L’Arabie saoudite a de nombreuses raisons de mettre fin à la guerre contre le Yémen, ce qui a motivé sa décision de déclarer un cessez-le-feu unilatéral, estime un analyste israélien. Vu que la guerre contre le Yémen a été lancé en 2015 par l'axe Riyad-Tel-Aviv, l'analyse mérite d'être lue rien que par le fait qu'il est un aveu d'échec israélien.
Les Saoudiens ont continué de mener une guerre sans merci contre le Yémen tout en infligeant des souffrances insondables à des millions d'hommes, de femmes et d'enfants innocents.
Jusqu'à présent, la guerre au Yémen a fait plus de 100 000 morts et, sur une population de 30 millions d'habitants, 20 millions ont désespérément besoin de nourriture, de médicaments et d'un approvisionnement régulier en eau potable, provoquée par plus de 6 000 bombardements qui ont essentiellement détruit les infrastructures civiles.
Plus de deux millions d'enfants souffrent de malnutrition sévère; la moitié d'entre eux sont infectés par le choléra et beaucoup trouveront la mort car il y a peu ou pas de chance de recevoir un traitement médical.
La question est de savoir pourquoi un pays comme l’Arabie saoudite a attendu cinq ans pour déclarer un cessez-le-feu dans un effort pour mettre fin à la pire crise humanitaire du monde depuis la Seconde guerre mondiale.
Selon un journaliste israélien, des facteurs tels que la pression économique exercée sur l'Arabie saoudite au cours de la guerre et l'avancée majeure de l'armée et des Comités populaires (Ansarallah) semblent avoir conduit Riyad à annoncer un cessez-le-feu, bien que les attaques de la coalition saoudienne se poursuivent.
Alon Ben-Meir s’est attardé dans une note sur la guerre de la coalition saoudienne contre le Yémen et énuméré six raisons pour l’annonce d'un cessez-le-feu:
1) Les capacités militaires limitées de l'Arabie saoudite; 2) Les pressions énormes que la guerre exerce sur l'économie saoudienne ; 3) Le manque croissant de ressources financières résultant de la chute du prix du pétrole qui empêche la diversification de l'économie; 4) Le succès et la progression des Houthis (Ansarallah) dans les principales provinces du centre du Yémen; 5) La censure internationale croissante contre les Saoudiens; 6) La prise de conscience que la guerre est impossible à gagner et que la sécurisation de la frontière et l'éloignement des Houthis de l'Iran ont pris le dessus.
L’Arabie saoudite a mené une guerre impitoyable et persistante conjointe avec les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui fournissent en particulier les machines à tuer.
Le Yémen qui fait déjà face à la pire catastrophe humanitaire au monde, a enregistré son premier cas de coronavirus. L’ONG Save the Children dit que le pays ne compte que 700 lits de soins intensifs, dont 60 pour les enfants, et seulement 500 ventilateurs pour une population de 30 millions d'habitants. Certes, après cinq ans de guerre dévastatrice, le pays ne pourra pas faire face à une nouvelle épidémie.
Pour les Saoudiens cependant, la pandémie de coronavirus a été une bénédiction déguisée, car elle a donné au gouvernement l'excuse de déclarer un cessez-le-feu unilatéral. Les Saoudiens sont devenus profondément alarmés par la propagation potentielle du virus au Yémen, avec lequel il partage une frontière longue de 1 100 milles. Des millions de Yéménites vivent dans des zones surpeuplées qui peuvent infecter des centaines de milliers de personnes en Arabie saoudite.
La recherche d'un accord de paix avec Ansarallah est devenue la seule option viable pour épargner les vies et les ressources saoudiennes.
Maintenant que le royaume a décidé d'un cessez-le-feu, il ne doit rien faire pour mettre définitivement fin à la guerre. Premièrement, il doit prolonger le cessez-le-feu au-delà des deux semaines qu'il a initialement fixé, puis négocier sérieusement avec Ansarallah pour parvenir à un accord de paix.
En effet, la coalition menée par Riyad a annoncé un cessez-le-feu de deux semaines à partir de jeudi 9 avril.
« Malgré un cessez-le-feu unilatéral, la coalition saoudienne a effectué 30 frappes aériennes au cours des dernières 24 heures dans les deux provinces de Maarib et al-Jawf, récemment libérées par l'armée yéménite », a fait savoir le porte-parole des forces armées yéménites, le général de brigade Yahya Saree.
En réaction à la décision de la coalition, le gouvernement de salut national a mis l’accent sur la levée du blocus maritime, terrestre et aérien du Yémen.
« Rien ne nous garantit que l'Arabie saoudite cessera ses attaques. Il est probable que le régime de Riyad abuse de l’affaire de la pandémie pour réorganiser ses rangs et compenser ses pertes », précise le communiqué du gouvernement de salut national qui a également appelé Riyad à indemniser les dommages économiques causés au Yémen et à reconnaître le gouvernement de Sanaa comme le gouvernement légitime du Yémen.