Le refus de la Grande-Bretagne d’accepter l’approche enflammée de l’administration Trump face aux récentes évolutions dans le golfe Persique préoccupe les experts et les législateurs par rapport à l’état de la «relation privilégiée» entre deux alliés historiquement proches.
Dans son numéro publié le samedi 27 juillet, le journal américain The Hill illustre les inquiétudes des experts liées à la dégradation des relations privilégiées entre Londres et Washington en pleine montée de tensions dans le golfe Persique.
Le Royaume-Uni a rejeté lundi l'appel des États-Unis à un effort multinational visant à protéger les navires non iraniens dans le golfe Persique, en dépit de la saisie de son propre pétrolier dans la région, rappelle le journal en poursuivant que le pays a plutôt opté pour un renforcement de sa présence militaire dans la région, un développement inquiétant pour ceux qui ont longtemps travaillé et suivi les relations entre les deux alliés de l'OTAN.
« C’est un signe terrible que les États-Unis et leurs alliés les plus proches ne peuvent pas travailler ensemble sur un projet aussi fondamental », a déclaré Ilan Goldenberg, ancien responsable du département d’État américain, désormais expert des questions du Moyen-Orient et de l’Iran auprès du Centre for a New American Security.
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« De même, les États-Unis ne semblent pas être trop enclins à venir en aide à la Grande-Bretagne. « Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a déclaré, jeudi lors d'une interview accordée à Fox News, que la responsabilité "incombait au Royaume-Uni de prendre soin de ses navires"», a-t-il ajouté. «Cela en dit long sur nos relations actuelles», a précisé Goldenberg.
Zvi Yehezkeli, expert israélien des affaires arabes a commenté lors d’une interview accordée à la chaîne 13 de la télévision israélienne ces divergences : « La décision de l’Iran d’arraisonner le pétrolier britannique fait partie des efforts visant à remporter la victoire à l’issue de toute négociation ».
Cité par le journal Rai Al-Youm, Yehezkeli estime que l'Iran, bien soumis à une pression économique intense, utilise sa grande force de dissuasion et commence à parvenir à amener l'Occident à la table de négociations dans le sens qu'il souhaite.
Évoquant la politique de l'Iran dans le golfe Persique et invitant l’Occident à en tirer la leçon, l’expert israélien précise que les Iraniens sont à présent en train de renforcer leur pouvoir dissuasif. Car, les navires occidentaux craignent de traverser le détroit d’Hormuz et l’occident lui-même dit qu’il ne veut pas s’engager dans une guerre avec l’Iran..
Goldenberg, qui était cette semaine à Londres où il s’est entretenu personnellement avec des représentants du gouvernement britannique, a déclaré que les alliés craignaient un partenariat avec les États-Unis visant à contrer les actes de l’Iran dans la région car ils ont peur d'être entraînée dans un conflit militaire fabriqué par les États-Unis qui font souvent faux bond.
La politique "America First" du gouvernement Trump rend également les alliés réticents à soutenir les tentatives US contre l'Iran, car ils ne sont pas certains que les États-Unis leur viendraient en aide en cas de conflit de plus grande ampleur. En effet, Pompeo a également déclaré que, si l’armée américaine avait un rôle à jouer dans la surveillance des activités dans le détroit d’Hormuz, «le monde a également un rôle important à jouer dans le maintien de ces voies maritimes».
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