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Prochain clash après le Lori: pourquoi le renseignement israélien déconseille le face-à-face?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L'impact laissé par le tir du "missile de croisière iranien" le 25 mars contre le porte-conteneur Lori à Makran/Twitter

Ce curieux blocage du canal de Suez sous les faits de mauvais vents qui a fait perdre à l'Égypte quelque 840 millions de dollars en six jours, peu d'analystes occidentaux tendraient à y voir un coup des amis israéliens qui rappelons-le sont bien actifs depuis des années au Sinaï par Daech interposé contre l'armée d'une Égypte, bien glissante, dès que l'occasion se présente, des mains de repère US / Israël. Et pourtant cette hypothèse paraît élargir fiable quand on suit de près le contexte de cet événement: le canal de Suez sert 40% de transit marchand Chine-Europe, certes, le "Even Given" étant d'ailleurs un Mégaship sino- taïwanais, mais cette voie maritime stratégique fait aussi et surtout partie du corridor maritime anti-sanctions US que l'Iran a établi depuis des années pour faire parvenir à la Syrie, rien que pour prouver au camp d'en face que l'armée des sanctions est aussi rouillée que son arsenal militaire.

Certes, il y a aussi cette route terrestre reliant Iran-Irak-Syrie-Méditerranée avec un point de passage ultra-stratégique Abou Kamal/Qaëm que Biden a bombardé le 25 février, en représailles, a-t-il dit, aux tirs de missiles-choc contre la base US à Erbil et où il a appris à son corps défendant que la bulle de DCA syrienne s’est superbement élargie à l’est de la Syrie et que de surcroît, elle s’est lestée d’un contingent de guerre électronique à toute épreuve lequel a réussi sous les yeux ahuris de l’US Air Force à intercepter 5 des 7 missiles US tirés contre la base Imam Ali que détient d’une main de fer le "Kataeb Hezbollah". Mais cette route que l’axe de la Résistance veut plutôt «  ferrée » mettra du temps à devenir pleinement opérationnelle.

La fermeture du Canal de Suez aurait donc outre à l’Égypte, nui au transit énergétique Iran-Syrie, ce qui s’est d’ailleurs illustré par le rationnement rapide de l’essence, décidé par le ministère syrien de l’Énergie et annoncé au troisième jour de l’affaire "Even Given". Mais une analyse encore plus profonde de cet « incident » tendrait à le placer  dans un contexte bien plus large, vu la couverture que la presse israélienne en a fait, partagée entre moquerie à l’adresse du Caire « impuissant à dégager la voie », et soulagement, à l’endroit d’une Syrie qui « finirait par manquer d’essence très bientôt ». Que faut-il en comprendre ? Le 25 février au soir, une superbe base logistique flottante israélienne déguisée en méga cargo parking du nom de "MV Hélios Ray" s’est fait attaquer, à peine franchie le détroit d’Hormuz.

La double déflagration a mis hors service le bâtiment appartenant au Mossad avec à son bord 28 officiers venus tenter leur chance non loin du port iranien de Jask, bourré de bases et de sites militaires. L’enquête israélienne sur la double attaque aurait abouti à des informations que Tel-Aviv n’ose publier par crainte de terroriser les assureurs et les entreprises maritimes. Le 11 mars Israël, chargé depuis 2020, de l’aveu même du Wall Street Journal de mission  de pirater le corridor anti sanction US Iran-Syrie, s’prend à la hauteur de Haïfa, non loin de Baniyas au porte-conteneurs iranien «  Shar-e Kord Iran » avec à bord de l’essence destinée à la Syrie. L’attaque perpétrée par un missile de croisière israélien de type Nimrod ne provoque qu’un incendie mineur que le personnel maîtrise très rapidement avant d’accoster à Baniyas, sa destination, ce qui n’a pas été le cas de MV Hélios Ray, disparu totalement depuis février de la circulation. Après l’attaque, selon des fuites informationnelle, Israël aurait lancé une alerte à sa flotte marchande lui demandant d’éviter autant que faire se peut, le golfe Persique et le nord de mer d’Oman.

Mais c’était sans compter avec « les longs bras du CGRI ». La nouvelle riposte qui a définitivement fait tourner la page dite «  Patience stratégique maritime de l’Iran » est tombée le 25 courant, à Makran, soit en plein océan Indien et la cible, « le porte-conteneurs Lori » a été visé par « un missile de croisière iranien », à en croire la presse sioniste.  A quoi rime cette curieuse précision sur l’arme qui aurait visé le Lori ? Plus d’un analyste y verrait le signe de la double crainte d’Israël : primo, la riposte iranienne s’est produite à 1000 kilomètres des côtes iraniennes, ce qui signifie que le camp d’action maritime du CGRI est bien plus large que ce que croyait les Israéliens, aussi large que l’ensemble des mers de la région du golfe Persique a la Méditerranée en passant par la mer Rouge, si on ajoute aux tableaux les exploits « navals » dont est capable la Résistance libanaise, palestinienne et yéménite et qui semble désormais répondre aux impératifs d’une guerre en réseau infocentré". De là on en vient à un second constant, l’obstination israélienne à faire croire à une attaque « au missile de croisière » . Mais vu les rares images du Lori partagées sur les réseaux sociaux, l’arme de la riposte pourrait ne pas avoir été « un seul missile de croisière » ni une «  mine à patelle » qu’évoquent régulièrement les milieux de renseignement sionistes en référence aux capacités navales de la Résistance à en faire baver la marine marchande israélienne.

Lundi, alors même que la presse israélienne avait bien l’air d’être plutôt «embarrassée » par le tweet de Sissi ayant annoncé la fin de la seconde crise de Suez ( après celle des années 50), le renseignement militaire israélien réitérait pour la seconde fois en l’espace de 15 jours son avertissement : «  l’attaque contre le Lori a bien prouvé qu’en mers, le théâtre d’affrontement contre l’Iran et ses alliés n’est plutôt du tout ce qu’il était dans le ciel. Dans le ciel de la Syrie, l’axe pro iranien a mis des années avant de réagir contre la campagne intense de l’armée de l’air israélienne, une campagne somme toute aux acquis trop limités voire inexistants pour Israël puisque le CGRI « n'a pas seulement réussi à atteindre son objectif stratégique principal de garantir la survie de l’Etat syrien, à convaincre la Russie d’abandonner son entente tacite aérienne avec Israël mais encore Il a réussi à établir un front endormi contre Israël composé non seulement d’un arsenal balistique diffus mais encore de centaines de milliers d’effectifs « syriens » convaincus du mal qu’est Israël… Alors que l’axe de la Résistance consolide sa présence en Syrie, il semble qu’Israël n’ait pas de stratégie politique viable pour faire face à ce qui pourrait suivre dans la période post-conflit de la Syrie »

Cet avertissement signé l’ex-chef de Shabak Amos Yadlin de poursuivre : «  la riposte iranienne visant le Lori a faussé les calcules politiques israéliennes qui misaient trop sur un refus de l’Iran d’ouvrir un front de guerre navale totale contre Israël. Dans les mers, l’effet de dissuasion israélienne est aussi parti en éclat comme dans le ciel syrien. L’Iran ne restera les bras croisés désormais, prêt à élargir le champ de bataille. Surtout que le CGRI prend désormais part aux projets de reconstructions en Syrie et que le pétrole constitue un secteur de coopération clé. Israël dispose de 300 navires et cargos à travers le monde et la moindre attaque les visant lui infligera des milliards de dollars de pertes et tout ceci alors même que le commerce israélien se fait à 90% par des voies maritimes dont 12% via le détroit de Bab el-Mandeb que contrôle désormais Ansarallah. La somme avoisine 15 milliards de dollars par an. Israël est-il réellement capable de mener dans campagne de guerre dans la guerre en mer ? Pas si sûr »

Et Yadlin de conclure: «  et pour comble de malheur, vient s'ajouter à ce accord stratégique sino iranien signé il y a deux. Ou cet accord, outre d'être un poumon anti sanction pour l'Iran et la Syrie et leurs alliés, comporte une clause dangereuse sur l'échange des renseignements. Et dire la Chine, longtemps censée investir à Haïfa puis empêchée de le faire sous pression US a bien des choses à partager avec le CGRI…. ». Eviter une guerre navale ouverte contre l'Iran, guerre à laquelle même le CentCom a renoncé, ne vaut-il pas la fermeture du canal de Suez? Ce ne serait pas Yadlin qui y répondrait non ....

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SOURCE: FRENCH PRESS TV