Durant ces dernières années, Israël a perpétré, sous différents prétextes, des attaques contre les positions du Hezbollah, notamment en Syrie. Tel-Aviv semble avoir l’intention d’aller plus loin en lançant des attaques contre le Liban en invoquant de prétendus transferts d’armes.
Le porte-parole en langue arabe de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a menacé Beyrouth le mardi 23 juillet en déclarant que l’aéroport et le port de Beyrouth ainsi que le passage frontalier d’al-Masnaa entre la Syrie et le Liban faisaient partie des cibles militaires de ce régime.
« L’Iran utilise entre autres l’aéroport et le port de Beyrouth ainsi que l’aéroport de Damas pour envoyer des armes au Hezbollah libanais », a prétendu le lieutenant-colonel Avichay Adraee.
« Téhéran, le Hezbollah libanais et certaines parties en Syrie envoient des matériaux à double usage via le port de Beyrouth au Liban pour aider à la construction de missiles du Hezbollah », a-t-il ajouté.
Danny Danone, ambassadeur et représentant d’Israël aux Nations unies, a réitéré les mêmes divagations, affirmant que l’Iran utilisait le port de Beyrouth pour la contrebande d’armes à destination du Hezbollah, et que « le port de Beyrouth est devenu le port du Hezbollah ».
La représentante permanente du Liban à l’ONU, Amal Moudallali, a répondu aux accusations de l’ambassadeur israélien, qu’elle a qualifiées de « menaces directes contre la paix et les infrastructures libanaises ».
Danny Danone a fait ces déclarations pour « détourner l’attention de la situation désastreuse des Palestiniens, causée par l’occupation ». « Si Israël utilise ces déclarations pour préparer le terrain et la communauté internationale à une attaque des ports, aéroports et infrastructures civils libanais, comme il l’a fait en 2006, le Conseil de sécurité ne doit pas rester silencieux et doit assumer sa responsabilité en empêchant Israël de lancer une nouvelle guerre contre le Liban », a-t-elle martelé. « Une autre guerre est la dernière chose dont a besoin la région », a-t-elle ajouté.
De même, des sources libanaises ont démenti les allégations israéliennes accusant l’Iran de trafic d’armes à destination du Hezbollah via les ports de Beyrouth.
En réaction aux déclarations de Danny Danone, une source sécuritaire libanaise a affirmé au quotidien Acharq al-Awsat sous le sceau de l’anonymat que ces accusations étaient un pur mensonge. « Les forces navales liées à la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), présentes dans les eaux territoriales libanaises, ont la prérogative absolue, accordée par la résolution 1701, d’inspecter les bateaux qui entrent dans les ports libanais », a-t-elle rappelé.
« Le port de Beyrouth, tout comme l’aéroport de Rafiq Hariri, est sous contrôle », a-t-elle ajouté.
Auparavant, le service libanais des douanes avait rejeté les accusations portées par le régime israélien, en affirmant que tous les convois qui entrent au Liban sont inspectés par les instances concernées, notamment l’armée et les forces navales de la FINUL.
Et ce, alors qu’en septembre 2018, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait prétendu que le Hezbollah utilisait des sites proches de l’aéroport international de Beyrouth comme « caches d’armes secrètes ».
Ce qui semble évident, c’est qu’Israël a l’intention de mener des attaques contre le Hezbollah à l’intérieur des frontières libanaises.
En effet, Tel-Aviv aurait l’intention de se livrer à une nouvelle agression qui ne se limiterait pas au sud du Liban. Elle pourrait s’étendre aux aéroports et ports de Beyrouth. Une action qui recevrait sans l’ombre d’un doute une réponse bien différente des actions limitées menées en représailles aux attaques israéliennes contre la Syrie.
Et pourtant, certains observateurs doutent du déclenchement d’une offensive israélienne au Liban. Selon eux, Israël est bien conscient des répercussions qu’aurait une attaque contre les positions du Hezbollah au Liban. Pour ces observateurs, ces récentes menaces proférées par Tel-Aviv ne s’inscrivent que dans le cadre d’une guerre psychologique.
D’autre part, ces allégations doivent être évaluées dans un contexte général de pression politique croissante sur le Hezbollah au Liban. En effet, Tel-Aviv, en proférant ces menaces, a l’intention d’exercer des pressions sur le Hezbollah, en espérant que, dans la crainte d’une guerre, les factions politiques libanaises et les autres États de la région se désolidarisent de ce Mouvement.
Quant aux États-Unis, ils ont déployé tous leurs efforts pour contraindre le Liban à accepter de lancer des négociations sur le gaz avec Israël, et ce dans le cadre des conditions dictées par Washington. A vrai dire, Israël est encore sous le choc des propos du vendredi 12 juillet du secrétaire général du Hezbollah libanais, Seyyed Hassan Nasrallah, propos lors duquel le leader du mouvement chiite, carte à l’appui, a déterminé les cibles portuaires israéliennes lors d’une éventuelle guerre à l’avenir.