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S’il est vrai que le silence de l’Afrique clairement penchée en faveur de la Russie dans l’affaire ukrainienne inquiète la France, il est aussi vrai qu’il y a des silences : au Mali la voix est nettement en faveur de la Russie à qui les Maliens reconnaissent le droit de défendre ses intérêts. Mais en Guinée où la France se félicitait il y a encore peu de s’être débarrassée du pro-russe Alpha Condé, le silence inquiète très clairement la France.
Actualité en Afrique :
Analyses de la rédaction :
1. Mali : la France joue ses dernières cartes
C’est loin d’être un hasard cette libération de militaires maliens dont on n’avait pas trop habitude d’entendre parler du temps où la France servait d’eux à titre de bouclier humain, et ce, dans le cadre des opérations qu’elle avait le culot d’appeler « opération anti terroriste ».
Le jour où l’État malien qui vient de voter une transition de 5 ans au grand mépris de l’embargo décidé par l’Occident contre le Mali, a envoyé balader Goodluk Jonathan l’émissaire de la CEDEAO, les Maliens ont appris que leurs fils venaient d’être libérés sains et saufs des amis des preneurs d’Otage que RFI qualifie de jihadistes.
RFI écrit : « Dans un communiqué, les autorités maliennes ont annoncé vendredi soir la libération de 17 militaires et un civil enlevés par des groupes armés. Certains d’entre eux étaient prisonniers de leurs geôliers depuis 2019. L’identité des otages et les conditions dans lesquelles ils ont été libérés n’ont pas été données. Ibrahima Kebe, le commissaire principal de l’association politique Faso Kanu, explique pourquoi Bamako n’a pas voulu livrer tous les détails. »
Décidément ce qui intrigue les journalistes de RFI et avec eux, les autorités françaises qui semblent avoir décidé de renvoyer leur Barkhane sous une forme et appellation nouvelle en Ukraine où se venger de leur défaite cuisante au Sahel, car elles continuent de nier l’indéniable à savoir que cette défaite c’est le peuple malien qui leur a infligé et personne d’autre, c’est qu’elles ne savent pas comment cette mise en liberté a eu lieu. Elles y vont de leur spéculation et font parler comme toujours d’obscures analystes, mais ça saute aux yeux, le modus operandi de cette libération d’otage leur échappe pour la première fois. RFI dit : « Il y a beaucoup d’informations qui restent impossible à obtenir aujourd’hui. Peut-être que c’est dans le souci de vouloir sauver les autres otages parce que les circonstances de leur libération n’ont pas été relevées par les autorités. [...] Les Fama ont arrêté beaucoup de terroristes ces derniers temps. Donc on peut se poser la question : est-ce grâce à eux qu’ils ont pu retrouver les otages ou est-ce que les terroristes ont négocié leur liberté contre celle des otages ? »
En effet si cette ignorance les intrigue c’est que ces fameux « Jihadistes » n’appartiennent pas à des réseaux habituels que les services secrets français ont mis 8 ans à créer à travers le Sahel et que la volonté de l’État et de l’armée malienne a fini par démanteler, et ce, dans la foulée de ce processus de réconciliation dont la France avait si peur et qui semble aujourd’hui déboucher sur un processus d’insertion sociale avec en toile de fonde le retour des « Jihadistes » au sein de leurs villes et villages, bref, sur une paix inter-malienne si chèrement acquises.
Mais cela va dans l’air du temps : au Sahel, l’étau se resserre de plus en plus autour de l’axe US/OTAN non pas parce que la Russie y est arrivée ou la Chine y est, mais parce que les Sahéliens sont décidés à prendre leur destin en main et à s’opposer aux puissances occidentales, et il faut prendre le terme « s’opposer » au sens littéral du mot. D’où cet autre article, là encore extrait d’un site français qui cite le chef d’état-major français Burkhard qui dit ceci : « Les mercenaires russes de Wagner tenteront de compliquer le retrait français du Mali. À l’antenne de France24/RFI, le 25 février, le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA], a estimé qu’il faudrait bien six mois pour mener à bien cette “réarticulation” en bon ordre en sécurité. Cette opération, “d’un point de vue logistique, est quelque chose d’extrêmement lourd et complexe, avec des élongations énormes, un terrain abrasif, des voies de communication aléatoires”, a-t-il justifié. Au passage, il ne faut pas oublier que des convois auront à circuler durant la saison des pluies, qui commence fin juin/début juillet… Au-delà de l’aspect logistique, il y a également un « véritable défi sécuritaire », a poursuivi le CEMA. Et la guerre en Ukraine pourrait avoir quelques répercussions au Mali, la Russie pouvant être tentée de gêner le retrait de Barkhane.
La sortie est énorme et vise à faire du Sahel un terrain de règlement de compte anti- Russie et à utiliser ce prétexte pour refuser de se retirer du Sahel ou pire pour faire directement face à la l’État-nation malien... Cela veut dire que les Famas devront retourner ses armes contre Barkhane avant qu’elle le fasse comme elle en a l’habitude de le faire.
2. Guinée : Doumbya roule la France dans la farine !
S’il est vrai que le silence de l’Afrique clairement penchée en faveur de la Russie dans l’affaire ukrainienne inquiète la France, il est aussi vrai qu’il y a des silences : au Mali la voix est nettement en faveur de la Russie à qui les Maliens reconnaissent le droit de défendre ses intérêts. Mais en Guinée où la France se félicitait il y a encore peu de s’être débarrassé du pro-russe Alpha Condé, le silence inquiète très clairement la France qui exige une prise de position anti-russe, exigence intelligemment et radicalement repoussée par les autorités guinéennes. Au fait c’est le second coup que compte jouer le général Doumbouya à la puissance colonialiste. Le premier étant sa parfaite solidarité avec le Mali quand les sanctions occidentales déguisées en celles de la CEDEAO sont tombées. Lisons cet article du RFI. C’est trop riche en enseignements : « Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, en milieu de semaine, la Guinée a refusé de prendre position. Conakry affirme observer la situation et attendre pour se prononcer sur le conflit en cours. Elle joue pour l’instant la carte de la neutralité. »
Venu rencontrer le ministre des Affaires étrangères ce vendredi, Josep Coll, l’ambassadeur de l’Union européenne en Guinée a insisté : « Cette agression doit être condamnée ». Mais il n’a pas convaincu. Morissanda Kouyaté, le chef de la diplomatie guinéenne, lui, a préféré temporiser. Pas question pour son pays de se ranger d’un côté ou de l’autre.
« Il faut comprendre dans l’attitude de la Guinée, une prudence. Ça s’apparente un peu à ce que la Guinée a toujours expérimenté en termes de stratégie dans les relations internationales, analyse le politologue, Kabinet Fofana Sous Sekou Touré, on était dans les non-alignés. »
Morissanda Kouyaté s’en remet à la Cédéao, à l’Union africaine. Conakry « s’insérera », dit-il, dans une réponse régionale, voire continentale. « Dans un contexte où vous avez à la fois des intérêts occidentaux, mais aussi des intérêts russes – la Russie a une expansion en Afrique, il y a des investissements russes en Guinée dont Rusal est un exemple – jouer la carte de l’ambivalence est bénéfique pour l’État guinéen », explique Kabinet Fofana. Morissanda Kouyaté a tenu à envoyer un message : « La Guinée, depuis sa création, est attachée à la paix dans le monde. Nous souhaitons que la paix revienne rapidement ».
3. Tchad : des manifestations anti-françaises ?
Au Tchad, un millier de personnes ont défilé ce samedi pour réclamer plus de sécurité et de justice à l’appel de la coalition d’opposition Wakit Tama opposée au pouvoir. En plus des revendications locales, la marche a pris des accents anti-français.
Luc Michel, géopoliticien nous donne plus d’explications à ce sujet.