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On se livre dans ce texte un décorticage d’un rapport diffusé sur France 24 pour mieux comprendre les mobiles qui ont amené la France à risquer un second coup d’État en moins d’un an, puisque tout simplement le premier a été un total échec.
Actualité en Afrique :
Analyses de la rédaction :
1. Mali : décryptage d’un complot sans précédent
On se livre dans ce texte un décorticage d’un rapport diffusé sur France 24 pour mieux comprendre les mobiles qui ont amené la France à risquer un second coup d’État en moins d’un an, puisque tout simplement le premier a été un total échec.
« Militants actifs depuis la France lors de la dernière présidentielle malienne, Rehanna et Mamadou ont pris leurs distances avec la politique. Ils portent aujourd’hui un regard désabusé sur la crise de gouvernance dans leur pays et voient s’éloigner la perspective d’un retour. »
Dès le début du texte, France 24 est train d’insinuer que l’État malien n’existe plus, ses institutions comme l’armée et le parlement sont faibles et presque inexistantes. Ensuite vient cette phrase : « Ils portent aujourd’hui un regard désabusé sur la crise de gouvernance dans leur pays et voient s’éloigner la perspective d’un retour. »
C’est la première fois qu’un reportage encourage l’immigration et suggère que les Maliens d’étrangers ne peuvent plus rentrer sur leur sol.
« Une nouvelle fois l’armée reprend le pouvoir, on a l’habitude au Mali. » Insinuer une ingérence des forces militaires au pouvoir et une instabilité permanente de l’État malien à cause de cette ingérence alors même qu’on sait que ces interventions militaires de la France en 2013 qui, sous prétexte de lutte contre terrorisme, ont contribué à ébranler l’effondrement de l’État malien et continuent à chercher à l’affaiblir.
Voilà c’est la première fois que les médias français prescrivent le coup d’État comme remède à la corruption : « À l’époque, nous étions beaucoup à considérer qu’Ibrahim Boubacar Keïta n’était pas un président légitime. Le niveau de corruption est tel au Mali que seul un coup d’État peut permettre de tout remettre à plat et d’amorcer un réel changement. Mais cela implique la mise en place de réformes structurelles et pour l’instant, nous n’en voyons pas la couleur. »
Et comme le point de départ d’un réel changement, il s’agit d’un paradigme ancien, mais remis au goût du jour qui vient de faire son entrée dans la politique française en Afrique et les cas du Tchad, du coup d’État raté au Niger et de coup de force au Nigeria l’illustrent pleinement.
On est même enclin à demander si la France permettra un coup d’État armé pour qu’il y ait un réel changement dans un ordre politique que 90 % des Français dénoncent comme corrompu et inefficace.
« Craignant que le coup de force militaire mette fin au processus de transition démocratique, les alliés du Mali ont condamné avec force l’éviction du président et de son Premier ministre. Alors que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a initié une médiation pour la libération des prisonniers et la formation d’un nouveau gouvernement, la France, qui compte quelque 5 000 soldats engagés au Sahel, a menacé d’imposer des sanctions contre le pouvoir militaire… »
Dans cette seconde partie, il y a le remake de l’attitude française lors du premier coup d’État août 2020, le média reconnaît la parfaite immobilité et indifférence des 5 000 soldats de Barkhane stationnés au Sahel qui ne font en effet que tirer les ficelles, de provoquer des conflits et des violences en attendant que les Maliens s’entretuent.
Et puis d’ores et déjà, comme signe d’une implication directe de Barkhane dans ce second scénario de coup de force, France 24 décrit par témoins maliens interposés que toute sanction contre la junte revendrait à sanctionner le peuple malien.
Et puis cette nouvelle partie de récit médiatique de soi-disant reportage neutre de France 24 est une plaidoirie en faveur du maintien de troupes dans un Mali qui, grâce à l’action de l’armée au processus de réconciliation, impliquait des villages entiers où les villageois ont réussi à neutraliser les ex-terroristes et à les faire réintégrer dans la communauté. Il y est dit que « Mamadou craint notamment que l’instabilité aggrave encore un peu plus la situation sécuritaire du pays. Une situation jugée préoccupante par la force onusienne Minusma, qui a signalé une hausse importante des violences au premier trimestre 2021. »
L’allusion à Minusma trahit à quel point cet outil de la force d’occupation peinte aux couleurs onusiennes est désormais isolé, marginalisé par une population malienne qui n’y croit plus.
Mais la partie la plus intéressante c’est quand France 24 évoque la région de Kayes proche de la frontière mauritanienne, d’où serait originaire le jeune homme de France 24, c’est le retour à la politique française depuis 8 ans au Mali, l’amputation du pays du Nord touareg. Curieusement et selon France 24 c’est depuis le début de l’année que la situation s’est détériorée, façon d’insinuer qu’il faudrait au lieu de l’armée une présence des forces étrangères.
Mais France 24 n’en reste pas là : cette fois et pour ce second scénario de coup d’État au Mali, la France cherche à saper le fonctionnement étatique en visant carrément la capitale Bamako c’est ainsi que Rehanna craint pour la sécurité de sa famille vivant dans la capitale. Le plan saute aux yeux quand le témoin dit : « Pour l’instant, mes parents et mes sœurs n’ont pas eu de problèmes, mais nous savons que les jihadistes ne sont pas loin, souligne la jeune femme. »
Cela rappelle à peu près la marche des occupants français à Bangui où les rebelles recrutés par les Français ont tenté de faire marche sur la capitale avant de se heurter pleinement à la résistance de l’armée centrafricaine.
Tout ce reportage ne vaut rien si France 24 ne parvient pas à ce pourquoi ce média est payé, à savoir casser la dynamique anti-occupation au Mali et c’est justement à cette tâche que s’atèle la toute dernière partie du reportage :
« À l’époque, j’étais très enthousiaste et je pensais avoir un rôle à jouer dans la politique. J’essayais même de fédérer la jeunesse autour de projets pour le Mali dans la perspective d’un retour au pays, lance une ancienne militante, un brin nostalgique. Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’avoir passé trop de temps et investi trop d’énergie dans ces histoires. Je préfère me concentrer sur ma carrière. »
Devenue ingénieure en télécommunications au sein d’une grande entreprise française, l’ancienne militante a mis sur pause ses projets de retour. « Au Mali, on ne donne rien aux jeunes ; l’enseignement public est défaillant. Seuls les étudiants dans le privé ou ceux qui ont fait leurs études à l’étranger peuvent faire carrière. Dans ma situation, il est préférable d’attendre », conclut-elle.
Ici on voit à quel point l’engagement du peuple malien, son implication dans les moindres détails de la vie active de son pays, de son avenir politique pèse lourd sur une force d’occupation dont les plans ne cessent d’échouer les uns après les autres
France 24 appelle à une indifférence collective, à un laisser-aller et à un total inactivisme de la part des Maliens qui continuent à manifester dans les rues du pays pour exiger le départ de la force d’occupation
France 24 fait dire aussi à Mamadou : « Cela fait cinq ans que je suis ici, mais je suis toujours en attente de régularisation », explique-t-il. Il a trouvé son logement par le biais de connaissances, tout comme son emploi au sein d’une organisation humanitaire.
Et dire que la masse média mainstream ne cesse de présenter une image d’une victime d’une Europe qui encourage elle-même l’immigration par ces interventions militaires, ses guerres, ses pillages pour que les pays africains se vident de leurs populations et qu’ils soient beaucoup plus faciles de les occuper, de les vampiriser.
2. Golfe de Guinée : nouveau plan d’infiltration
Le golfe de Guinée est l’une des proies principales de l’axe US-OTAN. Depuis l’investiture de Joe Biden, la piraterie maritime dans le golfe de Guinée a battu des records. En effet, l’arrivée massive de la flotte militaire navale américaine, française et italienne doit pouvoir être justifiée pour prendre le contrôle de ces eaux et également de l’océan Indien.
Deux mois après l’appel du Maersk au déploiement d’une intervention militaire pour lutter contre la piraterie dans le golfe de Guinée, le mouvement s’amplifie dans le monde. Les Danois Torm et Maersk Tankers, l’Allemand Hapag-Lloyd, le Chinois Cosco… à l’initiative du Bimco, c’est au total une centaine de compagnies qui viennent de signer une déclaration.
Celle-ci appelle à une plus grande coopération entre les forces navales locales et étrangères pour tenter de mettre fin au phénomène. Plusieurs navires de pays de l’Union européenne patrouillent déjà dans la zone. Ses signataires réclament également un renforcement des capacités et un meilleur partage des renseignements entre les acteurs du shipping mondial.
Perpétrées pour l’essentiel par des pirates nigérians, les attaques de navires pour enlever leurs équipages et les échanger contre des rançons sont devenues particulièrement fréquentes ces dernières années dans le golfe de Guinée. Une zone qui s’étend le long de 5 700 km du littoral ouest-africain.
En 2020, 130 des 135 enlèvements de marins recensés dans le monde (soit plus de 95 %) ont eu lieu dans cette zone, selon un récent rapport du Bureau maritime international (BMI).
Une nouvelle justification pour montrer que la présence navale occidentale reste primordiale dans les eaux du golfe de Guinée.
En effet, la montée en puissance de la flotte navale de l’axe de la Résistance avec notamment l’Iran, la Russie ou encore la Chine, aurait inversé la tendance. L’Occident est pour l’instant prêt à mettre de côté la présence terrestre pour se concentrer entièrement sur la présence militaire navale aux points stratégiques tout autour du continent africain.