère russe de la Défense a progressivement rendu publics ces documents par lots depuis mars.
« L'analyse des données prouve le non-respect par les parties américaine et ukrainienne des dispositions » de la BWC, a déclaré Nebenzia.
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Le mois dernier, la Russie a convoqué une réunion des États membres de la BCW (Convention sur les armes biologiques et à toxines, ndlr) à Genève, qui n'a fourni aucun résultat tangible, les délégués de 35 des 89 pays rejetant les affirmations russes ou exprimant leur soutien au type de recherche que les États-Unis et l'Ukraine menaient, selon le département d'État américain. Seuls sept pays ont exprimé leur soutien à la Russie : la Biélorussie, la Chine, Cuba, l'Iran, le Nicaragua, la Syrie et le Venezuela.
À la suite de la réunion, Moscou a proposé des amendements à la Convention sur les armes biologiques et à toxines, proposant trois idées pour renforcer l'accord international historique et le rendre plus juridiquement contraignant pour ses parties. À savoir, la Russie a appelé à des négociations sur un « protocole juridiquement contraignant », un « mécanisme de vérification efficace » et un « comité consultatif scientifique » au sein du groupe.
La Russie a également proposé de rendre les mécanismes de contrôle plus transparents, avec des « mesures de confiance » supplémentaires, suggérant que les participants à la BWC doivent être obligés de déclarer leurs « activités dans la sphère biologique en dehors du territoire national ».
Les États-Unis et l'Ukraine ont rejeté les allégations de la Russie sur les armes biologiques en les qualifiant de désinformation et de théorie du complot. En juin dernier, le Pentagone a publié la « Fiche d'information sur les efforts de réduction de la menace ADM avec l'Ukraine, la Russie et d'autres pays de l'ex-Union soviétique ».
L'armée américaine a affirmé qu'à la suite de l'effondrement de l'Union soviétique, Washington avait « travaillé en collaboration pour améliorer la sûreté biologique, la sécurité et la surveillance des maladies de l'Ukraine pour la santé humaine et animale », en apportant un soutien à « 46 laboratoires ukrainiens pacifiques, établissements de santé, et sites de diagnostic de maladies au cours des deux dernières décennies ».
Ces programmes se seraient concentrés sur « l'amélioration des mesures de santé publique et de sécurité agricole au carrefour de la non-prolifération ».