90 minutes après l'annonce de l'expulsion du désormais ex-conseiller pour la sécurité US, John Bolton de la Maison Blanche, le Trésor américain a imposé de nouvelles sanctions aux 15 personnalités et institutions liées au Corps des gardiens de la Révolution islamique, au Hezbollah, au Hamas et au Jihad islamique de la Palestine. Cette liste inclut aussi, 18ème anniversaire des attentats du 11 septembre oblige, Al-Qaïda et Daech, histoire de placer le nom de quatre piliers de l'axe de la Résistance (Hezbollah, CGRI, Hamas, Jihad islamique) au même enseigne que les terroristes made in CIA-Mossad que ces mêmes piliers ont combattu au prix du sang de leurs combattants.
S'exprimant devant les journalistes, Steven Mnuchin n'est pas allé par quatre chemins, laissant entendre que l'annonce de l'expulsion de l'anti-iranien primaire Bolton de l'équipe Trump serait un appât tendu à la RI pour qu'elle accepte de négocier tout en sachant que les sanctions sont bien là et qu'en cas du refus du dialogue qui pourrait être amorcé à New York, pourquoi pas entre Trump et Rohani en marge de l'Assemblée générale de l'ONU 2019, ces mêmes sanctions pourraient durcir. Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, se tenait à coté de Steven Mnuchin qui a tenu à bien préciser que tout était réversible et qu'à la minute où Rohani accepterait de faire des photos avec son homologue US sous les caméras du monde entier, quitter à booster le président dans ses chances électorales, les sanctions pourraient s'estomper.
Cette nouvelle mise en scène US, minutieusement préparée, pour être dévoilée à la veille du 11 septembre s'est concrétisée sur fond d'un décret autorisant le Trésor à étendre les sanctions contre les dirigeants des organisations que Washington prétend être terroristes avec ce comment signé Trump : « L’ordre renforce notre capacité à utiliser des sanctions puissantes pour cibler les terroristes et leurs protecteurs et à les priver de leur soutien financier, matériel et logistique dans le monde entier. Les institutions financières étrangères sont maintenant informées qu’elles risquent des sanctions si elles effectuent ou facilitent sciemment toute transaction importante avec des terroristes. »
Bref, la Maison Blanche manie comme toujours carotte et bâton pour pousser l'Iran au dialogue. Mais la réponse iranienne? L'Iran ira-t-il ouvrir des négociations avec les Américains, maintenant que Bolton est hors jeu?
Le quotidien américain The Washington Examiner juge les chances d'un tel dialogue élargies: « L'un des dossiers qui opposait le président Trump à son conseiller aura été l'Iran. Le tweet précédant l’expulsion de Bolton est assez explicitée : "Comme de nombreuses personnes de son avis, je suis en désaccord avec beaucoup de ses suggestions, et j’ai donc demandé à John de démissionner", dit le président. Au fait Bolton et Trump étaient régulièrement en désaccord sur la politique à suivre aussi bien à l'égard de l'Iran que face a la Corée du Nord ou encore à l'égard du Venezuela. En son absence les choses pourraient changer; car son absence contribuera à rendre encore plus incohérente la politique de sécurité nationale de Trump en lien avec sa diplomatie. »
Et le journal d'ajouter : « La décision de Trump qui porte sur l’un des postes les plus influents de la Maison Blanche intervient dans un climat particulièrement tendu entre Washington et Téhéran. Trump a envoyé sur ce dossier des signaux contradictoires, entre extrême fermeté et volonté de négocier, voire même de rencontrer son homologue iranien Hassan Rohani. Au fait les revers son multiples : Premièrement, nous avons constaté l’échec de la saisie du pétrolier iranien Adrian Darya 1, qui avait livré une cargaison à la Syrie. Le département de la Justice avait émis un mandat de saisie du navire, mais aucune mesure n’a été prise par les États-Unis en cette matière. La raison en est claire : Trump a refusé d’autoriser l’US Navy à faire le travail par crainte d'avoir une escalade militaire totale à gérer, ce qu'il ne veut pas à quelques mois des élections. La conséquence a été que même si son instinct sur l’Iran équilibre à juste titre celui de Bolton et du secrétaire d’État Mike Pompeo, sa stratégie de pression maximale à l’égard de l’Iran peine à s'imposer et commence à s’effondrer. »
Après l'annoncé du limogeage de Bolton, l'homme qui avait promis en 2017 alors qu'il s'adressait au congrès de la milice terroriste MKO ( Moujaheddin Khalq) à Paris, "être à Téhéran en 2019" après avoir renversé "le régime iranien", les commentaires vont encore plus loin à Téhéran : plutôt que de voir dans ce limogeage le signe de désaccord inter-américaine, l'Iran y constate le signe d'un méga échec :
« La marginalisation de Bolton et son renvoi ne sont pas un hasard, mais un signe clair de la défaite de la stratégie de pression maximale des États-Unis contre l’Iran, lit-on dans un tweet de Hesameddin Ashena, conseiller du président iranien Hassan Rohani. N’ayez aucun doute (sur le fait) que nous avons le pouvoir de gérer l’approche américaine à l’égard de l’Iran et que nous ne reculerons jamais. Le blocus de l’Iran sera brisé ».
Alors le président iranien va-t-il dialoguer oui ou non avec Trump fin septembre à New York? Rien n'est moins sûr : « Les États-Unis devront bien comprendre que la guerre et la politique va-t-en guerre ne mèneraient à rien et que ce que les Américains devront mettre de côte c'est l'absurde politique de pression maximale. Dans le dossier nucléaire notre logique consiste à bénéficier des bienfaits civils du nucléaire et dans le PGAC notre formule est engagement contre engagement . Nous irons droit et avec puissance vers la troisième étape de réduction de nos engagements si la partie d'en face continue à violer ses engagements. »