Le treizième tour des pourparlers d'Astana-Noursoultan devraient entraîner de nouveaux développements à la lumière des transformations et de l’évolution du contenu des pourparlers.
Pour des raisons de santé, l’émissaire spécial des Nations unies pour la crise syrienne n'a pas pris part aux pourparlers. Par contre, plusieurs autres représentants de la Croix-Rouge pour la question des réfugiés y ont participé. Outre les trois membres fondateurs et le Kazakhstan qui a accueilli ce treizième tour des pourparlers, des délégations venues d’Irak, du Liban et de Jordanie y ont été présentes. les participants ont cherché à accélérer la mise en place du modèle d’Astana servant à résoudre d'autres crises dans la région.
Il est vrai que la revendication de l’opposition syrienne et de ses partisans de créer un comité constitutionnel et le non-respect de la Turquie de ses engagements dans le cadre des accords de Sotchi conclus avec la Russie sur la zone de désescalade à Idlib nuisent à la résolution de la crise en Syrie. Compte tenu de récentes évolutions des relations entre Moscou et Ankara suite à la livraison du système de défense antiaérienne russe S-400 à la Turquie et la réaction des États-Unis et de l’Europe, peut-on miser sur ces pourparlers?
D’un côté l’opposition syrienne se sent abandonnée par ses partisans occidentaux et américains, ne pouvant plus compter sur eux pour arracher des concessions. Elle tient désormais à ne plus perdre de temps. De l’autre côté, Ankara semble avoir opté pour le camp russe après avoir jonglé pendant des mois entre Moscou et Washington. Il se trouve que dorénavant Ankara n’aurait d’autres choix que de respecter ses engagements dans le cadre de l’accord de Sotchi.
« Cela fait presque un an que les accords entre Poutine et Erdogan ont été conclus, mais nous n’avons pas encore vu la Turquie y adhérer sincèrement », a déclaré Bachar al-Jaafari, représentant permanent de la Syrie auprès des Nations unies.
« Conclu entre les présidents russe et turc, l’accord de Sotchi prévoyait la création d’une zone démilitarisée large de 20 km dans la province d’Idlib. Loin d’une mise en œuvre de l’accord, le nombre de terroristes notamment des ressortissants étrangers augmente dans cette province située dans le nord-ouest de la Syrie au sud d’Alep », a-t-il évoqué.
Bachar al-Jaafari explique que les forces turques sont à présent 10 655 à opérer sur le sol syrien. Ankara y a déployé 166 chars, 278 véhicules blindés, 173 lance-grenades, 73 mitrailleuses lourdes et 41 lance-missiles antichars. Ces preuves prouvent à elles seules la violation des accords d’Astana par la Turquie qui, en vertu des accords, était autorisé à seulement créer 12 poste de contrôle sur les frontières syro-turques jusqu’à la province syrienne de Lattaquié et déployer des policiers équipés d’armes légères dont le nombre ne dépasseraient pas les 218.
La Turquie doit donc jouer un rôle central dans le règlement de la crise syrienne. Ses engagements doivent non seulement favoriser le retour de la sécurité et la stabilité en Syrie mais contribuer à sa reconstruction. Par ailleurs, la crise syrienne ne déferlerait plus sur les territoires de la Turquie qui se libérerait de l’opportunisme des États-Unis et d’Israël qui tentent de se servir de la crise syrienne pour renforcer les groupes kurdes en Syrie.
Au-delà des frontières syriennes, la mise en œuvre du modèle d’Astana contribuerait à la résolution des crises similaires dans la région dissuadant les initiatives des puissances étrangères et leurs alliés dans la région du Moyen-Orient.