Ce que la Tunisie a fait au Conseil de sécurité en se refusant de jouer le jeu des Américains, en s'abstenant de voter en faveur d'une résolution anti-iranienne qui visait à préserver la supposée supériorité de l'armée de l'air sioniste, a prouvé une nouvelle fois que le scénario émirati n'a aucune chance de se reproduire en Afrique du Nord. En effet, les États-Unis ont usé et abusé de tous les stratagèmes, promesses d'aide, menace, intimidation pour pousser la Tunisie à voter contre l'Iran. Une Tunisie aux portes de qui agit l'OTAN, et ce de manière menaçante. Or, en s'abstenant de voter pour le prolongement de l'embargo sur le commerce d'armes avec l'Iran, la Tunisie a prouvé une nouvelle fois que l'Afrique du Nord n'a rien des monarchies du golfe Persique et que la Résistance y a de solides alliés.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a rejeté, vendredi, le prolongement de l’embargo sur les armes contre l'Iran qui expire en octobre prochain. Un rejet qui a suscité l'ire des États-Unis qui ont dénoncé un vote « inexcusable ».
Et pourtant, les États-Unis avaient tout fait pour que la Tunisie vote en faveur du texte US! Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo avait d'ailleurs alimenté, le 8 août, beaucoup d'espoirs à ce sujet via un tweet dans lequel il qualifié son entretien avec le président tunisien Kaïs Saïed de « productif ». « Les relations américano-tunisiennes sont solides et les États-Unis sont prêts à appuyer davantage la Tunisie à tous les niveaux ». Gros mensonge! Outre avoir poussé la Turquie à envahir la Libye et les Émirats à soutenir Haftar et donc à attiser le feu d'un conflit interlibyen qui n'a vraiment lieu d'être et ce, dans le strict objectif de déstabiliser la Tunisie et l'Algérie, l'assistance US à la Tunisie a consisté à faire par réseaux d'agents interposés en sorte que la saison terroristique tourne toujours au vinaigre et que le pays en vienne à s'endetter auprès du FMI.
Les ballets diplomatiques américains pour faire aligner la Tunisie sur les politiques anti-Iran, débuté en juillet où le représentant spécial des États-Unis pour l'Iran et conseiller principal en politique auprès du secrétaire d'Etat américain, Brian Hook, a effectué une visite officielle en Tunisie, ne se sont pas avérés trop convaincants.
Le vendredi 24 juillet 2020, en marge de sa première visite officielle en Tunisie, Brian Hook avait affirmé que son pays demeurerait un partenaire solide pour la Tunisie et un allié durant cette "période importante" où elle s’apprêtait à former son nouveau gouvernement. Manière aussi de menacer le président et de lui faire comprendre que l'Amérique pourrait jeter l'ombre sur la formation du nouveau cabinet. Mais c'était sans compter avec un président tunisien, un Etat et une nation tunisiens foncièrement indépendants et littéralement anti-israéliens.
La Tunisie s’est abstenue de voter tout comme les alliés européens de Washington. Les États-Unis se trouvent désormais de plus en plus seuls face à l' Iran.
Cependant, ce n’est pas la première fois que la Tunisie refuse de collaborer avec le camp occidental. En juin dernier lors d’une visite à Paris, le président tunisien a tenu à mettre les points sur les i en dénonçant les « tentatives d'ingérences étrangères en Tunisie », « des forces qui tentent de ramener la Tunisie en arrière ». L'allusion est à peine voilée et elle s'adresse aux parties qui faisant une guerre de plus en Libye, espèrent pouvoir faire déborder la violence au-delà des frontières libyennes et contaminer la Tunisie et l'Algérie voisines.
Il faut rappeler qu’au cours de cette visite, la France a promis de débloquer 350 millions d’euros de prêts en faveur de la Tunisie censés faire face à la crise provoquée par le coronavirus mais qui fait partie des engagements pris par la France envers la Tunisie à hauteur de 1,7 milliard d’euros jusqu’en 2022.
Or, ce genre de prêt n’a pas sû influer de quelle que manière que soit sur les prises de décision de l'Etat tunisien dans le dossier libyen. C'est une ligne parfaitement souverainiste que le président tunisien suit, note un observateur.
La Tunisie se distingue, ainsi et de plus en plus par ses positions pro Palestine. Le président tunisien était assez clair lorsqu’il a dit que « la Palestine n’est pas un terrain à vendre… La Palestine appartient aux Palestiniens ».
C’est toujours M. Kaïs Saïed qui a considéré la normalisation des relations avec Israël comme une « grande trahison ». Le rappel des positions du chef d’État tunisien s’avère d’autant plus important alors que les Emirats arabes unis viennent de signer un accord scandaleux avec Israël, en ignorant tous les droits du peuple palestinien.