Au Yémen, les protestataires en colère s’en sont pris au palais présidentiel al-Maachiq, le siège du gouvernement démissionnaire d’Abd Rabbo Mansour Hadi.
Dès que les protestataires sont entrés dans le palais, les forces saoudiennes ont évacué le Premier ministre et des ministres du gouvernement démissionnaire avant de les transférer à un lieu inconnu.
Selon Al-Alam, plusieurs ministres sont encore assiégés dans le palais.
Des manifestations contre le gouvernement démissionnaire de Hadi sont aussi en cours dans d’autres quartiers d’Aden.
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Les manifestants protestent contre les mauvaises conditions économiques et le prix élevé du carburant.
D’autre part, le Conseil de transition du Sud a appelé les militaires en retraite et les syndicats d’ouvriers à rejoindre les manifestations.
À noter que le Conseil de transition du Sud accuse le gouvernement démissionnaire de Hadi d’avoir accaparé le pouvoir.
Cela fait plusieurs jours que la décision d’Ankara d’acheminer un groupe de terroristes vers le Yémen fait la une des médias.
Le gouvernement turc a réorganisé au moins 300 terroristes, opérant dans les régions occupées de la province d’Idlib afin de les expédier sur les zones de combat à Maarib pour ainsi prêter main-forte aux miliciens du parti d’al-Islah, branche politique des Frères musulmans au Yémen.
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Le parti d’al-Islah a perdu, pendant l’année dernière, de grandes parties des régions qu’il avait occupées à Sanaa, à al-Jawf et dans la province de Maarib et il disparaîtra non seulement de la scène militaire, mais en plus de la scène politique au cas où il perdra Maarib d’où sa décision de faire appel à la Turquie pour l’aider à sortir de ce bourbier.
Après que les forces du Conseil de transition du Sud, affiliées aux Émirats arabes unis, eurent pris le contrôle d’Aden, avec le feu vert de Riyad, les Frères musulmans se sont sentis en danger et les dirigeants du parti d’al-Islah ont appris que les Saoudiens n’étaient pas en mesure de les soutenir. Dépités par l’inaction de l’Arabie saoudite, les dirigeants d’al-Islah ont donc changé de stratégie et se sont approchés plutôt du gouvernement d’Erdogan, ayant les tendances des Frères musulmans, afin d’éviter la reproduction du scénario du coup d’État contre les Frères musulmans en Égypte.
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Avec aide et assistance d’Ankara, le parti d’al-Islah compte pouvoir maintenir la ville de Maarib, renforcer ses positions à Taëz, repousser les miliciens pro-émiratis opérant sur le port stratégique de Mocha et atteindre les côtes de la mer Rouge.
À présent, les forces du Conseil de transition du Sud contrôlent le sud et le sud-ouest (le port de Mocha qui longe la mer rouge), alors que les combattants d’Ansarallah ont sous leur contrôle le nord de Taëz. Cela signifie que le parti d’al-Islah est quasiment assiégé.
Les Émirats arabes unis, qui s’opposent fermement au fait que les Frères musulmans prennent le pouvoir dans les pays arabes, savent que la Turquie pourra par son intervention déséquilibrer les rapports de force au Yémen au profit des Frères musulmans et que le contrôle des régions actuellement occupées par les miliciens pro-émiratis pourrait ainsi leur échapper.
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Là, ce qui fait peur le plus aux Émirats arabes unis est que l’intervention militaire turque au Yémen risque d’entraîner non seulement la chute des régions du sud et du sud-ouest, mais qu'en plus, le port stratégique de Mocha pourrait être occupé par le parti d’al-Islah, ce qui mettra en danger les intérêts des Émirats dans la mer Rouge et l’Afrique de l’Est.