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Après les menaces militaires, Le Drian menace politiquement l'Iran

La Marine française. ©Marine Nationale

Alors qu'en France, on pleure ces jours-ci la mort de 13 officiers et sous-officiers de l'armée péris dans un "incident" au Mali qu'occupe militairement la force Barkhane depuis 2013, le régime macronien émet des signes d'une effervescence guerrière inhabituelle au Moyen-Orient. Certains disent que le président Jupiter pour qui le carcan de l'OTAN est désormais bien réduit, veut voler de ses propres ailes et jouer aux Yankees au Levant. D'autres estiment au contraire, que cette littérature guerrière parfaitement anti-iranienne vise à accorder à Paris des parts encore plus larges dans le marché d'armement florissant qu'est celui du golfe Persique. Mais quoi qu'il en soit, les "menaces", les "ingérences" militaires et politiques de Paris commencent à irriter l'Iran

Seulement quelques jours après la quasi déclaration de guerre anti-iranienne de la ministre Parly à Manama où l'intéressée a reproché à Washington de ne pas avoir "attaquer l'Iran" en été, Yves Le Drian dit que son pays est prêt à "activer" le mécanisme qui permet le retour des sanctions européennes contre l'Iran. Ainis après s'être posé en sauveur du PGAC (accord de Vienne), puis en médiateur de paix entre USA/Iran, la Macronie fait un virage à 360 degré pour tuer tour à tout le PCAC et les chances de paix entre l'Iran et  l'Occident. Avouons que le virage est trop radical et qu'il ne tient visiblement pas compte d'un important facteur : la retenue iranienne a des limites. 

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a ainsi menacé mercredi que Paris "envisageait sérieusement de déclencher un mécanisme inclus dans le PGAC", et qui "pourrait engendrer le rétablissement de sanctions de l'ONU contre le pays".  

Et Le Drian d'accuser gratuitement : « Tous les deux mois, il y a une encoche supplémentaire (de l'Iran) si bien qu'on s'interroge aujourd'hui, je le dis très clairement, sur la mise en œuvre du mécanisme de règlement des différends qui est prévu dans le traité ». Le diplomate et ex-ministre de la Défense, n'a pas jugé nécessaire en revanche d'expliquer aux députés français pourquoi l'Iran, jusqu'à il y a une date très récente, respectueux de ses engagements nucléaires, se mettait à faire des soi-disant "encoches" à l'accord de Vienne. Mais ceci est une autre paire de manche. 

Ici en Iran, de plus en plus de voix exigent une réponse aux menaces politiques et désormais militaire de Paris à sa décision de créer une "coalition maritime anti- iranienne" et d'en placer le QG aux Émirats arabes unis, et surtout à cette tendance "macronienne" de vouloir se faire une réputation auprès de la clientèle "golfienne" sur le dos de l'Iran. Dans un article récent, l'analyste bien connu des milieux politiques, Mehdi Poursafa affirme que "l’Iran se réserve le droit de réagir fermement aux fanfaronnades de la ministre française des Armées, à la tribune de la conférence annuelle sur la sécurité Manama Dialogue, à Bahreïn où la ministre Parly a menacé l'Iran sous prétexte de vouloir dénoncer le désengagement US du Moyen Orient : Qui donne le droit à la France d'abord de juger légale la présence US au Moyen Orient et ensuite de vouloir proposer une alternative française, au cas d'un retrait US".  

« Nous avons assisté à un désengagement progressif et délibéré des États-Unis », a-t-elle proféré. Et de poursuivre : « Quand l'attaque de navires est restée sans réponse, le drone a été abattu. Lorsque cela est resté à son tour sans réponse, d'importantes installations pétrolières ont été bombardées. Où est-ce que cela s'arrête ? Où sont les stabilisateurs ? », s'est-elle interrogée durant son discours.

Pourquoi les Français ont recouru aux Américains ?

L'analyse iranien s'interroge plus loin sur les capacités de combat réelles de la marine française à tenir militairement tête à l'Iran dans les eaux du golfe Persique: " Bien que la marine française soit capable de répliquer à d'éventuelles frappes nucléaires contre son territoire en disposant de quatre sous-marins Triomphant de classe 51 équipés de missiles balistiques M-51, elle est généralement placée derrière d'autres pays tels que la Russie, le Royaume-Uni et même la Chine. Cela fait longtemps qu’on n’a rien entendu de notable sur les bâtiments de guerre français et dans des zones géographiques les plus concurrentielles du monde, la flotte de guerre de ce pays n'est composée que d’une vingtaine de frégates. Au contraire, la Russie et le Royaume-Uni , en tant que potentiels rivaux de la France sont équipés de lourds destroyers. La Russie ne cesse d'ailleurs d’optimiser ses navires de guerre pour renforcer sa présence en mer tout comme les Chinois qui développent rapidement leur flotte de porte-avions ainsi que de nouveaux destroyers. La marine française n'a non plus rien à dire devant les Américains. Rares ne sont pas des experts qui estiment que la marine française était une marine régionale qui ne peut que se présenter dans les eaux européennes.

Tout ceci nous amène à se poser la question suivante:  À quoi joue la France en menaçant l'Iran ? 

Pendant des années, Paris a compté sur la puissance logistique américaine au Moyen-Orient et en Afrique et en dépit de l'annonce par Emmanuel Macron de la mort cérébrale de l'OTAN, il n'existe presque aucune chance pour que la France puisse militairement agir hors du pré carré américain. Même lors des batailles menées par les forces terrestres françaises au Mali pour réprimer les tribus touaregs qui s’approchaient de la capitale, Bamako, c’étaient bien des aéronefs américains qui avaient appuyé des troupes françaises pendant la bataille. Alors du coup de bluff à la macronienne ou une tentative de diversion visant à induire en erreur l'opinion française? 

Et l'analyste de conclure : " L'Iran devrait rappeler à la France l'affaire Steno Impero : la marine britannique qui est plus forte que son homologue française n’a pas pu se défendre face la saisie de son pétrolier par la marine iranienne. Et elle a fini par lamentablement capituler dans l'affaire de Grace 1. Avec les meilleures volontés du monde, on aimerait comprendre que la France d'Emmanuelle Macron veuille jouer dans la cours des grands mais qu'elle ne fasse surtout pas sur le dos de l'Iran. Car s’il y a un conflit dans le golfe Persique, les Français devront toujours se tourner vers les Américains. Et Trump a montré à plus d'une reprise qu'il n'est pas du genre à en faire les frais ! "

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV