Y a-t-il un quelconque lien entre un avion IL-20 avec près de 20 des meilleurs officiers de renseignement russes à bord qu’un F-16 israélien a fait abattre en 2018 par S-200 syrien interposé, en s’en servant comme d’un bouclier et ce, dans le stricte objectif de bousiller les réseaux de renseignement satellitaire russe au-dessus de la Syrie et partant rendre la tâche plus facile à ses bombardiers d’une part, et ces missiles de croisière air-sol qui viennent de frapper le territoire syrien ce 7 décembre ? Bien sûr que oui si on se rappelle que dans l’un comme dans l’autre cas, c’est Lattaquié, soit la côte-ouest syrienne, réputée être le front anti-Otan de la Russie en Méditerranée, puisqu’abritant deux de ses principales bases extraterritoriales, Hmeimim et Tartous, qui a été ciblée et que les missiles air-sol israéliens qui en ont été responsables, bien qu’interceptés et détruits en majorité par des batteries de « Pantsir S », sont parvenus, tout de même, pour deux d’entre eux à percer le puissant bouclier anti-missile russe et à s’abattre respectivement à 25 et 85 km de « Hmeimim » et de « Tartous ».
En 2018, cette culottée tentative israélienne de faire liquider les généraux russes au-dessus de Lattaquié, zone qui tout raison garder pourrait être la première à être assaillie, si jamais l’idée venait aux Otaniens de tenter une opération de débarquement comme celle qu’ils ont tenté, sans succès, en été et en pleine Crimée, a valu à Tel-Aviv l’apparition-choc dans l’arsenal syrien des batteries de missiles S-300 qui pour n’avoir jamais été activée depuis, continuent néanmoins à inspirer les pires craintes au camps d’en face.
S’il est vrai que depuis 2015, date de l’engagement militaire russe en Syrie sous une proposition iranienne, l’entité sioniste n’a perdu aucune occasion pour semer la zizanie entre les alliés russe et iranien de Damas, il est aussi vrai que cette première frappe « portuaire » depuis 2013 contre Lattaquié, sert largement de prétexte à avancer des commentaires journalistiques israéliens ou golfiens genre, « le choix de Damas d’octroyer en 2019 la gestion du port à l’Iran aurait déplu à la Russie … » ce qui aurait fait que « la Russie ferme bien les yeux sur ce raid parfaitement inhabituel.. qu’elle omette d’en alerter la Syrie voire de participer à la riposte » surtout que « le ministre syrien des A. E est en visite ne Iran pour raffermir les liens économiques mutuels »… ce qui encore une fois déplairait à Moscou ». Mais est-ce vraiment le cas ?
Vidéo: l'incendie déclaré dans le parc des conteneurs de Lattaquié après une frappe israélienne
Puis Tartous ou Hmeimim , c’est un peu le territoire russe si on en juge par ses accords Damas- Moscou qui ont permis de faire de ces deux bases les pendants méditerranéens d’Incirlik en Turquie ou Harir en Irak où Poutine a même déployé ses bombardiers stratégiques Tu-22 et dont l’intégrité lui importe beaucoup, surtout par ces temps bien troubles des liens Russie/OTAN marqués par une méga guerre à Donbass dont les médias ne parlent certes pas mais qui se déroulent avec férocité aux portes de la Russie. Ceci étant, ni le S-300 ni le S-400 n’ont tiré cette nuit de 7 décembre, quand les F-16 israéliens retranchés dans le nord de la Méditerranée se sont mis à lancer leurs projectiles sur les sacs à riz stockés à Lattaquié, un silence bien lourd de sens à moins d’y voir cette question que se pose un journaliste de SouthFront : « A Lattaquié y a-t-il un piège « russe » tendu à Israël ? »
Probable si on considère que Moscou pour cause de cette grande communauté russophone vivant l’entité ne saurait lever son quitus à une riposte syrienne contre Israël tant que les cibles militaires syriens sont visés et que le fait de frapper un port, qui plus est, est le principal poumon économique de la Syrie en pleine guerre ne pourrait rester sans réponse. A vrai dite, depuis la fin de novembre, et parallèlement au refus obstiné du Pentagone de se retirer de la Syrie, de nouveaux paramètres commencent à faire leurs apparitions sur la scène syrienne qui plaident tous en faveur d’un tournant dans la stratégie de la Syrie et ses alliés.
Et tout ceci, alors même qui les premières attaques à la bombe visant les convois militaires américains ont commencé à Hassaké et vont s’étendre à Deir ez-Zor où al Omar, Connoco ou al-Tanak, trois sites pétroliers occupés, ne sont plus ces havres de paix qu’ils étaient dans le temps par où se faisait piller le sous-sol syrien. Sur cette base une frappe aérienne israélienne contre Lattaquié ne pourrait qu’être ce royal alibi, ce déclic phare qui mettra le feu aux poudres anti-israéliennes et permettra à ce que la riposte contre Israël aille bien au-delà de ces SA-5 syriens « rebelles » qui de temps à autre débordent le ciel de la Syrie pour aller chasser les F-16 en plein ciel d’Israël quand ils ne vont pas droit vers Haïfa et ses installations gazières.
Après tout, les Sionistes russophones sont peut-être bien chers à Moscou mas pas autant que l’avenir énergétique de la grande fédération de la Russie en Méditerranée. Les accords d’Abraham littéralement ratatinés par l’axe de la Résistance dans le golfe Persique, les Emirats voire l’Arabie étant de plus en plus enclins à renouer avec l’Iran, il est grand temps que les effets s’en fassent aussi ressentir en Méditerranée orientale où Israël nourrissait il y a peu couper le transit du gaz russe vers l’Europe. Ces quelques mots particulièrement acerbes du MAE syrien, Faycal Meqdad à Téhéran où il a affirmé qu’une réponse « par avion » ne tarderait pas à être donnée aux raids aériens d’Israël, ne devrait guère pris à la légère, l’armée russe ayant commencé dès le 17 novembre à apprendre aux pilotes syriens comment se battre contre les F-16 israéliens une fois au volant des MiG-29…. Et ces MiG-29 décolleront de Lattaquié à destination de Haïfa.