Bachar Jafari n’apprécie pas la langue de bois : son appel bien direct à l’adresse de la Chine et les pays du G 77 à qui il a demandé une intervention censée mettre un terme au pillage des ressources syriennes par les États-Unis mérite bien réflexion. En effet, le représentant permanent de la Syrie auprès de l’ONU a souligné que la Syrie comptait sur le précieux soutien du Groupe des 77 (G77) et de la Chine pour mettre fin au pillage de ses ressources naturelles et à l’occupation étrangère de ses terres. Dans son discours lors de la première visioconférence au niveau des ambassadeurs du Groupe des 77 et de la Chine pour l’année 2021, présidée par la Guinée, Jaafari a déclaré que les défis auxquels notre monde était confronté aujourd’hui étaient énormes, comme dans un temps très court la pandémie de coronavirus a paralysé les efforts déployés pour réaliser le programme de développement durable pour 2030 alors que l’épidémie avait révélé la fragilité de notre monde et montré à quel point nous étions interconnectés.
« La coopération multilatérale a toujours été le meilleur moyen de surmonter tous les défis mondiaux », a-t-il entériné. Et de poursuivre : « Malheureusement, certains gouvernements choisissent l’unilatéralisme, y compris l’imposition de mesures coercitives illégales et unilatérales, au moment où nous avons besoin de solidarité, de coopération et de travail collectif pour la mise en œuvre de l’agenda 2030 et des objectifs du développement durable loin de l’unilatéralisme ».
Il a souligné que la solidarité entre les membres du Groupe a toujours été la clé de son succès depuis sa fondation, qui a permis aux États de défendre leurs intérêts. Or cette adresse à la Chine est particulièrement significative. Certes, Pékin a jusqu’ici appuyé Damas en termes de reconstruction, mais par les temps qui courent, cet appel pourrait être compris aussi militairement. À quoi cet appel ? Il y a deux jours le PM syrien a évoqué des opérations de sabotage en pleine mer visant ces dernières semaines sept pétroliers syriens dont deux en mer Rouge. Ces sabotages, a dit le Premier ministre, ont valu l’arrêt de la livraison de l’essence au pays surtout au niveau du port de Baniyas et partant la pénurie d’essence.
Sans nommer la partie qui en est l’origine. Évidemment, les yeux se tournent vers les États-Unis ou Israël qui accompagnés de Riyad et son Aramco continuent à piller le pétrole syrien et à le trafiquer vers l’Irak voisin. « L’allusion faite à la mer Rouge par le Premier ministre syrien situé carrément la zone du conflit où les États-Unis et leurs alliés usent désormais de la force pour couper le corridor maritime anti-sanction US qui s’est établie entre l’Iran et la Syrie. L’Iran vient d’installer une patrouille maritime permanente dans cette zone et est prêt à en découdre avec les “pirates de mer US/... assoiffés” de pétrole, mais la mer Rouge et le détroit de Bab el-Mandeb comptent aussi un acteur chinois à travers cette grande base navale que Pékin possède à Djibouti. Les bonnes relations Pékin et Ansarallah pourraient par ailleurs contribuer à créer un front naval antipiratage de mer », note un analyste russe cité par Avia.pro qui ajoute :
Quant à la Russie, elle a déjà joué ce rôle en Méditerranée quand il a escorté fin 2020 un pétrolier iranien voulant accoster à Baniyas. Après tout, le Groupe des 77 aux Nations unies est une coalition de pays en développement, conçue pour promouvoir les intérêts économiques et politiques collectifs de ses membres et créer une capacité de négociation accrue aux Nations unies. Le Groupe des 77, plus la Chine, est actuellement le groupe le plus important et le plus puissant des Nations unies, avec 136 États membres. L’agence de presse officielle syrienne, SANA a également rapporté mardi que les occupants américains, en collaboration avec les Forces démocratiques syriennes (FDS), continuaient à voler quotidiennement du pétrole brut syrien des champs pétrolifères d’al Jazira. Les Américains ont récemment développé des pipelines à travers le Tigre jusqu’au territoire irakien. Il est peut-être temps que la dynamique de piratage de mer US/allié soit brisée.