Et si les agissements anti-iraniens auxquels est poussé le président Aliev trop incité par ses amis turcs et israéliens finissaient par produire l'effet inverse, c'est-à-dire qu'au lieu de priver l'Iran de sa projection géostratégique vers l'Europe, projection nettement renforcée par l'OCS interposée, ils en multipliaient l'ampleur? Visiblement c'est ce qui est en train de se produire. En reniant ses liens historiques religieux et civilisationnels avec l'Iran, Bakou s'est éliminé du corridor Nord-Sud tout en poussant l'Iran à se doter de deux connexions terrestre et maritime pour remplacer ces 21 kilomètres de route que la guerre de 44 jours du Haut-Karabakh a rétrocédés à l'Azerbaïdjan. Mais il y a plus : l’Iran décide de lancer 6 lignes maritimes régulières depuis les ports du nord de l'Iran vers les ports de Russie et du Kazakhstan ; cela aura pour conséquence de réduire le rôle de la République d'Azerbaïdjan dans l’exportation de marchandises vers la Russie. C'est important, surtout si un jour les deux pays décidaient d'ajouter un aspect militaire à leurs coopérations au sei de l'OCS.
Ces derniers jours, un accord a été conclu entre l'Organisation pour le développement du commerce d'Iran et la compagnie maritime Caspienne, l’accord en termes duquel 6 lignes maritimes régulières entre les ports du nord de l'Iran d’une part et de l’autre, de la Russie et du Kazakhstan seront lancées par la Compagnie maritime Caspienne.
« Dans la première phase, 6 lignes maritimes entre les ports du nord de l'Iran et les ports russes dAstrakhan et de Makhatchkala, ainsi que le port d'Aktau au Kazakhstan seront mises en place à partir du 1er novembre et la compagnie maritime Caspienne, représentant le transport maritime de la République islamique d'Iran procède à l'exportation de marchandises iranienne sur une base régulière et mensuelle.
Le lancement de ce projet sera une très bonne nouvelle pour les commerçants eurasiens, en particulier les exportateurs de marchandises à destination de la Russie, car pour diverses raisons, ce projet facilitera le transport de marchandises vers les voisins du nord, d’autant plus que la République d'Azerbaïdjan en tant que pays tiers en matière de transit et d'exportation de marchandises vers la Russie sera laissé de côté lors de la réalisation du projet.
Suite à l’augmentation des exportations iraniennes vers la Russie, la République d'Azerbaïdjan a multiplié des postes de douanes à Astara, provoquant des retards et une file d'attente de camions à la frontière, et ces événements ont entraîné une augmentation significative du fret et du temps d'expédition vers la Russie. En outre, tout cela a conduit à une baisse de la qualité et au pourrissement des produits d'exportations iraniennes vers la Russie.
Mais le lancement de lignes maritimes des ports du nord de l'Iran vers la Russie aura pour effet d’expédier directement les marchandises iraniennes vers la Russie sans avoir besoin de contribution d’un pays tiers. Par ailleurs, les commerçants et les exportateurs pourront également profiter des avantages de l'expédition.
« L'usage croissant de la mer Caspienne pour le commerce entre l'Iran et la Russie, en particulier dans un moment où la République d'Azerbaïdjan cherche des tensions avec son voisin, la République islamique d'Iran, c'est une étape très louable, car il serait possible une fois de plus qu'alors que les exportations iraniennes vers la Russie connaissent une bonne augmentation au second semestre de l'année, les événements de l’année dernière soient répétés à la frontière avec l'Azerbaïdjan et cela porte atteinte aux relations commerciales croissantes entre l'Iran et la Russie.
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En outre, un autre avantage important de l'utilisation des lignes maritimes pour l'exportation vers la Russie est le coût et le fret des marchandises, qui jouent également un rôle très décisif dans le coût du commerce international ; Il est clair que le transport maritime est moins cher que les autres modes de transport, mais le modèle et la manière dont il est mis en œuvre sont très importants pour déterminer le fret ».
Etant donné que le lancement de lignes maritimes dans la mer Caspienne a été sérieusement envisagé, des mesures devraient être prises et des mécanismes devraient être établis pour justifier l'exportation de marchandises de l'Iran vers la Russie via le transport maritime. Dans ce contexte, il est très important de prêter attention à deux points :
Tout d'abord, le navire doit se déplacer des ports iraniens vers les ports de destination en Russie à pleine capacité autant que possible. Selon le volume des exportations iraniennes vers la Russie de l'année dernière, qui était de plus d'un million de tonnes, il y a une possibilité que les navires se dirigent t à pleine capacité vers les ports russes comme Astrakhan et Makhatchkala, mais pour y parvenir, il est nécessaire de mobiliser les commerçants et les exportateurs pour créer une chaîne d'approvisionnement intégrée et unifiée. Il convient de noter que les exportations iraniennes vers la Russie sont principalement des aliments frais et de l'agriculture, qui sont hautement périssables, ils doivent donc être chargés dans les ports du nord du pays dès que possible pour être envoyés à temps vers la Russie.
Un autre point qui devrait être pris en compte est la route de retour du navire de la Russie à l'Iran, dans laquelle le navire devrait revenir à pleine capacité, car il est nécessaire de trouver une justification économique pour le coût total du transport maritime et le fret ultérieur pour les commerçants et les exportateurs.
Les exportations de l'Iran vers la Russie comprennent souvent des fruits, des légumes et en général des aliments frais qui devraient être exportés vers la Russie par des conteneurs réfrigérés, tandis que les exportations de la Russie" Vers l'Iran comprennent souvent des céréales qui sont chargées et transportées en vrac sur un navire. Cette inadéquation entre les marchandises d'exportation et d'importation et les différents types de transport peut empêcher les navires de se déplacer à pleine capacité en retour.
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Pour résoudre une partie de ce problème, il y a une solution : on peut se référer aux exportations de la Russie vers les pays du golfe Persique. La Fédération de Russie exporte chaque année plus de 5 milliards de dollars vers les pays du golfe Persique ; une partie de la nourriture et des marchandises doit être transportée par le conteneur doté d'un réfrigérateur, les autorités iraniennes et russes peuvent s’accorder sur le transport et le transit de ces marchandises à travers l'Iran afin que les navires iraniens transportant des marchandises vers la Russie transfèrent les marchandises russes vers les pays du golfe Persique à l’appui de leur capacité maximale. Par conséquent, le tarif pour transporter les exportations iraniennes vers la Russie pourrait être réduit autant que possible.