Que s’est-il passé au juste dans la nuit de 12 au 13 janvier à l'est de la Syrie? La Résistance a-t-elle perdu une bataille contre l'axe US-Israël alors qu'elle lui promet "une mortelle riposte"? Interrogé par Sputnik, le général de division al-Nizar al-Khader, commandant en chef de la 17ème division de l’armée syrienne apportent quelques intéressants éclaircissements qui contredisent le flot désinformationnel de ces dernières heures. Selon le général, "des avions F-16 d’Israël envoyés par l’US Air Force dans le ciel d’al-Tanf avaient pour mission pas tant de frapper Deir ez Zor, Abou Kamal, al-Mayadin que de briser le « mur aérien » créé par l’armée syrienne et russe au nord du périmètre dit de 55 kilomètres que l’Amérique a établi dans le ciel de la zone, à défaut de pouvoir briser au sol, l’encerclement total de ses troupes basées à al Tanf.
« L’opération renvoie en effet droit, ajoute le général, à une tentative désormais habituelle de l’administration US visant à recomposer Daech via l’endiguement des opérations aériennes syriennes et russes ou leur compromissions, lesquelles opérations conjuguées aux raids au sol continuent à étouffer dans l’œuf Daech renaissant. Ni l’arrivée massive ces derniers jours à al-Tanf des chefs de guerre daechistes depuis Hassaké où ils étaient retenus par les FDS ni leur ralliement aux rangs de la milice terroriste d’al-Maghawir al-Thura, n’a été de grand recours, aucune offensive majeure daechiste contre l’armée n’ayant pas été possible et les opérations terroristes s’étant réduites à quelques lâches attaques contre des bus de civils ou de soldats à Badiya al-Chaam, théâtre d’intenses frappes aériennes syro-russes. »
Mais ce que le général ne dit pas c’est que la vaste campagne de frappe à B-52 US, tant promise depuis des semaines contre l’Iran et ses sites nucléaires voire énergétiques avec en perspective la paralysie totale du nucléaire iranien qui à l’heure qu’il est, produit à grands pas l’uranium enrichi à 20% pour passer très bientôt à 90%, s’est trouvée soudain réduite dans cette nuit de 12 à 13 janvier 2021, à une frappe spectacle visant non pas Fordo ou Natanz mais bien al-Mayadin et Abou Kamal, certes situés sur l’axe stratégique Iran-Irak-Méditerranée mais qui reste néanmoins un front de combat bien actif, situé aux portes d’Israël et non pas aux portes de l’Iran. Net changement de paradigme en dépit des mois de campagnes de bombage de torse US-Israël? Visiblement.
A peine trois jours avant que cette quatrième frappe stérile de l’entité depuis le début de 2021 n’ait lieu, quelques 800 chercheurs et universitaires iraniens ont signé une lettre à l’adresse du commandant en chef du département aérospatial de la Force Qods où ils ont appelé à ce que « la moindre tentative de violation de l’espace aérien ou maritime iranien » voire « son rapprochement même par les avions ennemis (B-52 ou l’USS…) soit immédiatement ripostée comme en juin 2019 quand la DCA iranienne a abattu un RQ-4 Us dans le ciel du sud du pays, noyant à jamais sa réputation. Les observateurs ont souligné d’ailleurs que ces chercheurs venaient tous des milieux spécialisés dans la cyberguerre et que cette lettre disait ce qu’elle voulait bien dire à savoir l’Iran aurait de quoi provoquer en plein ciel iranien la chute d’un B-52 US. Mais cette lettre avait aussi un autre message à faire passer au camp d’en face : « le ciel du Moyen Orient vous échappe ».
Cela a été le cas à Abou Kamal ou al-Mayadin ? Pas en apparence, la totalité des analystes ayant décrié l’absence de la DCA en Syrie orientale voire les batteries de S-300. Mais c’est là aller trop vite en besogne.
Al-Monitor écrit :
Et l’article d’ajouter : « Jusqu'à présent, aucun rapport n'a fait état de frappes visant la base aérienne T-4, une plaque tournante de longue date pour le matériel iranien. Signe que l’armée de l’air israélienne a bien peur de tout ce que l’Iran pourrait y avoir déployé sur toutes les batteries de Bavar 373 qu'y seraient positionnés à la faveur d’un pacte militaire signé en juin 2020 entre l'Iran et la Syrie, pacte qui a eu le soutien russe. On croit comprendre que pour cette frappe israélienne du 12 janvier, l’Iran n’a pas jugé opportun d’activer ses batteries de missile antimissiles pour la simple raison que les F-16 israéliens n’ont pas osé franchir le « rubicon ». Pour le reste, l’opération que l’OSDH décrit comme étant massive et bien dévastatrice n’en était pas une dans la mesure où le principal front Israël/Iran se place comme chacun le sait non pas sur la route Abou Kamal-Qaem mais bien au Golan. Le raid a soigneusement évité la base « Imam Ali » dotée, dit-on, de silos à missile souterrains pour se contenter des bâtiments de surface vides. On remarque d’ailleurs qu’Israël n’a pas risqué de lancer pour la quatrième fois consécutive ses raids depuis le ciel du Golan, ses quatre dernières attaques depuis décembre ayant été toutes lancées depuis la Galilée ou la Jordanie. »
Et de conclure : « La frappe du mardi soir qui à en croire l’AP aurait été décidée autour d’une tasse de café partagé par le couple Pompeo-Cohen au café Millano de Washington, l’aurait donc été sur base d’une très complexe ensemble de calcul politique pour éviter que l’Iran et ses alliés ne se mettent pas davantage en colère alors même que tout indique qu’ils attendent Biden pour décider du comment et du quand de leur riposte. Une manœuvre de diversion de fin carrière Pompeo/Netanyahu ? Peut-être mais c’est symptomatique : même en Syrie, et même en l’absence de la DCA russe, l’armée de l’air israélienne n’est plus trop libre d’agir tout comme l’US Air Force qui se cache derrière IDF pour éviter l’ire du CGRI. Car au sol il y a toujours des soldats US en Irak et en Syrie qui craignent pour leur vie. »
Photos : frappe du 12 janvier/https://iswnews.com/
Et bien justement, à peine le raid contre l'est syrien échoué, la TV syrienne, Al-Ikhbariya a annoncé mercredi soir l’entrée d'un convoi militaire américain de 60 véhicules via la frontière irakienne en Syrie, un convoi militaire composé de 60 camions, transportait du matériel militaire et de la logistique américains à destination des bases militaires illégales de l’armée américaines dans la banlieue d'al-Hassaké et de Deir ez-Zor... plus d'un analystes diraient que c'est là encore du show off au moment où le Pentagone s'est emparé du Capitole pour éviter des attaques au drone ou au missile le jour de l'investiture du futur président des Etats "désunis"...