Cette info que Wall Street journal a publiée peu de temps après que l’Iran eut médiatisé une attaque terroriste visant l’un de ses porte-conteneurs non loin des côtés ouest syrienne de Lattaquié, attaque qui a provoqué un léger incendie à bord, avant que le bâtiment, du nom de Shahr-e Kord, civile, non armée, non doté de DCA, de radars, … ne parvienne très rapidement à le maîtriser puis à accoster à Baniyas, port où l’Iran livre depuis des années de l’essence à la Syrie, au mépris total des USA et de leur ridicule régime de sanction, est à vrai dire une lame à double tranchante. Au fait en évoquant quelque 12 assauts déjà enregistrés contre le trafic maritime énergétique Iran-Résistance en mer Rouge et en Méditerranée, et en soulignant surtout que « sauf dans deux cas, ces attaques n’auraient été qu’insignifiantes, les bâtiments iraniens ayant suivi leur chemin sans accrocs », le journal juif américain met en cause les capacités de combat marine du camp qui pourrait en être l’auteur. Et évidemment c’est d’Israël qu’il est question.
Le Wall Street Journal écrit :
« Jeudi, une chaîne de messagerie étroitement associée à la marine iranienne a publié des photographies montrant un incendie à bord du navire iranien Shahr-e Kord près de Lattaquié, en Syrie. Il a dit que le navire avait été attaqué par des roquettes. Il n’a pas été possible de déterminer si l’incident était lié à d’autres attaques contre des navires iraniens. Les attaques attribuées aux Israéliens n'ont pas fait couler des navires, et les explosions ont forcé seulement deux navires à rentrer au port en Iran, retardant la livraison de carburant à la Syrie… Selon une personne proche du dossier, les responsables américains ont tacitement soutenu de telles attaques sous l'administration Trump. Les deux pays entretiennent une relation de partage de renseignements de longue date et les États-Unis ont soutenu les précédentes frappes israéliennes contre la Syrie. Au moins, il n'y a aucun signe que les États-Unis s’engageraient aux côtés d'Israël, disent les analystes. »
Conteneur Shahr e-Kord où l'incendie est rapidement maitrisé (Avia.pro)
C’est clair comme l’eau de la roche : L'USA ne comptent ni de près ni de loin à participer physiquement à ce nouveau front naval qui s’ouvre entre Israël d’une part et la Résistance de l’autre. Et c’est normal dans la mesure où le dernier face-à-face maritime US Navy/CGRI remonte en janvier 2021 quand un missile balistique de précision de type Sejjil d’une portée opérationnelle de 1800 kilomètres, et tiré dans le cadre des exercices de Grand Prophète-15 depuis le centre de l’Iran (Semnan), a échoué à quelques mètres du groupe aéronaval USS Nimitz, retranché dans le nord de l’océan Indien par crainte d’avoir à subir les éclats des « nuées de vedettes rapides combinées aux nuées de drones anti-navires, et tout ceci assaisonnée à la sauce des missiles de croisière ou encore des missiles balistiques iraniens ». La suite, on le connaît, au bout de deux ans de clash et d’incidents navales à succession avec l’Iran, l’USS Nimitz a pris les poudres des escampettes, a quitté le golfe Persique, laissant derrière lui un Frank McKenzie qui a décidé d’installer ses quartiers généraux maritimes non plus à la Ve flotte à Bahreïn, mais sur la côte ouest saoudienne (Yanbu, Taez, Tabouk). Il n’avait pas tellement tort puisque le 7 mars courant, cette même Ve flotte munie d’une épaisse couche de DCA PAtriot PAC, THAAD a lamentablement raté aux côtés des pièces annexes, déployées à Ras Tanura, à Khobar, à Dammam et à Dhahran une salve de 22 missiles-drones d’Ansarallah. Et dire que la côte ouest, que d’aucuns qualifient de colonies anglo-saxonne puisqu’elle compte outre un trafic fou quotidien de pétroliers, de portes conteneurs, de cargos... quelque 11 000 colons-fonctionnaires d’Aramco américains et britanniques et que tout compte fait, cette flopée balistique yéménite qui a fait trajet de 1200 km depuis Sanaa aurait bien pu s’abattre sur la Ve flotte et ses milliers de marines !
Alors en publiant cette info, le journal des Juifs américains qui comme l’a montré la présidentielle US du 3 novembre, ne porte plus tellement dans son cœur l’entité sioniste devenue « ventre mou de l’Empire » face à la Résistance, étend sournoisement le front naval Empire-Résistance à la Méditerranée... et il le fait involontairement aux dépens de l’entité. Car si l’attaque terroriste contre Shahr-e Kord est un coup israélien, c’est royalement raté et si c’est un riposte au ciblage mystérieux de Helios Ray, ça l’est doublement :
« Le Shahr-e Kord aurait été la cible d’une attaque, le 10 mars, alors qu’il naviguait en Méditerranée orientale, en direction du port syrien de Baniyas, situé entre Tartous et Lattaquié. En tout cas, sur des images du porte-conteneurs iranien diffusées via les réseaux sociaux, on peut voir de la fumée s’échapper de la cargaison... En outre, selon les données de navigation publiées par l’entreprise de sécurité maritime Dryad Global, le Share-e Kord a navigué normalement jusqu’à la hauteur de Haïfa [Israël], avant de prendre un cap à 180°. Puis il a ensuite repris sa route vers Baniyas… Si le bâtiment aurait été visé par un missile de croisière comme le disent certains rapports, c’est loupé. Même à en juger les images et à les comparer avec celles publiés de Hélios Ray, l’échec est indéniable : la seule fente laissée par le supposé missile de croisière israélien est minime et n’a rien de ce double trou de près de 2 diamètres qu’avait provoqué le secousse du 26 février chez Hélios Ray. Et puis on ne sait toujours pas si c’était un missile, une mine ou autre chose surtout que les sources proches des Iraniens, la chaîne Al-Mayadeen en l’occurrence vient de publier une vidéo qui évoque l’origine « interne » de l’attaque à bord du navire cargo israélien. »
Ce cap Tartous-Baniyas-Haïfa où Shahr-e Kord a été ciblé par une attaque terroriste risque-t-il désormais de devenir le « Golan naval » de la Résistance ? Probable. Éternel pirate israélien y aura-t-il le dessus dans tout clash à venir dans cette même zone ? Moins probable.
À peine quelques heures après la « première » médiatisation de l’attaque « terroriste » israélienne contre le cargo iranien, deux annonces croisées ont eu lieu ce 12 mars dans les médias iraniens : la première, celle du contre-amiral Hossein Khanzadi, commandant en chef de la marine iranienne, qui a déclaré que la marine dispose d’une « collection d’équipements », y compris « d’une variété de missiles intelligents ». Le contre-amiral a fait sans doute allusion à cette nouvelle génération de missiles de croisière de courte et de longue porte, largement testés ces derniers temps en océan Indien et en mer d’Oman, dont certains ayant atteint des cibles situées à 280 km de distance. Khanzadi a ajouté : « L’Iran se situe au cœur énergétique du monde et ses longues côtes lui fournissent l’occasion d’étendre son action en vue de protéger la route énergétique de la Résistance ».
Et n’en déplaise aux Sionistes, cette route énergétique inclut pleinement la Syrie. Avec une demande journalière de 4,5 millions de litres d'essence en Syrie, dont 1,5 million de litres uniquement consommés à Damas, il ne pourrait pas autrement. Surtout que la destruction des raffineries et des installations pétrolières par les agents kurdes et takfiristes des USA, puis la contrebande du pétrole syrien par l’Amérique elle-même, fait de ce transit anti sanctions un enjeu géostratégique. On sait que la Syrie ne produit que 24 000 des 100 000 barils de pétrole dont elle a besoin au quotidien. La plupart des puits de pétrole syriens se trouvant dans la région du nord-est contrôlée par les groupes terroristes, l’allié iranien de la Syrie travaille à un double mécanisme : exporter l’essence excédentaire iranien en Syrie et transférer, en échange, une partie des produits des raffineries syriennes tels que l'essence et le diesel puis investir dans des projets de reconstruction et de modernisation des raffineries syriennes sous forme d'un contrat BOT (construction, exploitation et transfert) et percevoir en contre partie une part des ventes de produits, compte tenue des capacités de l'industrie pétrolière de l’Iran. Cela s’appelle rendre stérile la casse du signe signé US et visant le pétrole syrien.
Et c’est là qu’on revient à la seconde annonce officielle iranienne faite ce vendredi 12 mars, peu après la médiatisation des l’attaque contre le navire Shahr-e Kord et elle appartient au commandant en chef de la Force Qods le général Qaani : « Israël s’entoure des murs et des murs… Mais qu’il en soit sûr et certains, nous allons briser ses murs… et le monde entendra le moment venu le bruit de leur écroulement ».
À l’heure où Abou Dhabi travaille follement à ériger une base navale pour Israël, à Mion cette île occupé yéménite près du détroit de Bab el-Mandeb, la Résistance elle aussi étend sa présence en Méditerranée. Après tout rien ne dit que la Russie dont les liens entrent visiblement dans un tournant avec l’axe de la Résistance n’ouvrirait pas les portes de Tartous à la flotte de guerre iranienne, comme elle l’a fait à Hmeimim qui accueille les vols militaires iraniens depuis quelque temps. À ce rythme Tartous pourrait accueillir très prochainement "Jask-2" iranien, ce missile de croisière embarqué à bord du sous-marin furtif Ghadir. Jask-2 est en effet un projet stratégique, parfaitement iranien et rare en termes de portée et de complexité qui fait classer l'Iran parmi les 10 pays du monde qui le maîtrise. Il a tout bonnement doté des sous-marin furtifs iraniens de missile de croisière de type Nasr de façon à ce qu'il soit tiré en immersion sans se faire ni traquer ni intercepter. Pour un Israël qui a déjà du mal et après des milliards de dollars dépensés en DCA d’intercepter dans le ciel les « roquettes »de la Résistance, ce serait une calamité que d’avoir à les intercepter en mer. Surtout que Ghadir est le premier sous-marin léger de production en masse dans le monde, à avoir tiré des missiles de croisière anti-navires (SLBM, submarine launched balistic missile), Ce serait aussi une occasion de prouver que l’arsenal asymétrique navale iranien ne fonctionne pas que dans le golfe Persique que les spécialistes occidentaux ne cessent de qualifier de « peu profond » pour minorer les acquis iraniens. Ghadir a un moteur BLDC et les spécialistes savent que ce sont des moteurs plus petits que les moteurs électroniques conventionnels et surtout sans bruit et excellent pour des opérations surprises.
Quant au projet Jask-2 qui pourrait effectivement manifester sa force contre Israël et en pleine Méditerranée, il emploie le missile Nasr qu’il place à l'intérieur d'un couvercle en forme de torpille et qui est tiré des réservoirs standard de 533 mm. Puis, à l'approche de la surface de l'eau, la coque extérieure est détachée et le missile est tiré sur la cible. Tout un mécanisme pour bien surprendre. Et puis Nasr est bien différent de ce missile de croisière de pacotille ayant visé le conteneur iranien Shahr-e Kord. Avec une longueur de 3,5 m et un diamètre de 28 centimètres, Nasr-1 est un missile anti-navire à courte portée ayant une masse de 350 kilogrammes au lancement. Sa vitesse s’élève à presque Mach 1 et sa portée atteint les 35 kilomètres. L’engin est en mesure de causer des explosions fatales dans le corps des navires ennemis. D’autant plus que sa capacité à être guidé par les systèmes radar et télévisuel assure son interception jusqu’à ce qu’il touche sa cible. Décidément ce front naval qu’Israël vient d’ouvrir contre la Résistance à sa porte n’a rien de commode et encore on ne perle ni des commandos marines de Gaza ni des missiles anti-navire du Hezbollah.