Le commandant de la marine de la RII, l’amiral Hossein Khanzadi, qui se trouve en Russie dans le cadre d’une visite de trois jours à l’invitation du commandement de la flotte militaire russe, a annoncé des manœuvres navales conjointes russo-iraniennes dans un proche avenir dans les eaux du détroit d’Hormuz, a annoncé ce mardi 30 juillet l’agence de presse Tasnim.
La Russie a élaboré lundi soir sa « doctrine de sécurité collective pour la région du golfe Persique ». « Au sein du Conseil de sécurité et devant l’Assemblée générale des Nations unies, nous avons élaboré notre initiative prévoyant d’assurer la sécurité dans le golfe Persique, sous forme d’un document officiel et conformément à l’ordre du jour des séances onusiennes », a déclaré à Ria Novosti le représentant adjoint russe à l’ONU, Vladimir Safrankov.
La Russie avait précédemment dévoilé ce document en présence des représentants de pays arabes, de l’Iran, de Turquie, des cinq États membres permanents du Conseil de sécurité, de l’Union européenne, de la Ligue arabe et du groupe BRICS.
Parmi les propositions russes, l’accent a été particulièrement mis sur les points suivants :
– Création d’une zone démilitarisée ;
– Établissement des lignes chaudes ;
– Échange d’informations sur l’acquisition d’équipements et d’effectifs militaires, et tout cela, en évitant la présence pérennisée des forces militaires extrarégionales.
Selon Tasnim News, la Russie a également proposé la création d’une organisation sécuritaire régionale réunissant les pays de la région et qui accepterait en son sein en tant qu’observateurs d’autres pays comme la Russie, les États-Unis, l’Inde, la Chine, ou encore l’Union européenne ou d’autres pays trouvant intéressante l’initiative.
Parmi d’autres propositions élaborées dans le cadre de la doctrine de sécurité collective pour la région du golfe Persique, l’on pourrait mentionner les suivantes :
– Renforcement du dialogue entre les responsables politico-militaires et les experts des pays de la région ;
– Coordination dans l’organisation des exercices, opérations ou vols militaires ;
– Accès des observateurs aux installations indiscrètes ;
– Possibilité de familiarisation mutuelle avec les équipements militaires des uns et des autres ;
– Réduction des missions militaires extrarégionales dans la région du golfe Persique.
Et ce n’est pas la première fois que la Russie propose la création d’un système de sécurité collectif dans le golfe Persique. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, lorsque le risque d’une attaque américaine contre l’Irak était à son comble, les Russes avaient élaboré une telle initiative. Ils n’avaient pourtant pas réussi à l’époque à obtenir l’appui des pays de la région.
À ce sujet, le vice-président de l’Association des diplomates russes, Andreï Baklanov, précise :
« Aujourd’hui, nous espérons que les pays de la région ont acquis une meilleure compréhension de la nécessité d’une telle mesure ; nous espérons aussi que l’initiative russe pour prévenir le chaos et la tension recevra davantage d’appui dans la région. »
Pour réaliser ce plan — dit le diplomate russe — Moscou entend mettre en œuvre l’expérience qu’il a obtenue dans les efforts pour régler la crise syrienne, profitant également de ses contacts avec de grands acteurs régionaux, dont l’Iran et la Turquie.
Andreï Baklanov explique en quoi l’initiative actuelle est différente de celle élaborée avant la guerre américaine en Irak.
« À l’époque, l’accent avait été mis sur le règlement des problèmes au sujet de l’Irak. Les efforts de Moscou étaient focalisés sur la prévention d’une guerre. Des pays occidentaux, surtout les États-Unis, ont malheureusement pris des positions non constructives envers ces propositions et finalement ils ont attaqué l’Irak sous prétexte d’étendre la démocratie au Moyen-Orient. Les pays de la région n’ont malheureusement pas réussi à empêcher cette guerre et tout le monde sait ce qui s’est passé par la suite…
À cette époque-là aussi, notre initiative reposait sur l’ouverture de pourparlers constructifs entre les pays arabes du golfe Persique et la RII, de façon à parvenir à terme à mettre sur pied une organisation régionale. Nous avions et nous avons encore cette conviction que les efforts collectifs sont un impératif pour contrer les menaces terroristes. »
À ce propos, le vice-président de l’Association des diplomates russes, Andreï Baklanov, a dénoncé le rôle négatif des acteurs extrarégionaux. « Faisant fi des intérêts des pays du golfe Persique, ils ne pensent qu’à parvenir à leur propre objectif qu’est d’attiser les tensions dans cette région et de trouver des clients à qui vendre leurs armes », ajoute le diplomate.
Il a également évoqué l’impératif d’établir une vaste coopération en matière de renseignement, pour que l’initiative russe soit viable. Le diplomate russe a évoqué la menace que représente une présence prolongée des forces extrarégionales. « Il faut veiller à ce que ces mesures ne servent pas de prétexte pour faire éclater un nouveau conflit militaire dans la région », a souligné le vice-président de l’Association des diplomates russes, ajoutant :
« Évidemment, la Russie ne pourra pas décider à ce sujet à la place des pays de la région. Mais nous trouvons nécessaire de prêter attention à la situation explosive prévalant dans la région du golfe Persique, où nous sommes témoins aujourd’hui d’une escalade de tensions. Car toute inattention augmentera le risque d’une nouvelle guerre avec de nouvelles victimes et qui aboutirait à la destruction des infrastructures socio-économiques des pays de la région. »
Cela étant dit, les observateurs politiques estiment que la volonté américaine d’attiser les tensions dans le golfe Persique permet à la Russie, à travers son initiative, d’affirmer et de renforcer sa présence militaire dans cette région. La politique américaine dans le golfe Persique et surtout l’alliance de Moscou avec l’axe de la Résistance représentent pour les Russes une occasion en or de s’affirmer désormais comme un nouvel acteur incontournable et de peser de tout leur poids dans cette région.