Cela fait des semaines que les Etats-Unis rodent non loin des côtes iraniennes, navires, portes-avions et avions à l'appui dans le stricte objectif de provoquer l'Iran : l'incident du 17 avril où l'USS Puller s'est payé le luxe de s'exercer avec ses Apaches à la destruction des vedettes rapides iraniennes en apporte la preuve surtout que le Yankee au pouvoir à la Maison Blanche a aussi réagi en demandant que l'US Navy "élimine les harceleurs". Certes le tragique tir ami du 10 mai contre le navire logistique iranien Konarak qui a coûté la vie aux 19 marins iraniens, n'est pas à mettre sur le compte des Etats-Unis - néanmoins pas encore- n'empêche que le trafic de plus en plus encombrant des bâtiments de guerre US dans le golfe Persique commence à bien faire. Et si ce "clash en mer" auquel poussent les USA, ne serait-ce que pour changer la tendance de l'opinion US en vue des élections, venait-il à avoir lieu non pas dans le golfe Persique mais aux portes des Etats-Unis? D'ailleurs, cela fait bien longtemps que les autorités navales iraniennes en évoquent la perspective.
Cinq navires-citernes battant pavillon iranien mettent le cap en ce moment même vers le Venezuela afin de lui livrer de l'essence que l'Iran produit dans le plus grand complexe pétrochimique du Moyen-Orient qu'il possède, "Etoile du golfe Persique". Cette audacieuse mesure vise, à n'en pas douter deux choses : ridiculiser aux yeux du monde entier le régime des sanctions US qui ciblent deux des plus grands pays pétroliers du monde, Venezuela et Iran, puis prouver la puissance iranienne à défier l'Amérique sur son propre terrain.
Après avoir surmonté un premier choc d'avoir à expliquer au monde entier comment l'Iran et le Venezuela ont infligé une première méga faille à l'édifice tremblante des sanctions US, les officiels de Washington se sont succedés vendredi 15 mai pour menacer l'Iran. Quatre navires de guerre, USS Detroit (LCS-7), USS Lassen (DDG-82), USS Preble (DDG-88) et USS Farragut (DDG-99) accompagnés d'un P-8 Poseidon se trouvent aux Caraibes, où les Américains comptent déjà à leur actif, une première attaque navale contre le Venezuela qui s'est soldée par un fiasco de taille. L'échec aurait d'ailleurs été en partie l'oeuvre conjointe de l'armée vénézuélienne et ses conseillers proches de la Résistance.
L’un des cinq pétroliers iraniens, le Fortune, est déjà entré dans les eaux de l’océan Atlantique, à l'est du détroit de Gibraltar où en 2019, la Grande Bretagne a eu le malheur de prendre en otage un tanker iranien, le fameux Grace 1 pour voir quelques semaines plus tard son Steno Impero saisi par la marine du CGRI. les observateurs parient que Sa Majesté n'irait pas cette fois prendre part à l'aventure si par hasard l'US Navy commettait la bêtise de s'en prendre aux pétroliers iraniens.
Selon Refinitiv Eikon, le deuxième, Clavel, a traversé le 13 mai le canal de Suez. D’après les données actualisées, il passe actuellement devant l’île de Chypre. Les ports d’arrivée des tankers ne sont pas officiellement connus mais ils transportent tous du carburant.
Début mai, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a déclaré que rien qu’en avril, le Venezuela avait transféré à l’Iran, par des avions de la compagnie aérienne Mahan, neuf tonnes d’or d’une valeur d’environ 500 millions de dollars en échange de l’aide iranienne pour réparer les raffineries du Venezuela. En Iran, des sources officielles n'ont pas confirmé cette info mais si cela est vrai, il y a là un acte de décès, celui du régime de sanctions US que signent les deux pays de l'axe de la Résistance.
Au fait, cette étroite coopération entre l’Iran et le Venezuela, tous les deux sous le coup de sanctions draconiennes des États-Unis, met en évidence l’échec de la stratégie de la Maison-Blanche destinée à faire chanter des pays souverains, à chercher à les faire plier en les affamant. Quant à l'Iran et au Venezuela, ils ne sont pas du genre à céder. Mais il y a plus.
Cet Iran que l'Amérique a cru avoir mis au pas, vient de former un "front de Résistance énergétique", rien que grâce à sa technologue de pointe et ce, dans l'objectif d'accueillir en lieu et place de l'OPEP désormais instrument des USA et Riyad, un groupe de choc anti-sanctions. Le fait que le drapeau iranien flotte au-dessus des navires-citernes traversant l’océan Atlantique, est un méga défi que l’US Navy devra relever, si elle veut éviter une royale humiliation, telles que celles subies à Aïn al-Asad ou encore quand l'Iran a lancé son satellite Nour-1. Après tout l'océan Atlantique n'est pas le golfe Persique où les navires US se sentent trop lourdes, trop peu mobiles pour faire face à la marine iranienne. En attendant, la chaîne Telegram « Actualités de la Syrie » lance son pronostic : « C’est uniquement une superpuissance qui a la capacité d’expédier cinq pétroliers, en même temps, vers un pays lointain tout en se foutant de ce qu’en pense une autre superpuissance »!
Et le site ne croit pas si bien dire : dans un article daté du 14 mai, The National Interest qui croit maîtriser tous les secrets des forces armées iraniennes écrit : "L'Iran n'a pas besoin de projeter de puissance maritime dans le monde, ni même au Moyen-Orient. Au lieu de cela, la marine iranienne est constituée et organisée autour de l'objectif spécifique de sécuriser le golfe Persique et plus précisément le détroit d'Hormuz".
Le site s'intéresse ensuite aux "petits" sous marins iraniens qui "comparés aux bâtiments US" ne pèseraient pas lourds mais qui "suffiraient toutefois à poser de mines presque indétectables" et qui seraient "des candidats idéaux pour des opérations de patrouille et d'embuscade contre des navires de surface hostiles". Erreur! La marine iranienne vient de se projeter hors du golfe Persqiue pour aller droit à l'encontre de l'ennemi qui devrait pour une fois cesser de bluffer et de prouver de quel bois il est fait....