Actualité en Afrique :
Analyses de la rédaction :
1. Éthiopie : reprise de la guerre au Tigré ?
Après plusieurs mois de silence radio, les médias mainstream annoncent que les combats ont repris entre rebelles du TPLF et l’armée fédérale.
Ce mercredi 24 août, de violents combats ont opposé les rebelles terroristes du Front populaire de libération du Tigré (TPLF) aux forces fédérales éthiopiennes aux abords de la province du Tigré, laissant craindre le retour d’un affrontement de grande ampleur.
L’Éthiopie annonce avoir abattu un « avion chargé d’armes » à destination du Tigré
L’appareil qui a été abattu par l'armée de l'air éthiopienne appartiendrait « aux ennemis historiques voulant affaiblir l’Ethiopie », selon le général Tesfaye Ayalew, chargé des opérations de l’armée éthiopienne
Les autorités éthiopiennes ont annoncé, mercredi, avoir abattu un avion-cargo chargé d’armes, qui avait violé l’espace aérien éthiopien, après avoir survolé le Soudan.
Le général Tesfaye Ayalew, chargé des opérations de l’armée éthiopienne, a déclaré à l’agence de presse officielle « ENA » que l’appareil se dirigeait vers la province du Tigré, située au nord de l’Ethiopie, (à la frontière avec l’Érythrée), qui était sous le contrôle des forces rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (FLPT).
« L’appareil qui a été abattu par l’armée de l’air éthiopienne, appartiendrait aux ennemis historiques voulant affaiblir l’Éthiopie et qui ont soutenu depuis des années le Front de libération du peuple du Tigré », a ajouté le haut gradé de l’armée.
Et d’ajouter : « Toutes les forces de sécurité éthiopiennes sont en état d’alerte et prêtes à protéger la souveraineté du pays contre les attaques terroristes ».
L’avion a été abattu vers 22H00 heure locale près de Humera, localité de la région dissidente du Tigré récemment libérée par l’armée fédérale éthiopienne, selon la même source.
Auparavant, les rebelles du TPLF ont déclaré que la trêve observée depuis mars dernier avait été brisée.
La reprise des combats au Tigré représente un revers majeur pour les efforts de médiation et les opérations humanitaires destinées aux millions de personnes qui souffrent de la faim et se trouvent dans l’indigence.
De plus, le gouvernement éthiopien a ouvert un corridor humanitaire afin que les aides humanitaires arrivent dans la région du Tigré afin d’approvisionner la population tigréenne. Mais le service de communication du gouvernement a annoncé que le TPLF continue d'utiliser l'aide humanitaire reçue au nom du peuple du Tigré à des fins militaires.
Dans un communiqué publié par le Service de communication du gouvernement, le gouvernement condamne fermement le vol de 12 pétroliers et des 570 000 litres de pétrole à l'intérieur de l'entrepôt de l'Organisation mondiale de l'alimentation par le groupe terroriste TPLF à Mekele.
Il a également mentionné que le vol a eu lieu alors que le groupe terroriste se préparait à une autre attaque.
Il a déclaré que le groupe terroriste qui a volé le carburant qui a été amené dans la région pour distribuer les ressources alimentaires et agricoles les plus importantes au peuple du Tigré prouve non seulement que le TPLF est un groupe inhumain qui fait du commerce avec le peuple du Tigré, mais aussi qu'il s'agit clairement d'un crime de guerre et d'une violation du droit international humanitaire.
Dans sa déclaration, il a mentionné que le vol de l'aide humanitaire par le groupe terroriste a été confirmé par le Programme alimentaire mondial et le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires.
Le Service de communication du gouvernement a publié une déclaration complète.
Le gouvernement condamne fermement le vol de 12 camions-citernes et des 570 000 litres de carburant dans l'entrepôt de l'Organisation mondiale de l'alimentation à Mekele par le groupe terroriste TPLF. Le vol a eu lieu à un moment où le groupe terroriste se préparait à un autre attentat.
On sait également que le pillage du carburant humanitaire et de l'aide alimentaire pour les habitants du Tigré hier va être utilisé pour mener à bien l'attaque sur Kobo et ses environs. Comme l'ont confirmé les institutions internationales, outre le vol commis par le groupe terroriste TPLF à Mekele, elles ont également arrêté les travailleurs humanitaires qui ont tenté d'arrêter l'action.
Comme on le sait, le gouvernement a fourni une aide humanitaire ininterrompue par voie terrestre et aérienne en plus des cessez-le-feu individuels afin de garantir que l'aide humanitaire nécessaire parvienne à la région du Tigré.
En outre, on sait que le gouvernement s'est préparé à lancer une aide humanitaire et des services de base au cours des derniers mois pour apporter une solution pacifique au conflit et instaurer la confiance. Cependant, toutes les mesures prises par le gouvernement pour la paix n'ont pas été acceptées par le groupe terroriste TPLF.
Par ailleurs, il y a quelques jours, un membre et sympathisant du groupe terroriste TPLF, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé ; On sait que l'institution internationale a fait de fausses allégations selon lesquelles il y a une pénurie de carburant pour distribuer l'aide humanitaire au Tigré, ignorant le principe de base selon lequel elle doit servir tous les citoyens de manière égale.
Cependant, à la déception de tous les Éthiopiens, l'avertissement de ce gouvernement n'a pas été entendu par la communauté internationale. Des mesures appropriées de responsabilisation n'ont pas été prises contre le groupe terroriste.
Bien au contraire, le groupe terroriste est même encouragé par la Communauté internationale pour ses nombreuses exactions commises contre les tigréens comme le recrutement forcer des enfants au sein du groupe, le massacre des civils qui sont pro-gouvernementaux, le viol en masse, le vol de l’aide humanitaire, etc.
Les organisations d'aide humanitaire devraient tenir compte des preuves qui leur sont présentées et imposer une responsabilité claire au groupe terroriste.
Le gouvernement éthiopien exige que la communauté internationale soit tenue responsable des crimes commis par le groupe terroriste et que l'aide humanitaire qui arrive au Tigré soit utilisée aux fins prévues et qu'elle parvienne au peuple du Tigré.
Le gouvernement est toujours ouvert à une alternative pacifique et exhorte le groupe terroriste TPLF à cesser ses attaques répétées et à venir à des consultations pacifiques.
Cependant, si le TPLF n'accepte pas l'appel à la paix de ce gouvernement, le gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer la souveraineté nationale et la sécurité des citoyens.
Tout comme le terrorisme n'est pas accepté en Occident ou dans le reste du monde, il n'a pas sa place ni en Éthiopie, ni en Afrique !
2. Mali : Les attentes et les défis
Suite au retrait désormais complet de la présence militaire française du Mali, les défis demeurent dans un contexte où l’ancienne métropole coloniale et d’autres régimes occidentaux ne comptent pas relâcher la pression sur le pays, devenu un exemple supplémentaire d’une orientation panafricaniste et pro-multipolaire.
Après neuf ans de présence militaire au Mali, via l’opération Serval puis Barkhane, les derniers militaires français ont quitté le sol malien via la frontière nigérienne. Si beaucoup de Maliens et de nombreux autres citoyens africains ont accueilli très favorablement cette nouvelle, pour autant il est à croire que l’establishment élyséen et occidental ne va lâcher prise et continuera de mettre le maximum de pression sur les autorités maliennes.
Il faut effectivement rappeler que ce retrait s’est effectué à une période d’une montée sans précédent des sentiments anti-occidentaux sur le continent africain, bien qu’il soit important de rajouter que ce rejet de l’Occident ne se traduit pas, à la différence marquante de certains régimes atlantistes d’Europe de l’Est à l’encontre de leurs voisins – par une quelconque haine vis-à-vis des ressortissants de pays occidentaux. Sagesse malienne et africaine oblige.
Cela se déroule également alors que le Mali a saisi l’ONU et accusé la France de soutenir les terroristes. Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop avait notamment indiqué que le gouvernement du Mali dispose de plusieurs éléments de preuve que les violations flagrantes de l’espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel, ainsi que dans l’objectif de leur larguer des armes et des munitions.
Dans cette optique, il est fortement à croire que les tentatives de déstabilisation par Paris et d’autres capitales occidentales du Mali ne s’arrêteront pas dans un avenir proche, malgré leur échec flagrant dans la prétendue lutte antiterroriste et dans leurs multiples tentatives de faire tomber un pouvoir légitime, soutenu par une large majorité de citoyens maliens.
En ce sens, le cas de la République centrafricaine devrait simplement nous rappeler qu’avant que le pays retrouve une relative stabilité, en faisant asseoir l’autorité de l’État sur l’écrasante partie du territoire national, le pays a dû faire face à d’innombrables défis posés par l’ancien colonisateur, en association avec d’autres régimes occidentaux. Le combat ne fut pas facile, mais il fut remporté par le pouvoir et le peuple de Centrafrique grâce à la détermination conjointe et aux choix stratégiques qui se sont avérés être justes.
Le Mali doit donc être préparé à un scénario similaire en ce qui le concerne. À savoir poursuivre la lutte antiterroriste de manière efficace et déterminée, maintenir l’orientation panafricaine de sa politique régionale et continentale et renforcer les alliances avec les principaux défenseurs de l’axe multipolaire international, dont le Mali fait désormais intégralement partie.
Il est évident qu’après les échecs de déstabilisation néocoloniale en Syrie, Venezuela, Iran, Cuba, Biélorussie, Kazakhstan, Burundi ou encore en RCA – l’hystérie atlantiste occidentale semble même dépasser le summum du possible. Et connaissant cela, les autorités comme la population du Mali – resteront dans le viseur des nostalgiques de l’ère unipolaire. Et ce jusqu’à la défaite des dits nostalgiques.
Il peut paraître paradoxal, surtout pour les esprits naïfs, que l’Occident rime avec terrorisme, pourtant cela n’est pratiquement plus à démontrer. Les soutiens aux terroristes en Syrie, aux groupes armés en Centrafrique, les actions conjointes avec les éléments salafistes dans la Libye tantôt prospère de Mouammar Kadhafi ou encore l’alliance avec de purs représentants néonazis comme c’est le cas en Ukraine – prouvent parfaitement qu’une bête blessée et vivant l’agonie aura de moins en moins de tabou à montrer son véritable visage.
Les Maliens semblent être prêts à faire face à ces défis. Et avec eux des millions et des millions d’autres peuples africains. Effectivement et après la RCA, le Mali confirme son statut de grande source d’inspiration pour l’Afrique dans son ensemble. Et cela – les fameux « analystes » occidentaux ne l’avaient pas prévu.
Mikhail Gamandiy-Egorov
3. Après le Mali, le Burkina Faso va-t-il revoir ses relations avec la France ?
Dans un entretien fleuve, le Premier ministre du Burkina Faso a remis en cause le partenariat entre Paris et Ouagadougou. Il estime, à demi-mots, que celui-ci n’est pas équitable.
« Il y a des questions à se poser ». C’est en ces termes que le Premier ministre du Burkina Faso, Albert Ouédraogo, a lancé un débat sur le partenariat entre Ouagadougou et son ancienne puissance coloniale, la France. Voilà à peine six mois que le Premier ministre a pris ses fonctions et le moins que l’on puisse dire est qu’il ne mâche pas ses mots.
Lors d’un entretien à la télévision publique du Burkina Faso (RTB), le Premier ministre burkinabè a confirmé qu’un partenariat avec Paris n’était pas forcément gagnant-gagnant. « Je pense qu’effectivement il y a des questions à se poser. On comprend les revendications parce que la France, c’est vrai, c’est le partenaire historique, c’est le premier partenaire, même en termes de chiffres ».
« L’aide doit servir à assassiner l’aide »
Paraphrasant Thomas Sankara, qui avait indiqué que « l’aide doit servir à assassiner l’aide », Albert Ouédraogo a affirmé que, « si depuis des années, cette coopération n’a pas permis d’assassiner l’aide, il faut se poser des questions ».
Comme au Mali, le peuple burkinabè est en première ligne pour réclamer plus d’équité dans les relations entre Ouagadougou et Paris. On se souvient, fin juillet, que plusieurs milliers de personnes s’étaient rassemblées dans la capitale du Burkina Faso pour protester contre la présence de la France au Burkina Faso et avaient appelé à une grande mobilisation le 12 août. « En tant que dirigeants, nous ne pouvons pas continuer à rester sourds, à rester insensibles à ces revendications, parce que nous avons des composantes importantes de notre peuple qui le réclament », a affirmé le Premier ministre.
S’il balaie d’avance les accusations de l’existence d’un « sentiment anti-français » — « Il n’y a aucun problème entre les peuples burkinabè et français », assure-t-il —, le Premier ministre affirme que « le problème se pose en termes de politique et de relations de coopération entre les gouvernements ».
Il faut dire que la sortie, le 14 juillet dernier, de l’ambassadeur de France au Burkina Faso, Luc Hallade, reste encore en travers de la gorge d’une partie de la population locale. Le diplomate avait osé affirmer que « l’absence de résultats provoque des frustrations de plus en plus fortes dans le pays et que ce conflit endogène est, en réalité, une guerre civile : une partie de la population se rebelle contre l’Etat et cherche à le renverser ».
La bourde de l’ambassadeur français au Burkina Faso
Plus d’un mois après ces propos, Albert Ouédraogo se dit « indigné » et avoir « mal vécu ces propos », malgré des excuses de la part de Luc Hallade et de la France.
Malgré tout, comme Bamako, Ouagadougou va-t-elle se tourner vers d’autres puissances étrangères ? « La diversification des partenariats repose sur plusieurs principes. D’abord le principe de liberté. Pour nous c’est aller vers le partenaire qui nous arrange, quitte à froisser des partenaires historiques, résume le Premier ministre. Si certains partenaires ne sont pas contents du fait que nous allons avec d’autres, ça sera à notre corps défendant que nous allons rompre notre partenariat avec eux ».
Un appel du pied à la Chine, voire à la Russie ? Avec une certaine diplomatie, en tout cas, le Premier ministre burkinabè n’exclut rien. Il réclame simplement « des partenaires sincères qui veulent effectivement nous aider pour aller dans une logique de partenariat gagnant-gagnant ». Et la France ne semble pas être dans cette optique…