Un expert jordanien dit que l’échec de l’Amérique à créer un consensus régional contre l’Iran témoigne de ce qu’une période de transition arrive dans les différends irano-arabes.
Le général de brigade jordanien, Basam Robin, qui est également un expert principal des questions de sécurité, s’exprime sur les résultats du périple du président américain, Joe Biden, en Asie de l’Ouest, plus précisément dans les territoires occupés et en Arabie saoudite et déclare que le président américain n’a pas réussi à créer une coalition avec Tel-Aviv contre Téhéran.
Selon l’expert jordanien, les services de renseignement d’Israël et des États-Unis ont échoué à avoir une évaluation précise et correcte de la situation dans les pays arabes, d’autant plus qu’ils imaginaient que les pays arabes s’apprêtaient à participer à une alliance, associant Israël aux alliés arabes des États-Unis, contre un pays musulman, qu’est la RII.
L’officier jordanien a par ailleurs déclaré à propos du traitement réservé par Riyad au président américain : « “‘La cérémonie d’accueil de Biden selon les protocoles diplomatiques menés par Riyad n’a pas montré un traitement digne de la position d’un président américain ; tandis que les autres hommes politiques invités par le prince héritier Mohammad Ben Salman qui étaient inférieurs à Biden en termes de statut ont reçu des accueils chaleureux. Cela montre que l’ère de la danse de l’épée de Trump est révolue. Selon Robin, on peut dire que la tournée du locataire de la Maison-Blanche n’aura pas beaucoup d’impact sur les relations entre Riyad et Washington ; surtout dans une situation où l’Arabie saoudite a signé des accords stratégiques avec la Chine et la Russie et ne peut pas revenir en arrière. En d’autres termes, ‘Riyad ne semble pas vouloir mettre tous ses œufs dans le panier américain et supporter ensuite les conséquences d’une telle décision’.
Selon l’expert des questions de sécurité régionale, le sujet des normalisations avec le régime de Tel-Aviv est une question résolue pour les dirigeants saoudiens. Pour Basam Robin, il n’y aura pas de normalisation avec Israël en dehors de l’initiative arabe pour la paix, c’est-à-dire la ‘solution à deux États’, visant à venir à bout du conflit israélo-palestinien dans son cadre, et à préserver l’identité islamique de la sainte Qods. À cet égard, le commentateur jordanien souligne : ‘Cependant, ce que l’on voit du régime sioniste, ce ne sont que de ses tentatives pour parvenir à la normalisation avec Riyad’.
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En référence aux négociations infructueuses avec l’Arabie saoudite concernant l’augmentation des exportations de pétrole vers l’Occident, il a renchéri : ‘Il semble que les dirigeants saoudiens prennent désormais des mesures plus rationnelles que par le passé, et leurs intérêts nationaux sont considérablement prioritaires par rapport à d’autres questions. En effet, les responsables du Royaume saoudien ont tiré des leçons de leurs expériences passées et en ont conclu que les États-Unis ont l’habitude de tout prendre et de ne rien donner en revanche aux pays arabes’.
Cet analyste jordanien a également souligné la contradiction entre l’approche du président démocrate des États-Unis et celle des dirigeants arabes envers l’Iran lors du sommet de Djeddah et a déclaré à cet égard : « En ce qui concerne les dirigeants des Émirats arabes unis et d’Oman, il en ressort qu’ils ont décidé d’observer le mutisme vis-à-vis des attaques verbales de Biden contre l’Iran, puisqu’ils essayaient d’améliorer les relations avec l’Iran depuis un certain temps. On en peut conclure que le silence de ces deux pays arabes véhiculait un message clair pour les Américains ; il semble que les espoirs du Département d’État américain d’achever le processus de normalisation des relations d’Israël avec le monde arabe aient été anéantis. À cet égard, le monde peut désormais être témoin de la reprise des relations entre les voisins arabes et l’Iran. Ces mêmes preuves sont d’une certaine façon les raisons définitives de l’échec de l’Amérique à former une OTAN arabo-israélienne contre l’Iran. Et tout cela montre que les pays arabes savent désormais que leur ennemi est Israël, pas l’Iran ; et ce sont les négociations fructueuses qui peuvent mettre un terme aux différends irano-arabes.