ٍEn Libye, des médias ont partagé des images du déploiement d'un nouveau système défensif inconnu autour de Ras Lanouf, le port et le principal centre de raffinage du pétrole de la Libye, situé sur la côte méditerranéenne du golfe de Syrte à 600 km de la capitale Tripoli, zone qui est toujours sous le contrôle de l'Armée Nationale Libyenne (ANL) de Haftar. Bien que ces images aient été prises à distance et sur les routes qui passaient près de l'emplacement du système, les batteries semblent être celles des S-300. Mais pourquoi ce déploiement?
En 2015, le commandement militaire russe s'est engagé en Syrie et a réussi, à travers son alliance avec l’axe de la Résistance, à contrer la Turquie et partant l'OTAN en Syrie. En menant des raids aériens contre les positions des terroristes pro-turcs, l'armée russe a largement contribué à contrecarrer le plan néo-ottoman d'Ankara et à remporter une grande victoire "aérienne". Le S-300 et puis plus tard le S-400 a fait de l'idée d'une "zone no-fly" -ardemment suivi par l'axe frériste ( Qatar-Turquie)- à imposer dans le nord de la Syrie, une "illusion". En mars 2020, les drones turcs ont cédé la bataille face aux avions et à la DCA syrienne et jamais l'armée de l'air Turquie/OTAN n'a osé franchir l'espace aérien syrien, surtout que le S-300 a relié la DCA syrienne au centre de commandement aérien russe.
Quelques semaines plus tard, le front libyen fut ouvert et l'OTAN a tenté, tout en menaçant le marché de gaz russe en Europe, via les conquêtes gazières turques sur les côtes libyennes, à tirer vengeance. La bataille de Tripoli a prouvé la limite des pièces de la DCA russe, Pantsir et Buk.
Pendant les combats de ce printemps dans l'ouest et le nord-ouest de la Libye, l'armée turque, aidée par la masse média, a fait passer ses drones d'attaque Bayraktar TB2 comme étant le tueur de "Pantsir". Quelques 10 systèmes de défense Pantsir voire plus ont été détruits, lors des opérations au sol, impliquant un grand nombre de terroristes pro-turcs envoyés du nord de la Syrie en Libye? Haftar a perdu Tripoli et la Turquie (lisez OTAN) s'est vantée d'avoir vaincu la Russie et tiré sa revanche après la défaite d'Idlib. Mais ce fut sans compter avec le coup S-300.
Les commandants russes ont visiblement décidé de changer l'équilibre de forces et de piéger une nouvelle fois la Turquie. Dans un premier temps, l’armée russe a décidé d’envoyer plus de systèmes de défense Panstir et de bombardiers pour contrer les drones offensifs et les troupes militaires affiliées au Gouvernement d’Union National (GNA) de Fayez el-Sarraj. Mais il y a eu plus: le S-300 vient de faire son apparition dans la zone portuaire stratégique de Ras Lanouf, les Russes étant désormais prêts à viser l'aviation de l'OTAN au-dessus de Syrte.
Ces derniers mois, de nombreux rapports ont fait état de vastes constructions de l’armée turque dans ses deux bases aériennes sur le sol libyen en particulier dans la base militaire d'Al-Watiya pour permettre à ses avions de combat F-16 de participer aux opérations aériennes. La base a été déjà bombardé à deux reprises et les avions, ont été endommagés. L'armée de l'air turque risque donc gros si elle se met à opérer dans la zone reliant le port de Syrte au port de Ras Lanouf.
A ceci s'ajoutent des MiG-29 et des chasseurs intercepteurs que la Russie a déployés dans la base d'Al-Jufra et qui se connectent visiblement à l'armée de l'air égyptienne. Moscou est-il en phase de créer son réseau de DCA en Afrique du nord? On sait que l'Algérie possède des S-300 depuis 2013 et qu'elle a même procédé cette même année à un premier test de lancement de missile anti-aérien S300 PMU2. L'Egypte a quant à elle émis dès 2015 le souhait d'en avoir avant que les discussions ne se heurtent à l'opposition US. A cette heure, l’Algérie est actuellement l’unique pays arabe et d’Afrique disposant du S-300.
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