Dans une interview accordée le samedi 4 janvier à CNN, l’ambassadeur permanent de l'Iran à l’ONU, Majid Takht Ravanchi a affirmé que l'assassinat du commandant de la Force Qods constituait une déclaration de guerre à l'Iran.
À ce titre, la réponse à cet acte éminemment terroriste et violant le droit international sera de nature militaire, a affirmé le haut diplomate : « La réponse à une action militaire est une action militaire surtout quand il s'agit d'une guerre contre le peuple iranien. L'attaque américaine ouvre un nouveau chapitre dans nos liens tentionnels et problématiques avec les États-Unis placées sous le signe de la guerre. Une guerre que l'Amérique a déclenché par la mise en place des plus sévères sanctions contre l'Iran et leur retrait unilatéral du Plan global d’action commun (PGAC). Depuis 2018, les États-Unis n'ont cessé de mener une politique de pression maximale contre le peuple iranien. »
Plus loin dans ses propos, le diplomate a affirmé que « l'Iran ne saurait en aucune manière fermer les yeux sur ce qui s'est passé et qu'il fournira à n'en pas douter une riposte cinglante à cette attaque et agira selon son choix et bien sûr ce sera Téhéran qui décidera du lieu et de l'heure des représailles ». Vendredi, l'Iran a déclaré au Conseil de sécurité des Nations unies et au secrétaire général Antonio Guterres qu'il se réservait le droit de se défendre en vertu du droit international après que les États-Unis ont assassiné le général Soleimani.
Vendredi, l'attaché d'affaires suisse dont le pays représente les intérêts américains en Iran a été convoqué une première fois au ministère des A.E. pour que la vive protestation iranienne lui soit signifiée. Une seconde fois le diplomate a repris le chemin du ministère iranien des A.E. mais visiblement pour une tout autre raison. Selon des informations reprises par certaines sources arabes de la région, "les Etats-Unis demanderaient désormais à ce que l'Iran réduise le niveau et l'intensité de sa riposte", ce que l'Iran a refusé radicalement comme le confirment les propos de l'ambassadeur iranien à l'ONU. Selon certaines sources, le ministre qatari des A.E. attendu ce samedi après midi à Téhéran serait aussi porteur d'un message similaire, les USA allant même jusqu'à proposer "une levée des sanctions" en échange d'une "réduction de l'intensité de la riposte iranienne" qui touchera à la fois les bases US dans la région et les pays alliés des États-Unis à savoir Israël et ses amis arabes.
Certaines sources affirment que Washington craint non seulement d'être pris pour cible de la riposte iranienne en Asie de l'ouest mais encore sur le sol américain via des cyberattaques. En Irak, des millions d'Irakiens participent en ce moment aux funérailles du général de corps d'armée Soleimani, du commandant des Hachd Abou Mahdi Mohandes et leurs frères d'arme, ce qui aurait donné une idée aux Américains de l'ampleur que pourrait avoir la riposte de l'Iran.
Signe d'une désormais marche arrière US, le général Mark Milley, chef d'état-major américain, a affirmé vendredi que les États-Unis attendent effectivement une "dure riposte" mais qu'ils font tout pour réduire "les tensions"(!). « Nous comprenons parfaitement les conséquences stratégiques de l'attaque contre le général de division Soleimani. Ses plans visant à porter atteint aux intérêts américains dans la région sont encore susceptibles d'être mis en œuvre... Oui, il y a un danger pour une escalade. Mais nous essayons de l’alléger ».
Une autre reculade US, la prétendue coalition internationale anti-Daech dirigée par les États-Unis a démenti toute implication dans l’attaque présumée de ce samedi matin 4 janvier 2020 contre un convoi des Hachd al-Chaabai à Taji, au nord de Bagdad. La télévision d’État irakienne avait rapporté samedi matin qu'un certain nombre de membres des Hached al-Chaabi avaient péri lors d'une frappe aérienne américaine sur deux véhicules dans le nord de Bagdad en pointant le doigt en direction des Américains. Or ces derniers n'ont pas tardé à démentir toute implication dans ces attaques. Cette organisation a annoncé dans un communiqué que le convoi de l'équipe médicale des Hachd al-Chaabi avait été visé dans le nord de Bagdad. D'ores et déjà le département d'État a changé de ton : renonçant à qualifier l'Iran de "soutiens aux milices terroristes", sa porte-parole, Morgan Ortagus a affirmé dans un tweet : "nous demandons que l'Iran mette à son comportement entêté et son soutien aux milices". C'est différent d'il y a deux jours...