Pour assurer ses intérêts et faire face aux menaces européennes en Méditerranée orientale, la Turquie n’aura aucun autre choix que d’attirer l’appui russo-iranien dans un pari gagnant-gagnant.
Les lignes qui suivent résument un article écrit par l’analyste iranien Farid Haeri pour l’agence de presse Mehr News.
La Méditerranée orientale est une région d’importance stratégique, vu son emplacement géographique et ses ressources naturelles. Étant limitrophe de trois continents, la Méditerranée orientale se situe dans une région du monde non loin de la Syrie, du Liban, de la Palestine occupée, de l’Égypte et surtout de la Turquie. La Méditerranée orientale est donc le lieu de confrontation d’approches politico-sécuritaires de grands pays du monde.
L’existence des grandes ressources gazières et pétrolières de Chypre au cœur de la Méditerranée orientale rajoute encore plus à l’importance de cette région qui fait l’objet à l’heure actuelle de convoitises de la part des grandes puissances.
L’invasion turque de Chypre a conduit en 1974 à la répartition de cette île en deux parties nord et sud ; les Turcs ayant occupé Chypre du Nord, tandis que les Grecs sont restés en Chypre Sud, reconnu officiellement par les Nations unies.
La mainmise turque sur Chypre du Nord et les travaux d’extraction d’hydrocarbure menés par Ankara dans cette mer ont provoqué aujourd’hui la convoitise des grandes puissances du monde. Les États-Unis, des pays de l’Union européenne notamment la Grande-Bretagne, plus l’Égypte, essaient d’entraver les activités d’extraction de la Turquie en Méditerranée orientale, y ayant fomenté des tensions et conflits politico-militaires à quoi s’ajoute la création de bases militaires par des opposants au gouvernement turc en Chypre du Sud.
L’Union européenne a menacé la Turquie de sanction en raison de ce qu’elle appelle le forage illégitime de gaz et de pétrole en Chypre du Nord. La Turquie a réagi en annonçant qu’elle ne céderait pas aux sanctions et ne renoncerait pas à ses droits en cette mer.
« Nous ne prenons en compte aucune des menaces faites à notre pays et nos institutions ; nous irons jusqu’au bout », a affirmé le 23 novembre le ministre turc de l’Énergie et des Ressources naturelles, Fatih Donmez, cité par la chaîne TRT, en réaction à certains pays européens qui prétendent défendre les droits des Chypriotes grecs.
Il faudrait rappeler que l’emplacement exceptionnel de la Turquie au croisement de l’Europe, du Moyen-Orient et du Caucase assure à ce pays un gros potentiel pour s’investir dans les interactions régionales et internationales.
Grâce à son armée et surtout sa marine, la Turquie a su largement profiter de cette étendue géographique avec un littoral de 8 500 km² de côtes. Il va de soi que la Turquie ne tolère aucun adversaire dans l’exploration de ces immenses ressources naturelles. Mais pour faire face aux menaces des puissances étrangères qui tentent de lui rendre difficile cette tâche, la Turquie aurait besoin de l’appui russo-iranien. Le recours à la logique gagnant-gagnant permettra à la Turquie de pouvoir assurer ses propres intérêts et ceux également de ces deux pays.
La Turquie a réalisé que sans choisir comme soutien l’Iran et la Russie et sans leur accorder des concessions, il serait impossible d’écarter les convoitises des pays européens et des Chypriotes grecs.
À l’heure actuelle, les États-Unis, la France, l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la plupart des pays européens ainsi que le régime israélien sont connus comme étant les plus grands alliés de Chypre du Sud. Or, les déplacements des autorités saoudiennes dans ce pays montrent la détermination de Riyad à s’impliquer directement et sérieusement dans ce conflit. Dans de telles conjonctures, la Turquie aurait besoin de se coaliser dans le sens exact du mot avec la Russie, l’Iran et même avec le gouvernement syrien afin de pouvoir relever ce défi.
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Dans les explorations gazières et pétrolières de la Turquie en Méditerranée orientale, les Européens voient une menace pour le continent vert. La Turquie n’a pas le droit de vouloir profiter exclusivement des ressources d’hydrocarbure de la Méditerranée orientale, réitère l’Union européenne.
Les soucis d’Ankara pour protéger ses ressources énergétiques sont tout à fait compréhensibles. Reste à voir si la Turquie saura bien jouer les règles du jeu sur la scène de la diplomatie, pour atteindre ses objectifs et assurer ses intérêts.