Il y a peu, la Turquie annonçait avoir déployé en Libye les avions AEW&C E-7T Peace Eagle, sort de « multiplicateur de force dans la défense aérienne » avec des dispositifs de contre-mesures électroniques, de contre-mesures infrarouges, de leurres et de fusées. Certains observateurs qui n'ont jamais cru que la guerre en Libye soit une affaire exclusivement libo-libyenne ou qu'elle se réduise aux velléités gazières des uns et des autres, ont vu à travers ce déploiement une démarche destinée à mieux espionner l'Algérie et la Tunisie voisine, et à faire en sorte que le ciel algérien n'ait plus beaucoup de secret pour l'axe US/OTAN. La suite de l'histoire leur donne visiblement raison. Les Émirats viennent d'annoncer vouloir doter Khalifa Haftar de la DCA. On s'en doute, les batteries qui risquent d'être plantées bientôt aux portes de l'Algérie pourrait être des Patriot. Surtout que l'Algérie dispose d'une DCA bien puissante, composée entre autres éléments des S-400.
Pour l'heure, l'acheminement des armes de part et d'autre se poursuit de plus bel. Des véhicules blindés, des caisses de munitions, des lots d’armes automatiques sont livrés chaque semaine dans les ports de Misrata et Tripoli, pour renforcer les pro-Sarraj, ou les aéroports de Cyrénaïque, dans l’est du pays, sous contrôle de l’armée nationale libyenne de Khalifa Haftar. Les équipements militaires sont soit livrés par les airs sur demande des Émirats arabes unis, soit convoyés par la frontière terrestre avec l’Égypte.
Les Émirats arabes unis, en particulier, ont commencé par appuyer les forces de Khalifa Haftar en leur fournissant un appui aérien dès l’été qu'ils comptent compléter avec une DCA à faire acheminer aux forces pro-Haftar. Samedi 4 avril, un autre drone turc de type -TB2 a été abattu au-dessus de Syrte. Des sources d’information égyptiennes ont révélé que de nouveaux équipements d’un système de défense aérienne étaient arrivés en Égypte depuis les Émirats arabes unis en préparation du transfert aux milices de l'est de la Libye, sans aller jusqu'à dire de quel type d'armement de la DCA il s'agirait. Haftar a demandé de l'aide pour, dit-il, contrer les frappes aériennes qui ont infligé de nombreuses pertes sur les axes de Syrte et d'al-Wishah. Plus tôt, une frappe aérienne du gouvernement d'union nationale libyenne (GNA) contre la périphérie de Syrte a tué 31 membres de l'armée nationale libyenne, (ANL) fidèles à Haftar.
Les sources ont ajouté que l'Égypte avait reçu des demandes urgentes des Émirats arabes unis, concernant la nécessité d'accélérer la fourniture de tout le soutien « aérien » possible aux milices pro-Haftar, qui subissent des pertes successives. le 1er avril dans la matinée, un navire de guerre de la marine turque stationné au large de la ville de Sabratah à l'ouest de la capitale, Tripoli, a lancé un missile RIM-66E-05, sur un drone fourni par les Émirats arabes unis aux forces de Khalifa Haftar. Des sources libyennes ont relayé sur les réseaux sociaux des photos des débris du missile ainsi que du navire de guerre, qui semble être une frégate de classe G. Huit frégates de ce type sont des versions optimisées des ex-frégates à missiles guidés de la classe Oliver Hazard Perry de l'US Navy, mis en service par la marine turque.
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Ce tir de missile a fait franchir un nouveau palier, fournissant l'alibi nécessaire aux Émirats pour qu'ils œuvrent dans le sens d'un déploiement de la DCA à l'Ouest libyen. Reste à savoir quel sera l'impact de cette décision pour l'Algérie voisine : la DCA de Haftar constituera-t-elle un risque pour l'armée de l'air algérienne?