Aux dernières nouvelles, les retrouvailles saoudo-émiraties au Sud yéménite ont tourné au drame les Hadistes et les Sudistes refusant de signer l'entente. Le retour de Riyad à Aden relevant plutôt du colmatage du vide que de la réconciliation avec Abou Dhabi. Mais pourquoi l'Arabie saoudite s'obstine-t-elle dans l'erreur ?
La guerre menée par l’Arabe saoudite n’a visé qu’à trouver une voie fiable pour vendre le pétrole saoudien. Les récentes attaques d’Ansarallah contre les deux sites d’Aramco ont de plus en plus préoccupé le régime saoudien concernant la sécurité du détroit d’Hormuz, voie maritime de transit de ses hydrocarbures. C'est d'ailleurs ce qui a poussé Riyad à chercher un autre oléoduc que celui qui traverse le détroit d'Hormuz.
« La guerre menée par l’Arabie saoudite contre le Yémen est encore une affaire du pétrole. Il n'est pas ici question de l'or noir en soi, mais surtout de son transit, le régime saoudien cherchant surtout à détourner le détroit d'Hormuz, la voie stratégique de transit de 30% des exportations mondiales de pétrole qui pourrait, par les temps qui courent, être fermée à tout moment » peut-on lire dans la revue le National Interest citant Saâd Idriss, un universitaire spécialiste de la défense et de la sécurité nationale. Pour lui, l'invasion du Yémen fut une erreur stratégique pour Riyad : cette erreur a donné naissance à un ennemi tenace du nom d’Ansarallah, « plutôt que de promouvoir la sécurité pétrolière ».
L’émergence de cet ennemi a eu, entre autres, pour conséquence les attaques du mois dernier contre les installations pétrolières saoudiennes, qui ont touché la profondeur stratégique de l'Arabie saoudite et paralysé les « approvisionnements en pétrole de la planète ». Les dernières opérations de la Résistance populaire du Yémen ont également forcé la monarchie saoudienne à dépenser des milliards de dollars pour compenser les dommages infligés.
« À un moment où le gouvernement et les médias saoudiens continuent d’accuser l’Iran, la question est de savoir si le ministère saoudien de l’Énergie est prêt oui ou non à subir les contre coups de nouvelles attaques. »
« Les forces yéménites mènent des attaques contre le sud de l'Arabie saoudite et prennent pour cible son espace aérien au moyen de drones et de missiles, ce qui met en lumière la vulnérabilité de l'Arabie saoudite », estime le stratégiste arabe.
Plus loin, l’auteur revient sur les tentatives des Saoudiens de remplacer le plutôt possible leur pipeline traversant le golfe Persique par celui traversant le Yémen et la mer Rouge :
La question de la protection permanente et sécurisée des oléoducs, de la sécurisation des installations pétrolières et de leur transit est une mission fort spéciale. Depuis qu'elle a envahi le Yémen, l’Arabie saoudite construit un oléoduc traversant la province d’al-Mahra, dans l’est du Yémen. L'ouvrage en construction au port de Nishtoon sur la côte sud du Yémen date de l'époque de l'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh. Ce dernier a autorisé l'Arabie saoudite à faire ce que bon lui semble et la guerre a créé chez les Saoudiens l'espoir de pouvoir, à la faveur de Hadi, disposer librement du port et de la province d'al-Mahra. Ceci sans prendre en compte la puissance balistique d'Ansarallah. Les Saoudiens devraient se poser désormais la question suivante: si Aramco a été frappé à Ach-Charghiya, qu'est-ce qui empêcherait les Yéménites de frapper notre pipeline à al-Mahra. Riyad est doublement perdant !
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