Alors qu’à la lumière du cinquième tour des pourparlers entre les représentants iraniens et saoudiens tenus samedi à Bagdad, une atmosphère positive a suscité l’espoir que les deux pays fassent un pas vers la reprise des relations, les responsables israéliens n’arrivent pas à dissimuler leur vive préoccupation annonçant que cela pourrait affecter l’accord sur la normalisation des relations entre les pays arabes et Israël.
À cet égard, le journal israélien Jerusalem Post a publié un rapport intitulé « Les pourparlers irano-saoudiens pourraient mettre ne danger le sort des accords d’Abraham » et a fait état de la vive préoccupation d’Israël quant à la reprise des relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite.
Il est à noter que cette inquiétude des autorités israéliennes intervient à un moment où l’accord de normalisation des relations entre les pays arabes et Israël n’a pas profité aux pays signataires, et ces pays ont fait l’objet de protestations et de condamnations non seulement par leurs propres nations, mais aussi par la communauté internationale.
Le journal israélien a déclaré que l’Iran et l’Arabie saoudite étaient deux rivaux régionaux depuis la Révolution islamique de 1979 qui avait transformé Téhéran d’un allié d’Israël en l’ennemi numéro un de Tel-Aviv.
Les États-Unis ont été très actifs dans la région au cours des dernières décennies. Cependant, l’administration du président Joe Biden a pris de nombreuses mesures montrant qu’elle a l’intention de réduire le rôle des États-Unis au Moyen-Orient, entraînant un changement dans la dynamique géopolitique de la région.
Uzi Rabi, directeur du Centre Dayan d’études moyen-orientales et africaines de l’Université de Tel-Aviv, a déclaré à « The Media Line » : « Les Saoudiens sont très inquiets, car ils voient les États-Unis quitter le Moyen-Orient et réduire leur présence dans la région ». Il a ajouté que les Saoudiens voyaient l’empressement américain à relancer l’accord sur le nucléaire iranien, et cela leur dit qu’ils doivent chercher d’autres amis.
« Israël est l’ami le plus évident de l’Arabie saoudite dans ce contexte, car les deux pays partagent de véritables intérêts, nous [Israël] aimerions les voir se rapprocher de nous, mais ils choisissent de vérifier toutes les options », a expliqué Kuperwasser.
Les experts estiment que ces rencontres saoudo-iraniennes portent surtout sur la situation du Yémen.
Rabi a expliqué que les Saoudiens se trouvaient dans une position très compliquée au Yémen et qu’ils cherchaient une alternative à leur forte implication actuelle dans la guerre civile au Yémen.
« Les Saoudiens ont été vaincus au Yémen et ils aimeraient obtenir un compromis pour compenser leurs pertes et créer une situation au Yémen où les Houthis soutenus par l’Iran ne deviennent pas trop forts », a-t-il déclaré.
Kuperwasser ajoute : « L’Arabie saoudite s’inquiète de l’influence de l’Iran au Yémen, et c’est la principale incitation pour les Saoudiens à rencontrer les Iraniens puisqu’ils peuvent contrôler les Houthis et ils [les Saoudiens] veulent s’assurer qu’ils ne commenceront pas prendre pour cible l’Arabie saoudite par une vague de missile ».
« Si les relations saoudo-iraniennes continuent de s’améliorer, cela pourrait mettre en danger le sort des accords d’Abraham, et cela préoccupe Israël », a déclaré le général de brigade Kuperwasser.
Kuperwasser a toutefois ajouté que bon nombre de questions discutées à Bagdad n’avaient rien à voir directement avec Israël.
Les experts s’accordent à dire que l’Arabie saoudite vise à se sortir du bourbier au Yémen, mais qu’ils ne sont pas sûrs que les Iraniens aient la même raison d’entamer le dialogue avec les Saoudiens.