L’actualité en Afrique :
Les analyses de la rédaction :
1. Sénégal : le pionnier africain de l’axe anti-sanction
Après le rejet à une écrasante majorité par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution américaine visant à prolonger l’embargo sur les armes en Iran, les États-Unis se retrouvent ainsi plus isolés que jamais. M. Reza Dehshiri, ambassadeur d’Iran au Sénégal s’était d’ailleurs exprimé en ces termes dans un tweet :
« La réponse négative des membres l’ONU lors de la “session 13 + 2”. Suite à la décision unilatérale américaine d’étendre l’embargo sur les armes en Iran, démontre le déclin de l’hégémonie américaine et l’émergence de l’Iran en tant que nouvelle puissance intelligente dans le nouvel ordre mondial basé sur le multilatéralisme et non de l’unilatéralisme ».
Cette victoire revendiquée par le diplomate iranien est peut-être particulièrement appréciée par le Sénégal. Mais pourquoi ? Il y a d’abord la présence du siège de l’AFRICOM sur leur territoire, ce qui cause des troubles constants. Et puis, la traite négrière aux États-Unis, on ne l’oubliera jamais. D’autant plus qu’il avait pour le point de départ le Sénégal. Et cet héritage criminel persiste aux USA et s’illustre à travers la discrimination contre les Afro-Américains. Mais pas uniquement des Afro-américains. Même les migrants et les naturalisés sénégalais en souffrent affreusement. Il y a 6 jours de cela, un terrible incendie criminel a eu lieu à Denver, tuant 5 membres d’une famille sénégalaise. Le président sénégalais Macky Sall active la diplomatie sénégalaise à New York pour que justice soit rendue. Cette colère anti-US du peuple sénégalais qui remonte à des siècles se manifeste aussi à travers les paroles d’un chanteur Akon qui a fait une déclaration surprenante lors d’une interview face à la caméra en affirmant que le meilleur moyen de ne plus subir le racisme aux États-Unis c’était de retourner définitivement en Afrique.
2. Mali : après l’assassinant des ressortissants français, Paris se méfie et place le Mali en « zone rouge »
Au Mali, la présence française se sent de trop. Suite à l’attaque de Kouré au Niger il y a moins d’une semaine, qui a mis le Niger tout entier en zone rouge mis à part la capitale Niamey, 3 villes au Mali ont aussi été classées zone rouge par le ministère français des Affaires étrangères. Le rouge continue à grignoter la carte du Mali telle que présentée par le Quai d’Orsay. Avec l’inclusion de Kayes, Ségou et Sikasso, désormais toutes les localités au sud de la ligne Bafoulabé-Koulikoro-Morila sont « formellement déconseillées » ainsi que -et c’était déjà le cas- le long des frontières avec le Burkina et la Côte d’Ivoire, mais aussi la Mauritanie. Seul donc un petit croissant au sud de cet axe et autour de la capitale Bamako reste classé en zone orange.
Ces zones rouges sont indique un repli de la présence française, aussi bien pour les militaires, les agents de la DGSE (la Direction générale de la sécurité extérieure, donc ceux envoyés à l’étranger pour réaliser des assassinas clandestins avec l’aval officieux de l’État.
Depuis l’attaque de Kouré au Niger, le ministère français des Affaires étrangères replie ses pions sur le terrain malien. En effet, la pression se fait de plus en plus forte concernant la présence française sur place. Depuis bien longtemps, la DGSE mène des opérations clandestines sur le territoire malien. Pour rappel, c’était en 2010, l’affaire Pierre Camatte qui était censé être président d’une association impliqué dans la culture d’une plante thérapeutique contre le paludisme. Il s’avérait que lors du compte rendu public d’une audition à la commission de la défense nationale et des forces armées, il avait été révélé qu’à cette époque, il y avait 8 agents en otage, au Mali (Pierre Camatte), 4 au Soudan, un en Somalie et 2 en Afghanistan (les fameux journalistes qui étaient kidnappés en Afghanistan).
La résistance dont fait face la France dans le Sahel s’accroît de plus en plus que les jours passent. Les agents se font repérer, les drones tombent comme des mouches (3 depuis le début 2020 au Niger), bref le ras-le-bol de cette présence étrangère envahissante se fait ressentir depuis un bout de temps. La population reprend les choses en main.
3. Burkina Faso : le grand imam de Djibo retrouvé mort ; un avertissement pour les autres ?
Au Burkina Faso, une information nous est parvenue par le biais des médias mainstream, le corps sans vie du grand imam de Djibo a été retrouvé au matin de ce samedi 15 août. Souaibou Cissé avait été enlevé, mardi 11 août, sur l’axe Namsiguia-Djibo, un tronçon d’une trentaine de kilomètres. Il revenait d’un déplacement effectué à Ouagadougou.
Le corps a été identifié à Tiléré, une localité située à 4 km de Djibo, sur l’axe même où le responsable religieux avait été enlevé, en début de semaine. Mais le déroulement des faits étaient, on ne peu plus, étonnant. Souaïbou Cissé rentrait de la capitale. Il avait emprunté un véhicule de transport en commun. Selon des témoins, des individus armés non identifiés ont arrêté le véhicule de transport en commun dans lequel l’imam voyageait. Il est le seul passager qui a été emmené après un contrôle d’identité. Il avait bel et bien une cible dans le dos. Les proches de l’imam avaient déjà fait l’objet d’une tentative d’assassinat en mai 2017 quand des coups de feu avaient été tirés sur son domicile. Après cet évènement, le domicile de l’imam avait été placé sous protection de la gendarmerie jusqu’au début de cette année, où la protection a été levée.
Souaibou Cissé, qui était également le président de la communauté musulmane de la province du Soum, dans la région du Sahel, s’était clairement affiché contre le terrorisme, soutenant qu’il ne se reconnaissait pas dans cette idéologie. D’autant plus que comme les grands imams dans le Sahel et même à travers le monde, il prônait non seulement la paix, mais il était aussi contre la présence illégale de militaire occidentale dans son pays. Le seul hic, c’est que, tout comme l’imam Diko au Mali, ces personnalités religieuses ont une grande influence au sein de la population, car la religion tient une place très importante dans les valeurs et les traditions.
Djibo se trouve dans la province du Soum. Un lieu stratégique qui relie le nord du pays à Ouagadougou. Et pour cause, selon une dépêche, l’armée française avait construit une nouvelle base à Djibo, mais les Autorités des deux pays avaient démenti l’information. Mais par contre, 70 soldats français de la force d’occupation Barkhane étaient intervenus à Djibo du 13 au 16 septembre dans le but de renforcer la sécurité pour le sommet de la CEDEAO qui avait lieu à Ouagadougou. D’où l’importance de cette zone. Pourtant, malgré ces renforcements de sécurité, le 21 septembre, des groupes armés ont détruit par explosif le pont de Boukouma, situé à 18 km d’Arbinda. L’objectif de ces groupes armés était de couper Arbinda de Dori et donc d’isoler Djibo. « Ils y sont presque parvenus », affirme une autorité locale. « Ce pont était un passage obligé entre Djibo et Dori, la capitale régionale » selon un habitant. Une explosion qui intervient au lendemain du retrait des forces de l’opération Barkhane, censé être venue en renfort pour sécuriser la région. Peut-être qu’il n’y a pas de base militaire française dans cette zone pourtant si stratégique, mais des soldats français se trouvent bel et bien là-bas. C’est eux qui son responsable de l’insécurité dans cette région peut être pas, par contre, qu’ils aient des liens avec ces groupes armés au point de les laisser mener des opérations pour le compte des occidentaux, cela ne serait pas la première fois.
L’exode massif que provoquent ces attaques permet de diminuer la population dans cette zone stratégique des trois frontières, qui rentre dans le projet occidental de scission des trois pays (Niger, Burkina Faso, Mali). Ce projet s’est dessiné en 3 parties, à savoir, la zone d’intervention élargie de l’Autorité du Liptako-Gourma (ALG), la région du Liptako-Gourma et la zone d’expérimentation initiale du projet ACTS. Projet lancé et financé par le Ministère français des Affaires étrangères.
Mais pour en revenir à l’Assassinat du grand imam de Djibo Souaibou Cissé, les conditions de son assassinat et le fait que l’info ait largement été relayée par les médias mainstreams ressemblait à un avertissement et même à une menace à l’encontre des autres imams influents dans le Sahel. Le fait qu’ils aient énormément d’influence, mais qu’en plus, ils sont contre la présence néocoloniale occidentale dérange assez fortement. Mais la population sahélienne en a de tout de façon ras-le-bol de cette présence occidentale qui nuit à la vie sociale, la cohésion et même la paix dans la région et même sur tout le continent africain. Ce qui fait que ce n’est pas en se débarrassant de ces figures religieuses que les choses vont s’apaiser, c’est réellement le départ de ces forces d’occupation étrangère qui ramènera la paix dans les pays du Sahel.