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Zoom Afrique du 23 mai 2022

En RDC, Kinshasa expulse Israël 

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Actualité en Afrique :

  • Au-delà de la coopération militaire : Moscou prête à accompagner Bamako sur le plan économique et commercial
  • Cameroun : l’extension et la modernisation du terminal fruitier du Port de Douala achevées
  • Macky Sall annonce qu’il va se rendre à Moscou et à Kiev au nom de l’Union africaine
  • Nigeria : le gouvernement va utiliser plus de 407 millions $ du secteur privé dans la réhabilitation des routes
     

Analyses de la rédaction :

1. Mali : la CEDEAO est aux Africains !

Depuis les sanctions imposées par la CEDEAO contre le Mali au mois de janvier, il est clair que l’organisation a creusé sa propre tombe. Mais au lieu de détruire cette institution qui est instrumentalisée par les puissances extérieures au continent, Bamako veut faire en sorte de ramener cette organisation vers l’Afrique plutôt que de la laisser entre les mains des Occidentaux. 

Que fait la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest par rapport au Mali ? Les chefs d’État se réunissaient très souvent sur le Mali et depuis fin mars, c’est le silence. On a entendu parler de la CEDEAO concernant les coups d’État de Guinée et du Burkina Faso où elle demandait un chronogramme précis de la transition à ces pays. 

Mais sur la situation du Mali, la CEDEAO semble être en pause, sinon en panne. Personne ne sait pourquoi le dossier n’évolue pas, plus de quatre mois après les lourdes sanctions prises en réalité contre le peuple malien et les peuples ouest-africains. 

Ne faut-il pas lever ses sanctions qui ne touchent pas les personnes ciblées ? Avec le coup d’État du Burkina survenu après celui de la Guinée, les sanctions sont-elles encore dissuasives ? La CEDEAO peut-elle sanctionner le Mali et laisser le Burkina et surtout rester impuissante face à la Guinée sur laquelle elle n’a aucune emprise (pas enclavé, possédant son port, et sa monnaie) ? Avec le temps les sanctions touchent de plus en plus aussi les pays des pères fouettards comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Togo pour ne citer que ceux-là. 

Continuer dans cette voie des sanctions qui sont contre-productives ne contribuera-t-elle pas à affaiblir sinon liquider la CEDEAO ? La CEDEAO a-t-elle pris conscience qu’avec la guerre Russie-Ukraine, les compétitions impérialistes sur le continent s’exacerbent ? 

Le 9 janvier 2022, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a adopté de lourdes sanctions contre le Mali, parce que le gouvernement malien n’a pas courbé l’échine face à Paris. Ces sanctions se composaient d’un embargo commercial (sauf sur les produits de première nécessité et les hydrocarbures) et sur les transactions financières. Le gros des sanctions porte sur le gel des comptes du Mali auprès de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest qui coupe le Mali du reste du monde en lui enlevant la passerelle financière par laquelle il agissait. 

La Cour de justice de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a le 24 mars 2022 ordonné la suspension des sanctions de cette institution, mais ni l’UEMOA, ni la CEDEAO n’ont réagi à cette décision. Pourquoi une absence soudaine de proactivité de la CEDEAO alors qu’elle était à la manœuvre toute affaire cessante pour les sanctions ? 

Les peuples ouest-africains souffrent assez des sanctions du Mali, il est urgent de les lever, car elles se sont avérées inopérantes et ne ciblent pas le pouvoir. Du reste le Sénégal est aussi touché par la baisse des recettes douanières enregistrée par ces sanctions. D’ailleurs, il semble également que le Sénégal ne respecterait pas l’embargo selon certaines informations. 

Si la politique des sanctions est maintenue, le Burkina serait le prochain et les ports de Lomé, d’Accra et d’Abidjan devraient aussi connaître des baisses de recettes. Si le Mali est toujours debout, c’est dû à la forte capacité de résilience du peuple malien qui a appris à vivre et à se battre au côté de son gouvernement.  

L’urgence est de rebâtir la CEDEAO, car elle est utile aux peuples, pour voyager ne serait-ce que cela déjà. Il faut que les États s’unissent face aux nouveaux défis de la sous-région : le terrorisme et ses conséquences humanitaires et les compétitions impérialistes pour faire main basse sur nos richesses. Si la France a échoué dans ces pays, ce n’est pas une raison pour tenter de rattraper cela. La France a échoué un point c’est tout. L’union des pays africains vaincra tous les maux de la région ouest-africaine. Le Mali s’est retiré du G5 Sahel, car cet organe était entre les mains de la France. Et sans le Mali, le G5 pourrait bien exploser assez vite. Aucune puissance impérialiste n’aime les peuples. Donc il vaut mieux se rallier à ses voisins, qu’à des puissances qui ne veulent que la destruction du continent africain. 

Lors de sa visite à Moscou cette semaine, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, l’avait clairement annoncé : « le Mali n’a pas de problème avec les organisations sous-régionales, mais ces organisations sont instrumentalisées par des puissances non africaines pour pouvoir régler des comptes politiques avec l’État malien, qui a fait des choix qui ne conviennent pas à ces entités. Il faut qu’entre Africains nous revenions au sein de nos institutions, mettre nos génies ensemble, renforcer notre solidarité pour pouvoir trouver chaque fois des solutions africaines. » 

Faire sortir les organisations africaines des griffes des Occidentaux, voilà l’objectif que Bamako s’est fixé.  

L’Afrique aux Africains, la résolution des problèmes en Afrique par les Africains voilà ce qui peut réellement régler les problèmes en Afrique.

2. Au Mali, et un coup de plus contre Paris ! 

Le ministre des Affaires étrangères de la Russie Sergueï Lavrov s’est entretenu le 20 mai avec le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali Abdoulaye Diop, qui est à Moscou en visite de travail. 

Lors des négociations, une attention particulière a été portée à la situation au Mali.

Du côté russe, il a été souligné que dans ces circonstances, les autorités de transition maliennes prennent des mesures ciblées pour parvenir à l’unité et à la stabilité intrapolitiques. Des travaux programmés sont en cours pour préparer des élections démocratiques libres. 

Les questions d’actualité de l’activation de la coopération russo-malienne dans les domaines politiques, commerciales, économiques, humanitaires et autres ont été discutées de manière constructive. Les perspectives d’expansion des contacts d’affaires entre Moscou et Bamako, la mise en œuvre de projets communs dans le développement et le développement des réserves de matières premières minérales, l’énergie, le développement des infrastructures et l’agriculture ont été évoqués. 

Les ministres ont tenu un débat approfondi sur les principaux sujets de l’ordre du jour mondial et régional, y compris la situation en Ukraine. L’accent a été mis sur le règlement des conflits et la lutte contre le terrorisme sur le continent africain, y compris dans la région du Saharo-Sahel et l’Afrique de l’Ouest dans son ensemble. La priorité des méthodes politico-diplomatiques pour débloquer les situations de crise sera mise en évidence avec le rôle de premier plan des Africains eux-mêmes et l’appui de la communauté internationale. 

Un haut niveau d’entente politique entre la Russie et le Mali et la volonté de renforcer la coopération au sein de l’ONU et d’autres formats multilatéraux ont été confirmés. 

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dénoncé la « mentalité coloniale » de la France et de l’Europe au Mali, lorsqu’il a reçu le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop dans la capitale russe, Moscou. 

Lavrov a déclaré lors de la conférence de presse conjointe avec son homologue malien : « La France a exprimé son mécontentement face à la volonté des autorités maliennes de demander l’aide des forces de sécurité étrangères, et cela indique sa mentalité coloniale enracinée, dont les Européens auraient dû se débarrasser il y a longtemps. » 

Il a ajouté : « Le danger réel est d’attaquer le Mali et les millions maintenant en raison de l’émergence d’enclaves chaotiques dans lesquelles les combattants appartenant à des groupes armés illégaux se déplacent librement, et cette affaire menace l’intégrité territoriale du pays ». 

Il a poursuivi : « Nous comprenons, mais nous n’apprécions pas les tentatives de la France et d’autres pays de l’Union européenne de prétendre jouer un rôle dominant sur le continent africain et d’autres régions. La France cherche à imposer son comportement au Mali à un moment où il peut communiquer avec lui, ce qui est inacceptable. » 

Le ministre russe des Affaires étrangères a exprimé la disponibilité constante de Moscou « à apporter le soutien nécessaire au gouvernement de Bamako, qui est contrôlé par le Conseil militaire, pour accroître les capacités de combat des forces armées maliennes, notamment dans la formation du personnel militaire et policier ». 

Lavrov a souligné que « la Russie continuera à livrer au Mali des matériaux tels que du blé et des engrais organiques, en plus des produits pétroliers, malgré les sanctions auxquelles elle est soumise en raison de son opération militaire en Ukraine, qui a entravé sa capacité à exporter, et les craintes croissantes d’une crise alimentaire mondiale. » 

En mars dernier, le Mali, ainsi que 35 pays, s’est abstenu de voter sur une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies condamnant l’opération militaire russe en Ukraine. 

L’époque des langues de bois est révolue, il est clair que l’attitude néocoloniale de la France et de ses alliés occidentaux ne passe plus inaperçue comme dans le temps.

3. En RDC, Kinshasa expulse Israël 

Expulsion de l’ancien chef du Mossad de la RDC : des révélations de « The Marker ». 

Yossi Cohen, ex-directeur du Mossad, aurait effectué trois mystérieux voyages en République démocratique du Congo (RDC), en compagnie de Dan Gertler, avant d’en être expulsé, indique le site israélien « The Marker ». com appartenant à Haaretz, l’un des plus grands quotidiens d’Israël. 

D’anciens hauts responsables du Mossad ont qualifié la conduite de Yossi Cohen de « folie » après trois voyages au Congo au nom du régime génocidaire israélien à des fins problématiques dont la publication est interdite, indique le site d’informations « The Marker », précisant que les visites n’ont pas été coordonnées avec le gouvernement congolais et se sont terminées par son expulsion. 

Selon Bloomberg News, rappelle « The Marker », Yossi Cohen, patron du Mossad de 2016 à 2021, s’est rendu trois fois en RDC, accompagné du milliardaire Dan Gertler, un homme d’affaires soupçonné par les autorités britanniques d’avoir versé un énorme pot-de-vin de 360 millions de dollars en échange de droits miniers au Congo ». 

Au cours de chacune de ses visites, indique The Marker, Yossi Cohen a rencontré le président congolais, Félix Tshisekedi. « Ses visites au Congo ont été une surprise pour Tshisekedi, qui a été choqué de découvrir que le chef d’une agence de renseignement étrangère était dans son pays sans invitation officielle ou avertissement préalable », explique Haaretz

Lors de sa première rencontre avec le chef de l’État, en présence de plusieurs de ses assistants ainsi que Gertler, indique-t-on, Yossi Cohen aurait proposé son aide sur diverses questions, comme l’obtention de technologies de défense. 

Le 10 octobre 2019, selon Haaretz, Yossi Cohen a effectué sa deuxième visite en RDC. « Ce jour-là, Tshisekedi s’envole dans son avion présidentiel de la ville de Goma, dans l’est du pays, vers la capitale, Kinshasa. Peu après son décollage, un autre avion de son entourage a également décollé, mais s’est écrasé peu après. Selon divers rapports, le chauffeur du président, plusieurs employés du bureau du président et quelques soldats se trouvaient à bord de cet avion. Personne n’a survécu au crash, selon ces rapports », rapporte le site israélien. 

Crainte d’un coup d’État : 

Après la deuxième rencontre de Cohen avec le président de la République, l’entourage de Félix Tshisekedi est devenu suspicieux quant aux motivations de ce chef du Mossad. « Certains des assistants de Tshisekedi ont même exprimé la crainte que Cohen prépare une tentative de coup d’État, fait savoir certains médias. 

Quelques semaines plus tard, Yossi Cohen a effectué son troisième voyage au Congo, cette fois à la tête d’une plus grande délégation. Une fois de plus, il a tenu une réunion imprévue avec Félix Tshisekedi et certains membres de son cabinet dans le bureau de ce dernier à Kinshasa. “Cohen a une fois de plus parlé en slogans vagues de la coopération entre les pays. Mais, Tshisekedi était à bout de patience. À un moment donné, il a demandé à son personnel de quitter la pièce pour qu’il puisse être seul avec Cohen. À la fin de leur brève conversation, Cohen a reçu l’ordre de se rendre directement à l’aéroport, escorté par les forces de sécurité locales, de quitter le pays et de ne pas revenir. Le chef du Mossad a donc été effectivement expulsé – une mesure sans précédent et humiliante – après une série de rencontres non programmées. 

Cette visite montre également les liens étroits entre le fameux homme d’affaire Dan Gertler, censé donc mener des affaires et le Mossad et surtout, la raison pour laquelle le gouvernement de la RDC a lancé une offensive contre l’Israélien Gertler. Tout comme ses alliés occidentaux, Tel-Aviv se croit également en terrain conquis lorsqu’il se rend en Afrique. Plus encore, c’est ce régime qui est à l’origine de troubles sur le continent en fournissant armes et munitions aux nombreux groupes rebelles pour y créer l’instabilité nécessaire pour mener à bien les plans de ses alliés.  

Ce qui fait que les craintes de Kinshasa sont totalement fondées.  

Israël est notamment très présent au Soudan du Sud, avec l’affaire de l’ex-général accusé d’avoir vendu, par l’intermédiaire de plusieurs sociétés spécialisées dans l’agriculture, pour 150 millions d’armes aux groupes rebelles dans le pays et même au gouvernement sud-soudanais, alors que le pays est censé être sous embargo par la Communauté occidentale. 

Ce qui fait que la RDC est actuellement dans le collimateur de Tel-Aviv, surtout que Kinshasa n’a pas cédé aux nombreuses pressions d’Israël. Les hommes d’affaires israéliens sur le continent africain comme ce fameux Dan Gertler en RDC ou encore Beny Steimetz en Guinée, sont clairement des agents du Mossad qui, au passage, sont présent pour se faire de l’argent en se croyant au-dessus des lois, bafouant par la même occasion la souveraineté des pays africains. 

Il serait temps que l’Afrique remette les néocolons à leur place ! Fini l’époque de la colonisation. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV