Le vendredi 8 juillet, alors même que le président syrien se rendait pour la première fois depuis une décennie à Alep, signe que ce cœur battant de l’économie florissante d’avant-guerre est définitivement de retour à Alep où les Iraniens viennent d’achever la remise sur les rails d’une centrale électrothermique comme pour signer, eux de leur côté, une méga percée de la Résistance dans le secteur stratégique de l’énergie en Méditerranée, la Russie, elle apposait son veto à un projet de résolution anglo-saxonne visant à faire passer comme ces 10 dernières années, armes et terroristes otaniens via les frontières de la Turquie dans le nord de la Syrie, un trafic qui depuis le mois de février et le début de la guerre anti Russie en Ukraine tend à se pratiquer à la faveur de Sultan et de son éternelle politique de double jeu non pas seulement dans le sens Turquie-Syrie mais aussi dans la direction Syrie-Ukraine, rien qu’à en juger le nombre régulièrement en hausse de ces gourous takfiristes pro Erdogan qui se battant aux côtes des radicaux d’Azov ou encore de ces batteries de HIMARS qui après avoir fait le tour de l’Europe de l’est et s’être plantés tout près des portes des métropoles russes et la Crimée, viennent de tomber entre les mains des terroristes de Maghawir al-Thoura à al-Tanf, tout près du triangle syro jordano irakien.
Du coup, les observateurs ont cru voir à travers ce concours bien étrange des événements, un scénario très subtilement rodé Russie-Résistance qui tend à dépasser les seules frontières de la Syrie, de sa côte ouest, de Tartous et de Damas, récemment frappés par Israël pour aller droit vers Karish, ce gisement gazier offshore libanais, que les drones du Hezbollah ont reconverti depuis ce 2 juillet en un front de combat anti Israël, anti US-OTAN.
Ramenés au récent entretien du président Assad à RT où ce dernier affirme que le fameux projet de pipeline Iran-Irak-Syrie-Méditerranée-mer Noire auquel avait adhéré dès 2010 la Russie, se trouvait à l’origine de la guerre de 2011 et que déjà à l’époque l’axe US-Israël projetait d’engloutir le fond gazifère méditerranéen depuis les côtes syro-libanaises aux ports gréco-chypriotes et ce, en passant évidemment par les zones gazières dites « litigieuses » qu’Israël s’est inventées tout autour, ces observateurs vont alors même jusqu’à trouver un certain parallélisme d’action entre ce triplet de drones Mersad-1 du Hezbollah partis s’abattre sur « Karish » et contre quoi ni les F-35 et F-16 sionistes n’ont pu rien, quitte à faire lamentablement appel aux missiles mer-air Barak-1 d’une part et ce raid inouï du 18 juin de deux Su-35 et Su-24 de l’armée de l’air russe qui ciblant al-Tanf, a provoqué un choc, non pas tant parce que les Russes ont pour la première fois réduit en miette la fameuse zone de « déconfliction » ou dit plus vertement « no-fly » d’où l’entité sioniste bombardait pendant longtemps le territoire syrien avant que cinq drones de la Résistance n’y mettent un terme un certain octobre 2021 mais plutôt parce que la Russie a fini par opter pour la première fois en 10 ans pour la « synergie » avec la Résistance : même modus oprandi, même méthode de ciblage voire même consigne d’évacuation adressé aux soldats US lancé juste avant de passer à l’acte ce 18 juin.
À quoi rime ce radical changement qui a poussé le chef du CentCom, le général Micheal Kurilla, à se précipiter à al-Tanf juste début juillet où il a tenté de remonter le moral de ses troupes, en procédant à une ridicule manœuvre de diversion soit l’exhibition de quelques HIMARS par MaT interposés, assortie de quelques photos de tirs d’essais plus de promesse d’« une riposte anti Russie/anti Iran le moment venu » ?
À l’échelle syrienne, cela veut dire très exactement que la Russie ayant fini par casser le tabou « Israël », vient de dépasser le stade de la « coexistence assez pacifique » avec les USA et celle de la « sympathie envers l’entité» et opté pour la « confrontation », une confrontation qu’elle la veut, de surcroît, à l’identique de la Résistance, ce qui pose d’emblée la question suivante : l’Amérique peut-elle tenir désormais sa présence en Syrie ? La réponse approximative, c’est The Washington Post de ce 3 juillet qui la porte :
« La garnison d'al-Tanf, située le long des frontières de la Syrie avec la Jordanie et l'Irak, porte encore les cicatrices d'une attaque de la milice iranienne en octobre. Des marques d'où les drones ont frappé le complexe sont visibles sur un bâtiment près du centre de commandement de l'armée américaine, où un tableau blanc enregistre les incidents récents dans la zone de déconfliction de 35 milles qui l'entoure. Une carte du sol au plafond de la zone indique exactement quelles parties du territoire, ces menaces ont rendues vulnérables. L'armée américaine a suffisamment de puissance de feu ici pour repousser une attaque, selon des responsables : il y a des véhicules blindés et deux systèmes de roquettes d'artillerie à haute mobilité avec la portée nécessaire pour frapper tout ce qui empiète sur la zone de déconfliction. Mais la plupart du temps, comme pour les actifs américains ailleurs dans la région, ils restent inutilisés car les dangers perçus d'une réponse par la force sont jugés trop élevés. »
Et citant Kurilla d’ajouter : « La dernière chose que "nous voulons faire est de déclencher un conflit avec la Russie en ce moment", a déclaré Kurilla aux troupes de la garnison. Mais, a-t-il ajouté, "nous nous défendrons... Nous n'hésiterons pas à réagir" Mais le général Kurilla est peu sincère. Car les actions agressives de la Russie contre les États-Unis n'ont fait que compliquer un exercice d'équilibre déjà bien difficile au Moyen-Orient à cause d’un Iran qui avec ses alliés a en grande partie, décidé les USA de faire profil bas dans la région ».
Le diagnostic est sans appel, USA ayant déjà perdu la bataille d'une seconde "vie en Syrie". Mais la Syrie est-elle l’unique terrain de combat où l’électrochoc Russie-Résistance tente de broyer la machine de guerre US-Israël sans que celle-ci ait réellement la possibilité de riposte, l’acculant par la même occasion dans ses derniers retranchements ?
Ce 9 juillet, soit une semaine après le ciblage de la plateforme d’Energean Pwer Co. À quelque 100 kilomètres de Haïfa, rien n’est moins sûr vu la qualité d’aveux auxquels se sont déjà livrés les milieux sionistes, aveux qui sont de la même nature que la crainte de Kurilla pas tant de la synergie Russie-Résistance en Méditerranée mais par le fait que Poutine devienne une « composante » même de l’axe de la Résistance avec la même ténacité anti US et le même feu anti sioniste. Bref que le coup aux drones du 2 juillet du Hezbollah contre Karish fasse écho au raid du 18 juin des Russes contre al-Tanf et tout ceci dans le cadre de cette bataille commencée il y a dix ans et qui vise à empêcher le monopole énergétique des sionistes en Méditerranée.
Ynet écrit : « Via sa récente opération de drone contre Karish le Hezbollah visait très probablement à atteindre deux objectifs, faire avancer la cause libanaise dans les pourparlers avec Israël qui se déroule sous l’auspice américaine mais aussi se venger du raid israélien sur le port syrien de Tartous où la Russie maintient sa base navale où il est question d’exploration gazière et où l’Iran fait accoster ses pétroliers bourrés de pétrole à l’intention de Damas... C’es une alliance parfaitement nouvelle qui a tout à inquiéter et qui explique sans doute la crainte d’Israël à riposter. Certains ont dit que le refus de toutes représailles par Israël s’explique par la visite imminente de Biden dans la région et le refus de gouvernement Lapid à s’engager dans n’importe quel bras de fer propre à jeter de l’ombre sur cette tournée, une première depuis l’arrivée de Biden à la Maison Blanche. Mais il y a d’autres voix, plus réalistes, qui parlent de l’incapacité à y répondre.
Et dire que dans toute cette histoire de synergie retrouvée, le Hezbollah n’a agi qu’à coup de l’un de ses drones les moins avancés, le petit Ababil-2/Mersad-1, drone qui a piégé l’entité dans le même impasse géostratégique que ces deux Su-35 et Su-24 russes qui frappant en juin al-Tanf, ont mis échec et mat Kurilla.
Qui imite qui ? Peu importe. L’essentiel est que le courant passe désormais à 100 pc entre Russies et un axe auquel elle semble de plus en plus rallier… À ce train une fantaisie du Hezbollah pourrait être de cibler Karish, non plus à l’aide de petit Mersad mais à coup de « Gaza », drone géant connu en Iran sous le nom de Shahed-149, puisque les Russes aiment la grandeur. Premier drone à large corps et ultra lourd, il est d’une envergure de 21 mètres, presque aussi grand qu’un F-35. D’une endurance de 35 heures, le Shahed-149 équipé de dispositif optique, de nacelle de leurre et de système de guerre électronique, transporte 500 kg de charge, soit 13 bombes et missiles pour une vitesse de 350 km/h. C’est un quart de la vitesse de Su-35 mais c’est cette mémé lenteur qui lui permettra de faire noyer la plateforme « Shark » d’un seul coup sans qu’il y ait le besoin d’activer des essaims… le F-35 Adir survivrait-il à un clash avec Gaza ? Pas si sûr s’il a déjà perdu la bataille devant le Mersad…