Simultanément à l'annonce de la visite parfaitement surprise à Damas de la plus haute instance militaire iranienne après le commandant en chef, le général Mohammad Baqeri, le Pentagone s'est placé en état d'alerte au Levant : le chef du Centcom s'est précipité au Liban à la rencontre du président libanais Michel Aoun tandis que le commandant en chef de la coalition dite anti-Daech en Syrie et en Irak a débarqué à al-Tanf inspecter les troupes US qui viennent de subir une spectaculaire opération commando de l'armée syrienne et de la Résistance, laquelle opération a coûté la vie à des agents américains de Maghawir al-Thora que le Pentagone finance, forme et entraîne à al-Tanf avant de les envoyer à Homs tuer les militaires syriens.
La panique s'est ensuite emparée d’Israël dont l'armée a été mise en état d’alerte le long des frontières avec le Liban. L'Iran a-t-il décidé de riposter l'incident de Natanz, qu'Israël revendique sans le revendiquer, d'abord et avant tout en Syrie? C'est la question qui se pose depuis ce jeudi et en toute acuité à la presse israélienne qui lit et relit le texte du communiqué publié en plus du nouvel accord militaire et sécuritaire que le chef de l'état major iranien, le général Baqeri vient de signer avec le ministre syrien de la Défense, Ali Ayoub : le communiqué est d'une clarté parfaite.
Outre d'avoir porté une nouvelle fois au grand jour la ferme détermination de l'Iran à se tenir aux côtés de la Syrie non seulement pour y expurger les toutes dernières traces du terrorisme mais aussi afin de briser la Loi César, il comporte deux avertissements: d'abord à la Turquie à qui il conseille de mettre fin à l'occupation du Nord syrien et règle ses soucis sécuritaires par dialogue, faisant dire aux analystes qu'une offensive armée irano-syrienne pourrait avoir lieu très prochainement contre la présence militaire turque et ce, en dépit des accords Moscou-Ankara. Puis ce deuxième avertissement et de loin le plus important qui s'adresse, sur fond de l'annonce publique de la livraison des systèmes de DCA iranienne à la Syrie, aux Etats-Unis et à Israël : "la présence américaine n'est pas souhaitée par les peuples et les Etats de la région et la réponse iranienne à cette présence se poursuivra".
Pour Roi Kais, analyste militaire de la chaîne israélienne Kan News, "le très important accord militaire qui vient d'être signé entre Damas et Téhéran et ce, dans un contexte ultra sensible, concerne directement Israël" : « C'est d'abord une réponse à la campagne de guerre dans la guerre israélienne qui dit ceci : l'Iran reste et restera en Syrie et les frappes israéliennes ne changeront rien à la donne. Vient ensuite cette volonté claire de Téhéran d'ouvrir le front aérien syrien contre Israël, ce que laisse entendre le déploiement des batteries de missiles antimissiles iraniens en Syrie. Au fait, les S-300 russes n'ayant pas satisfait l'Etat syrien, c'est vers l'Iran que ce dernier s'est tourné, ce qui tombe à point nommé pour Téhéran qui semble avoir placé dans le ciel syrien le premier élément de sa riposte à l'incident de Natanz qui certes n'a pas été revendiqué par les officiels mais on a tout fait pour que Téhéran nous soupçonne. Rappelons aussi que l'annonce de la signature de l'accord intervient a peine quelques heures après le lancement d'une satellite de reconnaissance israélienne que Tel-Aviv a très clairement annoncé être destiné à espionner l'Iran ».
Et le chroniqueur d'ajouter: « Visiblement l'Iran veut et peut frapper l'aviation israélienne depuis la Syrie et les Russes qui autorisent depuis quelques temps les vols militaires iraniens dans leur base aérienne de Hmeimim, n'ont rien contre. La Syrie a-t-elle demandé à l'Iran d'intégrer son ciel au système de DCA intégré iranien comme dans le temps avait promis de faire la Russie? C'est inquiétant aussi puisque tout action aérienne israélienne pourrait, dans ce cas, être détecté en Iran. Et puis il y a tous les systèmes de DCA que l'Iran a dévoilés et qui n'ont pas mal fonctionné. Le ciel de l'Ouest syrien est déjà bloqué sur nos avions, le ciel de l'est de la Syrie connaîtra le même sort? On se rappelle du fait que les Houthis yéménites soutenus par l'Iran ont réussi non seulement à abattre des drones et des avions de reconnaissance de la coalition mais aussi des chasseurs comme des F-15 et des Tornado et ce, à la faveur des missiles sol-air de fabrication iranienne ».
Et le chroniquer de conclure : « C'est un tournant bien préoccupant : cet accord dont les détails ne sont pas dévoilés étend la présence iranienne dans le secteur militaire et sécuritaire. Puis c'est un document officiel qui officialise cette présence, ce qui est un gros échec pour les efforts d’Israël. Même la Turquie y voit une menace tout comme Israël. Une chose est sûre : notre campagne de guerre dans la guerre vient de connaître un premier obstacle ».