Le jeudi 5 septembre, une source anonyme au département d'État a prétendu avoir repris langue avec Ansarallah, une prétention qui a été aussitôt démentie par la Résistance yéménite qui a affirmé que l'Amérique est la principale partie à avoir déclenché la guerre au Yémen et surtout à l'avoir traînée en longueur. Alors pourquoi ce mensonge?
Dans une interview exclusive accordée à Al-Mayadeen, Abd al-Wahhab al-Mahbashi, membre du bureau politique d'Ansarallah apporte les premiers éléments de la réponse. Selon lui le jeu du chat de la souris que jouent Saoudiens et Émiratis visent à quelques détails près à préparer la présence militaire permanente US au bord de la mer Rouge. "À vrai dire, les évolutions du Sud échappent désormais au contrôle de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Ces événements sont canalisées par les États-Unis et le Royaume-Uni. Ce ne sont plus ni les Émirats ni l’Arabie saoudite qui contrôlent la donne mais bien Washington et Londres. Les deux vrai faux alliés exécutent les ordres venus de Washington et de Londres », a expliqué Abd al-Wahhab al-Mahbashi.
« Leur modus operandi est le même qu'en Syrie ou en Irak : les États-Unis cherchent à rendre le terrain propice à la présence des éléments de Daech et non pas à celle des agents de Mansour Hadi ou du Conseil de transition du Sud ; le but étant évidemment de renforcer par Daech interposé leur présence militaire au bord de la mer Rouge et ce, entre autres pour contrer la Russie et la Chine. Les Américains s'apprêtent à transférer les résidus de Daech de l’Irak et de Syrie à Aden et aux autres provinces du sud et ce dans le but de légaliser leur présence sous prétexte de lutte antiterroriste », a-t-il insisté avant de souligner : « Prétendre avoir amorcé le dialogue avec Ansarallah, c'est laisser entendre que la Résistance serait d'accord avec ce plan perfide. Ce qui n'est absolument pas le cas. La Résistance yéménite s'oppose au démembrement du Yémen, à la présence des bases américaines en mer Rouge et elle se battra contre », a-t-il dit.
Vendredi 6 septembre les autorités américaines ont prévenu qu’une "menace maritime" avait été signalée dans la mer Rouge, au large du Yémen. L'alerte déclenchée tôt samedi par l’administration maritime du département des Transports des États-Unis refuse de préciser la nature de la menace: « Une menace maritime a été signalée dans la mer Rouge, à proximité du Yémen. La nature de l'événement est une potentielle augmentation des hostilités qui menacent la sécurité maritime ».
Pour les observateurs, les tensions qu'attisent les États-Unis contre l'Iran dans le golfe Persique, ils les veulent aussi étendre à la mer Rouge ne serait-ce que pour justifier une présence militaire directe au Yémen.
« Après avoir apprivoisé le Soudan, il ne reste plus qu'un tout petit nombre d'état de la corne de l'Afrique pour s'emparer totalement de cette région et y contrer à la fois la Chine et la Russie », constate Hossein Kanani Moqadam, spécialiste de la région. « Dans ce cadre, le soutien à la Résistance yéménite pourrait faire partie d'une stratégie d'endiguement sino-russe face à l’expansionnisme US dans la corne d'Afrique. Le tournant stratégique effectué par Ansarallah dans la guerre prouve parfaitement qu'il est capable de jouer un rôle efficace pour contrer les Américains », ajoute-t-il.
Le général de brigade, Yahya Saree, le porte-parole des Forces armées yéménites, a déclaré,d'ailleurs vendredi 6 septembre, la poursuite des opérations contre le sud saoudien : l'aéroport de Najran, dans le sud a été visé par un missile de type Badr-1 avant que les autorités ordonnent la suspension des vols. Ce même vendredi, un camp militaire de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, près de la montagne d'al-Soudaïs a été visé. Le général de brigade Saree a déclaré que le camp en question avait été frappé par un nouveau missile balistique baptisé Qasim. Le missile a été utilisé pour la première fois par Ansarallah le 27 août.
« Cette attaque a été lancée sur fond d’une mission de renseignement pertinente qui nous a permis de savoir que l'ennemi préparait d’importantes offensives contre les positions frontalières de l'armée et des Comités populaires », a expliqué Yahya Saree qui souligne le recours désormais fréquent de la Résistance aux missiles de haute précision, aux drones de combat et aux missiles de croisière.