Dans ce numéro de Zoom Afrique :
L’actualité en Afrique:
- Air Sénégal lance officiellement son hub aérien, projet phare du Plan Sénégal émergent
- En Ouganda, le café taclé par l'or et les produits laitiers
- Le Kenya pourrait importer 1 million de tonnes de blé en 2019/2020
Les analyses de la rédaction:
1- Sénégal: Macky Sall rend obligatoire les visas pour les ressortissants étrangers:
Le président sénégalais qui n’a pas oublié comment l’axe anglo-saxon a tenté de déclencher une crise dans son pays en attisant le feu afin de provoquer des manifestations en ciblant les hautes sphères du pouvoir sénégalais dont son frère, Aliou Sall, ex-maire d’une commune de la banlieue de Dakar qui a du démissionner suite à un reportage de la BBC l’accusant d’être impliqué dans une affaire de corruption dans le cadre de contrats pétrolier et gazier, sort les gros calibres en menaçant de rendre de nouveau obligatoires les visas pour les ressortissants d’États (comme la France, les États-Unis, la Belgique…) qui en demandent aux Sénégalais.
« Pour des raisons de sécurité, nous avons besoin de savoir qui vient, qui entre, a dit le ministre sur la radio RFM. Le dossier est très avancé, nous pensons pouvoir le mettre en œuvre au plus tard cette fin d’année. »
Depuis un certain temps, Macky Sall a exprimé sa volonté d’assurer le développement des capacités locales tout en s’appuyant sur les compétences des entreprises sénégalais et en diversifiant ses coopérations avec des pays non pas anglo-saxons mais plutôt de l’axe de l’Est.
C’est pour cela d’ailleurs que lors du sommet de Sotchi, Macky Sall a exprimé sa volonté de coopérer avec la Russie dans divers domaines :
« La Russie, par son savoir-faire, technologique, avec ses compagnies publiques et privées, associées à des partenaires africains, peut grandement contribuer à la réalisation du projet d’émergence de l’Afrique, grâce à des instruments de financements adéquats, surtout dans la nouvelle perspective de Zone de Libre Echange Continentale africaine », a notamment dit Macky Sall.
Le secteur d’énergie est un secteur clé régulièrement mis à profit par les occidentaux afin de semer le trouble dans les pays africains.
En durcissant l’entrée des ressortissants étrangers sur le territoire sénégalais et en mettant les bouchés doubles sur le développement du secteur énergétique, Macky Sall sort le grand jeu et semble être décidé à ne pas refaire la même erreur: faire confiance à la force d’occupation.
2- RDC: l'invasion militaire étrangère ?
Il y a quelques mois, le président congolais Félix Tshisekedi évoquait des coopérations militaire avec les USA sans se douter que ce rapprochement avec les USA déboucherait sur une guerre. Une guerre dont l’ex-président congolais, Joseph Kabila, a essayé d’éviter pendant des années.
Voilà maintenant que depuis plusieurs jours à Goma, des représentants militaires des pays de la région étaient réunis pour discuter de la mise en place d’un état-major intégré pour la lutte contre les groupes armés.
Selon RFI, des délégations du Rwanda, du Burundi, de l’Ouganda, de la Tanzanie et de la RDC étaient présentes. Sur la table, devant les responsables militaires de la région, un document de travail qui présentait l’organisation du futur état-major intégré. Parmi les options envisagées, la participation des forces spéciales étrangères à ces opérations.
La force d’occupation achève donc les préparatifs en vue d’une opération étrangère qui avait déjà commencé d’ailleurs avec la pénétration d’un bataillon de près de 700 militaires de l’armée rwandaise en RDC en juin dernier.
À l’issue de cette réunion de deux jours, le porte-parole de l’armée congolaise, le général Léon Richard Kasonga, a été interpellé par la presse à Goma à ce propos. « Je me demande par quel canal vous parlez de faire appel aux forces étrangères, parce que jusqu’à présent, nous avons neutralisé Mudacumura (un chef rebelle des FDLR) dans ce pays il n’y a pas très longtemps. C’était les faux amis de la République, avec leurs moyens propres, a-t-il répondu. Nous mutualisons nos ressources, nous mutualisons nos moyens, cela ne signifie pas faire appel à des forces qui viendraient opérer sur le territoire congolais. Loin de là. Nous mutualisons pour traquer ces gens sur les frontières. Retenez que ces gens traversent toutes les frontières de beaucoup de pays et font du mal. Nous devons nous mettre ensemble pour pouvoir faire ce travail. »
De son côté, le mouvement de la Lutte pour le changement (Lucha) avait organisé un sit-in devant le gouvernorat à Goma où se tenait la réunion pour protester contre toute tentative de ramener des armées étrangères en RDC.
Tshisekedi cédera-t-il alors aux pressions occidentales pour faire rentrer leurs forces dans son pays ou s’opposera-t-il à toutes ingérences étrangères dans les affaires internes de la RDC ?
La population congolaise ne veut plus des massacres, des guerres, des ingérences étrangères, dans leur pays. Il cherche à vivre en paix et à ce que la communauté internationale cesse d’exploiter le pays.
3- Mali/Russie: deuxième flèche anti-Barkhane ?
Est-ce avec ou sans l’aval de la France que le chef d’état malien lance un appel d’aide et de coopération à Poutine ?
Alors que la première flèche contre le G5 Sahel a été lancée par le Tchad d’Idriss Déby qui a sollicité le soutien diplomatique et militaire de la Russie voici la seconde : c’est IBK le président malien qui lance un appel de soutien à Vladimir Poutine.
« Vous l’avez dit vous-même que vous êtes qualifiés Monsieur le président Poutine, cette qualification nous en avons besoin aujourd’hui. Le Sahel souffre en toutes ses parties, cette guerre asymétrique qui nous a été imposée, imposée à nos peuples. Là-dessus vous avez l’expertise qu’il faut aujourd’hui et nous vous savons également soucieux de nous. L’instauration d’un environnement de paix et de sécurité dans le sahel constitue de nos jours un défi majeur à relever pour la stabilité des pays ouest-africains, du Maghreb et même le reste du monde. Aujourd’hui aucun pays, quels que soient ses moyens, n’est en mesure, tout seul, d’y faire face. C’est pourquoi nous avons créé en mutualisation nos forces le G5 Sahel. Je vous invite monsieur le président Poutine à nous apporter votre concours à ce G5 Sahel pour le rendre plus pertinent et plus efficace », a annoncé IBK lors de son discours à Sotchi.
Visiblement la Russie ne mettra pas longtemps à s’engager au Sahel, une région quasi barricadée par le clan occidental.
De son côté le peuple malien, qui en a assez des plans interventionnistes du clan occidental dans son pays, a organisé des manifestations à Bamako afin de réclamer la coopération de la Russie et son aide militaire.
L’état d’esprit général s’est exprimé par la voix d’un manifestant pour qui cette aide de la Russie est nécessaire au pays. « Aujourd’hui on a besoin de Poutine. On a besoin que Poutine vienne au secours pour aider les Maliens », a-t-il affirmé.
Lors de cette manifestation, des slogans hostiles à la France se sont fait entendre, tout comme des slogans contre la MINUSMA (mission des Nations unies au Mali).
Le candidat à la présidentielle malienne de 2018 Clément Dembélé a fait état du désespoir régnant dans le pays, estimant que le Mali a besoin de toute aide extérieure susceptible d’intervenir.
« Puisque la Russie, c’est notre ancien ami…, nous nous retournons vers la Russie pour demander cette relation […], pour renforcer l’intervention militaire au sol et dans les airs et surtout dans l’enseignement », a-t-il déclaré.
Décidément, l’heure est très grave pour la France au Sahel. Le gouvernement et le peuple malien ont tout deux exprimé leur volonté de mettre fin à une présence interventionniste et néo-colonialiste de la force d’occupation. Nous assisterons peut-être très bientôt à un remake du scénario RCA au Mali.
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