Le 25 mai, la marine grecque a procédé sur l'ordre américaine et pour la seconde fois au détournement de Lena, un pétrolier russe battant sous pavillon iranien charge de quelques 115 000 baril du brut iranien. Indifférents aux avertissements de l'Iran la Grèce a vu ensuite deux de ses pétroliers avec quelques 1.4 millions de barils de pétrole dans ses réservoirs être saisis par la force navale du CGRI alors qu'ils appareillaient non loin des îles iraniennes. Littéralement largué la Grèce a du en ces temps de crise énergétique lié à la guerre otanienne contre la Russie en Ukraine se battre seul pour se faire restituer son pétrole... en, vain. Quelques trois mois plus tard la cours grecque ayant ordonné la saisie de Lena l'a mis en liberté et sa cargaison est en route pour l'Iran, cargaison qui une fois remise aux Iraniens ouvrir la voie au retour en Grèce de 1.4 millions de baril de pétrole golfien payé par Athènes. Quelle leçon a-t-il l'Europe de cet épisode? Après la saisie de Steno impero en 2019 au large de Gibraltar, l'Iran n'a changé d'un iota dans sa détermination à défendre son droit au commerce de son pétrole, fût au pris de confronter l'OTAN. Ce fut à partir de cette date que l'OTAN et partant l'Europe a compris qu'il lui faudrait, s'il veut tenir le coup face à la Russie et au manque criant de son gaz, un compromis avec l'Iran, l'un des plus grands producteurs du pétrole et du gaz. Certes sur cette liste de pays producteurs sanctionné, il y a le Venezuela voire la Russie mais c'est un dégel avec l'Iran que l'Europe convoite le plus et ce pour une raison très particulier.
Quant aux ennemis des USA au nombre des quels figure en bonne place l'Iran, la situation est claire : ce n'est pas ce genre de menace qui les intimeraient. Wall Street journal écrit: " Les anciens et actuels responsables américains ont dit au Wall Street Journal que ces opérations soupçonnées de contourner les sanctions ont mis l’administration Biden devant un dilemme : ou bien maîtriser le programme nucléaire iranien ou bien maîtriser l’inflation due aux sanctions internationales contre la Russie, l’un des géants mondiaux d’exportation du pétrole." Le journal évite de relever l'essentiel : Incapables de "dompter" l'Iran, USA "domptent" l'Europe...
Passé roi en matière de contournement de sanctions US et occidentale, l'Iran s'est inventé en effet tout un mécanisme de transit pétrolier qui lui assure le flux libre de son pétrole sans que l'Amérique et sa machine sanctionnelle puisse y nuire en quoi que ce soit. Outre le transbordement qui lui permet d'élargir régulièrement ses ventes de pétrole en direction des pays amis, il y a cette autre tactique que la Russie , elle aussi sanctionnée commence à apprécier depuis peu et le cas de "Lena" en a été un exemple manifeste à savoir le "brassage pétrolier" : du pétrole iranien mêlé au pétrole irakien ou vénézuélien avant d'être vendu ou du pétrole russe mêlé au pétrole iranien avant de gagner le marché noir, où les prix sont en dessus de la norme, voilà cette méthode qu'une Europe terrifiée à l'idée de ne plus survivre à l'hiver 2022 apprécierait le plus chez les Iranien.
Mais voila que cette ambiance effraie les Américains qui déjà largement devenus la risée du monde pour avoir aider la Russie via leurs sanctions à doubler le dollar par la rouble, en sont à chercher encore une fois, à mettre des bâtons dans les roues de l'Europe et à la priver tout comme pour l'accord nucléaire de 2015 où d'acteur de premier plan elle est devenu de mille fois rien, de toute possibilité de bénéficier d'une entente avec l'Iran. Aussi alors même que l’Europe s’efforce de faire retourner l’Iran à l’accord nucléaire pour subvenir à ses besoins en énergie, les États-Unis étudient le boycott du réseau de transport du pétrole iranien et rien que cela!
Le Wall Street Journal rapporte que Washington étudiait les sanctions qui visent « un homme d’affaire indépendant aux Émirats arabes unis » et « un réseau de sociétés soupçonnées de coopération avec Téhéran » dans le domaine de l’exportation et du transport maritime. Les nouvelles sanctions, précise le journal, ce dimanche 31 juillet, font partie des vastes tentatives du gouvernement de Joe Biden pour contraindre Téhéran à retourner à la table de négociations nucléaires à Vienne avec l’objectif de finaliser l’accord nucléaire (Plan global d’action conjoint). Mais peut-on croire à la volonté US de revenir à l'accord? Bien que sûr que non : suivant la même logique qui régit les liens des USA avec leurs vassaux, les Yankee s'acharnent en priorité sur "leurs alliés" bien plus que sur leurs ennemis.