L’Égypte a soutenu le général Khalifa Haftar qui combat le gouvernement d’union nationale libyen (GAN) dirigé par Fayez Sarraj. La Turquie soutient le GAN, et elle sait qu’une intervention directe aurait un coût important à cause de la nécessité de transporter par navire ses troupes. De plus, l’implication turque en Syrie est impopulaire en Turquie, alors envoyer des soldats turcs en Libye serait politiquement difficile. Selon certaines sources d’information, la Turquie aurait envoyé en Libye des mercenaires qui combattaient l’armée syrienne et qui se trouvaient dans le nord de la Syrie. Mais un faux pas pourrait précipiter un affrontement direct.
Haftar s’est approché de Tripoli, l’hiver dernier, mais a connu maints revers et a dû battre en retraite vers la Cyrénaïque, dans l’est de la Libye. Pour le moment, il y a une ligne à Syrte, au milieu du pays, que les troupes du GAN ne franchissent pas. Le président de l’Égypte, Abdel Fattah al-Sissi, a averti le GAN de ne pas dépasser Syrte. Et l’Égypte est très irritée par les faibles capacités militaires de Haftar. Si elle décide de le remplacer, ça pourrait créer des tensions et une nouvelle donne.
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Dans l'hypothèse où une confrontation militaire entre l'Égypte et la Turquie serait supposée sur la ligne "Syrte-Al-Jafra" ou au nord de la bande côtière libyenne, le chercheur militaire égyptien Mohamed Al-Kinani a estimé que cela infligerait à l'armée turque de "grandes pertes".
Le chercheur égyptien a indiqué que la partie turque est celle qui se servirait des ressources terrestres, maritimes et aériennes, en raison des longues distances sur lesquelles elle sera forcée de sécuriser les lignes d'approvisionnement et de soutien logistique de ses forces navales et aériennes à un coût financier colossal.
« Mais des forces armées égyptiennes combattront près de ses côtes, de ses terres et de son espace aérien, et dans un environnement familier qui représente une profondeur stratégique directe (Est/Centre-Libye), ce qui leur permet de former des lignes de défense amalgamées. L’Égypte jouit d’une position prédominante et d’une grande marge de manœuvre étant donné que ses forces sont prêtes à traîner dans des embuscades serrées les Turcs et leur faire subir de lourdes pertes », a-t-il dit.
Selon lui, l'armée égyptienne aura certainement la capacité de compenser les pertes et sécuriser ainsi les lignes d'approvisionnement et de soutien logistique, et ce, à des distances beaucoup plus courtes qu'elles ne le sont du côté turc. Ce qui d'ailleurs, rend plus difficile encore, la tâche pour la marine et l'aviation turques eu égard au besoin urgent de protéger l'espace aérien turc et les côtes qui s'étendent jusqu'à la Méditerranée, la mer Égée, Marmara et la mer Noire, mais aussi de sécuriser les lignes aériennes et terrestres d'approvisionnement de la Turquie vers la Libye sur une distance comprise entre 1500 et 2000 km face à l'ennemi majeur qu'est la Grèce et qui connaît bien la partie turque.
« Ce n'est pas sur du vide que l'Égypte a défini sa ligne rouge, mais plutôt sur la base d'une planification et d'une position stratégique étudiée à différents niveaux et avec une pleine légitimité internationale et régionale », a-t-il poursuivi.