Le Venezuela dévoile une nouvelle conjuration américaine : il s’agit du feu vert du président sortant américain à la CIA pour lancer des opérations secrètes et terroristes contre les infrastructures-clé du pays sud-américain. Mais de quoi a peur l'Amérique? De l’émergence progressive d’une alliance forte dans l'hémisphère sud, dont le potentiel militaire risque de mettre fin à jamais à l’hégémonie américaine dans la zone stratégique des Petites Antilles, riche en réserves de pétrole, dont la majeur partie appartient au Venezuela.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a déclaré mardi (heure locale) que l'administration Trump avait chargé la CIA de mener des opérations terroristes au Venezuela. « Ils ont donné à la CIA le feu vert pour mener des opérations terroristes et secrètes contre les secteurs du pétrole et de l'électricité et les centres militaires et électoraux », a-t-il déclaré lors d'une visioconférence. Une « unité des opérations spéciales » vient d'être créée et est « chargé de contrer d’éventuelles actions subversives des États-Unis sur son territoire », a-t-il indiqué. La nouvelle unité aura « la capacité d’agir dans n’importe quel endroit du pays en temps réel 24 heures sur 24 », a déclaré le chef de l’État vénézuélien.
Maduro a révélé vendredi dernier qu'un espion américain faisait partie des forces de la Marine US en Irak. Dans ce cadre, le procureur général vénézuélien a déclaré lundi qu'il avait l'intention de perturber le réseau électrique et les raffineries du pays. Le principal procureur du Venezuela, William Saab, ayant déclaré que trois complices de l'espion américain avaient été arrêtés par les forces de sécurité. Les forces vénézuéliennes bénéficient-ils de l'appui des forces qui combattant l'hégémonie US? Visiblement. Cela fait des mois que les conseilleurs militaires iraniens sont présents en République bolivarienne.
The National Interest y revient et explique la triple raison de la crainte US :
« Au moment où les États-Unis ont mobilisé tous leurs moyens pour renverser le gouvernement de Maduro, il n'est pas question de sous-estimer le sujet sensible du déploiement d’armes et de missiles iraniens au Venezuela ». C’est ce qu’a de même reconnu la publication en ligne The National Interest.
Le magazine américain rapporte que l’achat de missiles iraniens par le Venezuela a tiré la sonnette d’alarme à Washington. Les récentes expéditions de pétrole iranien en échange d'or démontrent le fervent engagement de la République islamique envers son partenaire malgré les sanctions américaines et la distance géographique. L’expiration de l’embargo des Nations unies sur la vente d'armes contre l’Iran en octobre pourrait lever un obstacle majeur aux projets du pays d’exporter des missiles vers le Venezuela. Alors que les États-Unis ont remis au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution proposant de prolonger l'embargo sur les armes contre l'Iran, l'absence d'un soutien international à cette initiative est en faveur de Téhéran qui peut prévoir des ventes une fois que l'embargo sera levé. L'Iran serait tenté d'exploiter une occasion de faire pression sur les États-Unis avec ses missiles et de contrer ce qu'il perçoit comme un encerclement stratégique par Washington et ses partenaires dans la région du golfe Persique.
The National Interest propose d'examiner les impacts d'un déploiement de missiles iraniens dans l'hémisphère sud de l’Amérique :
« Premièrement, le déploiement de ces missiles pourrait avertir des nouvelles tensions entre le Venezuela et ses voisins (où l’armée américaine a déployé ses bases et effectifs militaires). L’armée vénézuélienne a déjà mené des exercices militaires le long de la frontière du pays avec la Colombie pour simuler une défense contre une invasion. Cependant, de telles manœuvres ont agacé la Colombie, qui a dû mettre ses propres forces en état d'alerte. De nouveaux missiles iraniens au Venezuela pourraient enhardir Maduro à être plus vocal dans sa rhétorique belliqueuse et à organiser des exercices supplémentaires en toute confiance dans la protection que ces moyens fournissent au gouvernement vénézuélien. Ces mesures pourraient insécuriser encore les voisins du Venezuela et déjouer désormais toute tentative de renverser le président Maduro.
Toujours selon la publication américaine, « si Téhéran exportait des missiles vers le régime de Maduro, cette vente pourrait amener le commandement sud des États-Unis à demander des ressources supplémentaires, telles que des drones, des intercepteurs de missiles et des destroyers. Ces demandes pourraient priver d'autres théâtres, à un moment où les États-Unis sont engagés d’une part dans une guerre de nerfs avec l’Iran et de l’autre, dans une concurrence stratégique avec la Russie et la Chine dans d'autres parties du globe ».