Des avions turcs utilisés par l'Arabie saoudite pendant la guerre au Yémen ... et des informations sur le début du recrutement de mercenaires syriens à Idlib par Ankara pour combattre à Maarib ... L'Arabie saoudite a-t-elle demandé l'aide d'Erdogan dans sa guerre au Yémen? Quelle est la position des Emirats Arabes Unis, allié de Riyad ?
Le Sultan se jette tête en avant dans une nouvelle aventure ! A peine quelques heures après la spectaculaire opération d'Ansarallah contre la côte est saoudienne, la Turquie l'a pour la première fois depuis le début de la guerre au Yémen condamnée et a officiellement exprimé sa solidarité avec l'Arabie saoudite , se plaçant littéralement contre la Résistance. Parallèlement à ses agissements en Ukraine où il dit vouloir rendre la Crimée à Kiev et alors même qu'il s'apprête à faire main basse sur Sinjar en synergie avec le duo Biden-Austin, le sultan Erdogan compte -t-il secourir Ben Salmane noyé dans les sables de Maarib? Le communiqué publié par le ministère turc des Affaires étrangères est net: « La Turquie est aux côtés de l'Arabie saoudite et de son peuple face aux attaques des Houthis qui visent les installations pétrolières saoudiennes.»
Et d'ajouter : « Nous exprimons notre inquiétude face aux attaques qui ont récemment ciblé le territoire saoudien, en particulier celles qui ont visé le port de Ras Tanura et les installations d'Aramco à Dammam dans le Royaume d'Arabie saoudite. »
Selon un article de Rai Al-Youm, il s'agit de la position officielle turque, issue des tractations en coulisse sur fond de la demande empressée saoudienne à la Turquie de l'aider militairement dans la guerre au Yémen et dans la bataille de Maarib face à la Résistance. Il est donc probable qu'Ankara ait fini par accepter avec enthousiasme d'entrer dans la ligne de bataille à Maarib, d'autant plus que le Parti frériste al-Islah participe à la bataille aux côtés de l'Arabie saoudite. Ceci dit, Erdogan est allé un peu vite à la besogne. Des terroristes de HTS sont en ce moment même embarqués à bord des avions pour les fronts yéménites, comme ce qui s'est passé en Libye et dans la région du Haut-Karabakh. Suivant le même modus operandi, le Sultan fait des listes, promet aux terroristes de gros salaires et les envoient au front. Et tout ceci mis à la sauce des drones turcs qui sur fond d'un succès mitigé ultra médiatisé par les médias de l'OTAN auraient là encore retrouvé le chemin de Maarib, Ankara ayant fourni à Riyad des drones « Karayel », des drones de combat « Bayraktar ». Ces expéditions auraient commencé en effet aussitôt après l'annonce de la fin de l'assistance militaire US à l'Arabie, solidarité et échange de rôle au sein de l'alliance transatlantique et Cie l'obligent», souligne l’article de Rai Al-Youm.
D'ailleurs, le porte-parole des forces armées yéménites, Yahya Saree, avait annoncé qu'un drone d'espionnage « Karayel » de fabrication turque appartenant aux forces saoudiennes avait été abattu dans l'espace aérien du gouvernorat d'al-Jawf soulignant que l'avion effectuait des « missions hostiles » dans l'espace aérien de la région d'Al-Marazeeq dans le gouvernorat d'al-Jawf. En choisissant de faire la guerre à Ansarallah, le Sultan a-t-il fait le bon choix?
On comprend que le ministère saoudien de la Défense recherche une alternative à l’absence de conseillers militaires US, qui après leur départ, ont quasi alité des avions de chasse saoudiens. Les Turcs présentent un bon choix, ayant été formé à l'école de l'OTAN surtout que Ben Salmane ne peut ne pas tenir compte du succès limité d'Ankara dans le Haut Karabakh. Ceci étant, ce lien contre-nature nuit à deux parties, Ben Salmane et Erdogan ayant l'air de la carpe et du lapin après l'affaire de l’assassinat de Jamal Khashoggi.
Et puis, l'implication de la Turquie dans la crise yéménite amènera le Qatar à se méfier d'Erdogan; parce que c'est un signe d’opportunisme et de refus des principes et d'alliance stratégique depuis quelque temps tissé entre Doha et Ankara. Mais le pire das tout ceci, c'est que la Turquie atlantiste vient de se mettre face à l'axe de la Résistance. Le gouvernement de salut national yéménite est un allié stratégique de l'Iran, et la récente décision de la Turquie poussera l'Iran, un peu comme en Syrie et dans le Haut Karabakh à prendre la contre partie d'Ankara et on l'a vu depuis dix ans c'est Ankara qui perd à ce jeu. Pour Ansarallah qui a mis au pas les armées de 17 pays alliés à coup de missiles et de drones, facile de faire une bouchée de pain de l'armée turque. Le soutien militaire d’Ankara à l'Arabie saoudite ne changera rien à l'équilibre militaire. A moins de voir à travers ce geste d'Erdogan, un autre piège à l'adresse de Riyad, on a du mal à applaudir l'idée. Le "Sultan" se goure encore".